Severstal n’aurait pas été totalement perdant dans la bataille qu’il a livrée récemment contre Mittal en vue d’acquérir Arcelor. Le sidérurgiste russe a en effet obtenu 140 millions d’euros d’indemnités après la rupture de sa fusion avec le groupe d’acier européen et examine actuellement de nouvelles possibilités d’expansion. Alexeï Mordachov, s’était entendu à l’avance avec l’administration d’Arcelor sur cette compensation pour le cas où son offre serait déclinée. Pour rappel, les actionnaires du groupe européen ont fini par rejeter la transaction avec Severstal pour accepter la proposition de Mittal Steel.
Severstal aurait ainsi chargé plusieurs banques d’investissement étrangères de préparer son introduction à la Bourse de Londres, a annoncé récemment le quotidien britannique Financial Times.
Le patron de Severstal, Alexeï Mordachov, semble avoir tiré des leçons de la fusion manquée avec Arcelor. Sa société pourrait procéder bientôt à une IPO (introduction en bourse) à Londres, proposant aux investisseurs éventuels de 25 à 30% des actions en échange de 1,5-3 milliards de dollars.
« Severstal a confié son introduction en bourse aux banques Citigroup, Deutsche Bank et UBS et espère en récolter jusqu’à 1,5 milliard de dollars », sa capitalisation boursière pouvant s’élever après l’IPO à plus de 12 milliards de dollars, écrit en effet le Financial Times, précisant que la compagnie venait de franchir un pas important dans le cadre de sa stratégie d’expansion sur le marché international.
Pour l’instant, le groupe russe n’a pas encore décidé combien d’actions il exposerait à la Bourse de Londres, mais cette quantité pourrait être supérieure à 10%, a estimé un banquier proche du dossier interrogé par le journal britannique. Les actions de Severstal sont déjà en circulation libre sur le marché des valeurs russe. Selon le Financial Times, la compagnie pourrait être admise à la cote fin 2006 – début 2007 en fonction de la conjoncture du marché.
Officiellement, Severstal s’abstient de tout commentaire sur ses projets d’IPO, mais les représentants de la compagnie affirment qu’il s’agit d’un des éventuels scénarios d’expansion envisagés après l’échec de la fusion avec le luxembourgeois Arcelor. « Pour Severstal, il est tout à fait naturel de chercher à s’implanter dans une bourse internationale », a encore estimé le banquier cité par le Financial Times.
Mardi dernier, la porte-parole de Severstal, Olga Antonova, et des employés de Deutsche Bank, d’UBS et de Citibank se sont refusés à tout commentaire. Toutefois, une source proche de ces trois banques a confirmé qu’une introduction en bourse de Severstal était en préparation.
L’opération pourrait se faire dès cet automne, affirme un top manager d’un établissement bancaire qui n’est pas impliqué dans la transaction. Des proches de Mordachov et des banques organisatrices prétendent quant à eux qu’aucune date n’a été fixée.
Après l’IPO Mordachov pourrait tenter une nouvelle fois de faire fusionner Severstal avec un quelconque grand holding métallurgique étranger, selon certains analystes. Différentes hypothèses sont toutefois émises. Selon la presse occidentale, Alexeï Mordachov compterait utiliser les recettes de l’IPO ainsi obtenues pour acheter le numéro 7 mondial de la sidérurgie, le britannique Corus. Cette compagnie serait également l’objet de convoitises de la part du milliardaire Roman Abramovitch qui a récemment acheté plus de 40% d’une autre compagnie sidérurgique russe, EvrazHolding. Une fusion Severstal-EvrazHolding semble aussi tout à fait logique aux yeux des analystes.
Au printemps 2005, presque tous les actifs d’EvrazHolding ont été consolidés au sein d’Evraz Group S.A., domicilié au Luxembourg, qui s’est introduit en juin 2005 à la Bourse de Londres. Evraz Group S.A. est l’une des plus grandes compagnies métallurgiques et minières à intégration verticale qui regroupe trois aciéries en Russie (NTMK, ZSMK et NKMK), une en Italie (Palini e Bertoli) et une autre en République tchèque (Vitkovice Steel). En 2005, sa production globale d’acier s’élevait à 13,9 millions de tonnes.
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