TEPCO (nucléaire/Japon) : après Moody’s Standard and Poor’s envisage de baisser la note

japan-nuclear-map.png

Ne reculant devant aucun cynisme, Standard and Poor’s a décidé mardi de placer sous surveillance la note de la dette de la compagnie d’électricité japonaise TEPCO.

Envisageant également une éventuelle dégradation du géant nucléaire nippon, lequel doit actuellement faire face à des sinistres extrêmement inquiétants sur plusieurs de ses centrales.

L »agence de notation emboîtant ainsi le pas à sa « consoeur » Moody’s, laquelle avait pris une telle décision dès lundi.

Il est vrai que l’argent – et le nucléaire – n’ont pas d’odeur …

Précisons qu’à l’heure actuelle, la dette à long terme de TEPCO (Tokyo Electric Power) bénéficie de la note AA-, valeur placée en quatrième position sur l’échelle de S&P et attribuée aux émetteurs dits de haute qualité.

 

Pour rappel, TEPCO exploite les deux centrales de Fukushima, situées à 250 kilomètres au nord-est de Tokyo, installations sévèrement impactées par le séisme et le tsunami qui ont ravagé le Japon vendredi dernier.

Arguments invoqués par Standard and Poor’s : « ces centrales délivraient 20% de l’électricité fournie par TEPCO à ses clients ».


La compagnie, incapable de répondre aux besoins, a d’ores et déjà annoncée qu’elle se voyait contrainte de mettre en oeuvre des coupures organisées en vue de limiter la demande et éviter un gigantesque black-out.

Un malheur n’arrivant jamais seul, Tepco va devoir recourir davantage à ses installations thermiques, une situation qui va rendre la société plus vulnérable aux variations des cours du pétrole.

 

Rappelons qu’en juillet 2007, le quotidien japonais Nikkei avait estimé que le séisme qui avait été observé alors dans le centre de l’archipel nippon pourrait coûter plus d’un milliard d’euros à Tokyo Electric Power (Tepco), première compagnie privée d’électricité du monde. Les dommages causés à l’une de ces centrales avaient en effet nécessité en effet sa fermeture prolongée.

Pour comparer ce qui est comparable, précisons que le séisme du 16 juillet 2007 avait causé le décès de 10 personnes, blessé plus de mille autres tout en détruisant ou endommageant plus de 2.000 bâtiments.

Le journal affirmait alors qu’il devrait être « très difficile » de relancer d’ici mars 2008 l’activité de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par Tepco, du temps s’avérant nécessaire pour renforcer ses capacités anti-sismiques. No comment …

« Si la fermeture de l’usine nucléaire – considérée comme la plus grande du monde – se prolonge, les coûts occasionnés s’élèveront à au moins 200 milliards de yens (1,2 mds d’euros), soit la moitié des prévisions sur résultats avant impôts annoncées par Tepco », affirmait alors le quotidien économique.

Selon le Nikkei, la compagnie Tepco aurait été contrainte de compenser la perte en électricité de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, laquelle représentait à cette date 47% de sa production nucléaire totale et alimentant la mégalopole de Tokyo (20 millions d’habitants).

La fuite de substances radioactives et l’incendie provoqués par le séisme avaient relancé le débat autour de la sécurité de la technologie nucléaire dont l’archipel tire un tiers de son électricité … et ce, d’autant plus que TEPCO avait alors reconnu que la centrale, dont le premier réacteur est entré en service il y a vingt ans, n’était pas conçue pour résister à un séisme d’une telle puissance.

En 2002, la Tokyo Electric Power Company avait admis qu’elle avait étouffé de manière systématique des rapports d’inspection faisant état de fissures dans ses réacteurs nucléaires. TEPCO avait été contraint en 2003 de fermer ses 17 réacteurs dans l’attente d’inspections.

Sources : AFP, Reuters, LCI