L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) « ne peut pas ne pas réagir » à la chute « beaucoup trop rapide » des prix du brut, tombé sous 50 dollars le baril, a estimé vendredi Christophe de Margerie, directeur général de Total, vendredi lors d’un salon d’actionnaires.
Bien évidemment le patron de TOTAL prêche pour sa paroisse, une hausse du cours du pétrole étant un facteur de tout premier ordre permettant l’augmentation des revenus du groupe pétrolier.
Pour mémoire, les cours mondiaux de pétrole sont passés de 144 dollars le baril en juillet à 55 dollars à la mi-novembre.
« Les grands projets qui feront la confiance de demain ne passent pas avec un baril en dessous de 80-90 dollars » et « beaucoup de sociétés ne pourront plus investir« , a fait valoir M. de Margerie lors du salon Actionnaria à Paris.
L’épineux dossier des investissements pétroliers remonte progressivement à la surface, la rentabilité de nouveaux gisements étant largement tributaire du cours du baril.
Pour Christophe de Margerie, « l’Opep ne peut pas ne pas réagir » d’autant qu' »à 50 dollars le baril, un grand nombre de pays producteurs ne vont plus avoir suffisamment de revenus pour couvrir leurs dépenses ».
Selon lui, le contexte actuel est synonyme de coûts » élevés pour la production et l’exploration, « qui fait qu’il faut un certain prix pour un environnement (pétrolier) rentable », alors qu’à l’inverse la baisse des prix est aujourd’hui « beaucoup trop rapide ».
Selon un rapport de la Banque mondiale sur la Russie publiée mardi, le prix annuel moyen du pétrole brut en 2009-2010 se situera dans une fourchette comprise entre 74,5 et 75,8 dollars le baril.
La semaine dernière, le vice-premier ministre et ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, tablait sur 50 dollars en 2009, 55 dollars en 2010 et 60 dollars en 2011.
« Cette chute s’explique par une nette réduction de la demande aux Etats-Unis et en Europe et par l’attente d’une croissance plus lente de la demande dans les économies de marché en formation dans le contexte du ralentissement de la croissance économique mondiale. Par ailleurs, les livraisons en provenance des pays non membres de l’OPEP doivent augmenter au 4e trimestre de 2008 et en 2009, ce qui fera croître les réserves », précise le rapport de la Banque mondiale.
Si les pays membres de l’OPEP doivent se réunir le 17 décembre, le suspens demeure quant à une éventuelle baisse de production.
Le cartel pétrolier pourrait même décider de réduire à nouveau ses quotas lors d’une réunion qui aura lieu au Caire le 29 novembre, alors qu’une telle décision était censée attendre décembre.
Fatih Birol, chef économiste de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), estime quant à lui que la pression baissière continuera de s’exercer sur les cours pétroliers en 2009, la demande souffrant de la récession.
Sources : AFP, Ria Novosti, Reuters