Qui l’eut cru il y a encore quelques semaines ? Alors qu’au début de la période estivale, le cours du brut s’envolait vers des sommets jamais atteints, l’été s’achève beaucoup plus « sagement ».
Mais ceci n’est pas rassurant pour autant, laissant présager d’un ralentissement majeur de l’économie mondiale, de nature à provoquer une baisse de la demande plus que conséquente.
Les prix du pétrole sont tombés sous les 100 dollars vendredi à New York, pour la première fois depuis le 1er avril.
Rien ne semble pouvoir arrêter la tendance baissière, pas même les craintes liées au passage de l’ouragan Ike dans le golfe du Mexique et le sud des Etats-Unis. Les investisseurs semblent avoir les yeux rivés vers le recul de la demande.
A l’issue d’une séance volatile, le baril de « light sweet crude » pour livraison en octobre a ainsi clôturé à 101,18 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), en hausse de 31 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Il a toutefois chuté en séance à 99,99 dollars, peu avant 18H00 GMT, seuil symbolique qu’il n’avait plus franchi depuis le 1er avril.
A Londres, le baril de Brent avait d’ores et déjà franchi la ligne et ce pour la première fois depuis le 2 avril.
Les cours ont ainsi perdu près de 50 dollars depuis leurs records, à 147 dollars, atteints le 11 juillet. 50 dollars !
Elément d’importance qui pourrait laisser croire que la tendance ne pourrait que s’accentuer : ce seuil a été franchi alors même que le golfe du Mexique est balayé par l’ouragan Ike, et que les côtes texanes pourraient être prochainement atteintes.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur américain, la production de la zone (1,3 million de barils de pétrole par jour) était interrompue à 97%, les compagnies pétrolières ayant dû évacuer leurs plate-formes à l’approche de l’ouragan.
Mais selon les analystes, Ike, en traversant le sud du golfe, devrait avoir épargné la majorité des installations off-shore.
Les marchés ont pu également être quelque peu rassurés par la récente annonce de George Bush précisant qu’en cas de difficultés d’approvisionnement, les Etats-Unis pourront piocher dans les réserves stratégiques.
En tout état de cause, le marché est dominé par les inquiétudes concernant le recul de la demande mondiale.
Selon les derniers chiffres du département américain de l’Energie, la consommation de produits pétroliers des Etats-Unis a reculé de 3,8% au cours des quatre dernières semaines par rapport à la même période l’an dernier, et celle d’essence de 2,1%.
Fait nouveau : les investisseurs s’inquiètent désormais du ralentissement économique en Europe ou au Japon.
Ike pourrait coûter 100 mds de dollars
Le gouverneur du Texas Rick Perry a estimé que l’ouragan Ike, qui a touché les côtes de son Etat, pourrait provoquer pour 100 milliards de dollars de dégâts, ce qui en ferait la catastrophe la plus coûteuse de l’histoire des Etats-Unis.
Les dégâts pourraient être très importants si la montée des eaux provoquée par l’ouragan, qui pourrait dépasser six mètres, devait s’engouffrer dans le canal qui relie le port de Houston au golfe du Mexique. Considéré comme la catastrophe naturelle la plus chère de l’histoire, l’ouragan Katrina en 2005 avait provoqué des dégâts estimés par les assureurs à 68,5 milliards de dollars.
La cité balnéaire de Galveston (Texas, sud), menacée par le passage de l’ouragan Ike, a imposé hier un couvre-feu de trois nuits et installé un abri d’urgence pour les habitants qui n’ont pas pu ou voulu partir à temps.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/09/13/01011-20080913FILWWW00437-ike-pourrait-couter-mds-de-dollars.php
Le coeur de l’industrie de raffinage américaine menacé par Ike
L’ouragan Ike, qui fondait vendredi sur les côtes texanes, privait les Etats-Unis d’environ 20% de leur capacité de raffinage au moment où les stocks d’essence du pays sont au plus bas, laissant présager une poussée des prix à la pompe pour les consommateurs américains.
La menace pour l’industrie pétrolière porte davantage sur les raffineries que sur les installations off-shore.
Le centre de l’ouragan devrait toucher vendredi soir Galveston, la ville côtière la plus proche de Houston, capitale du raffinage aux Etats-Unis.
Selon un relevé fourni par Andy Lipow, un expert du secteur basé au Texas, les 9 raffineries autour de Houston, ainsi que les 4 raffineries autour de Beaumont et Port-Arthur étaient arrêtées après l’évacuation de leur personnel.
Ces 13 raffineries représentent une capacité de 3,7 millions de barils par jour, soit un cinquième de la capacité de production du pays.
Une fois l’ouragan passé, il faudra au moins 10 à 14 jours pour relancer la production, une fois que le personnel sera retourné sur place et que l’électricité remise. Et en cas de dégâts, la remise en service pourra prendre « plusieurs mois ».
Dans un bulletin spécial diffusé jeudi soir, les services météorologiques américains ont affirmé que la région de Galveston allait être complètement inondée. La montée des eaux pourrait dépasser 6 mètres. Or, à partir de 5,5 mètres, plusieurs raffineries vont subir des inondations significatives.
Cette menace sur l’industrie de raffinage de la côte du golfe du Mexique intervient alors que les stocks d’essence, à 187,9 millions de baril au 5 août, sont inférieurs depuis la semaine dernière à leur moyenne basse pour cette période de l’année. Au plus bas depuis 2000, ces réserves pourraient tomber dans les prochaines semaines à un niveau plus vu depuis 18 ans.
Elles ont déjà pâti du passage la semaine dernière de l’ouragan Gustav, qui a privé temporairement le pays de plus de 10% de sa capacité de raffinage.
Résultat: « l’offre d’essence va rester tendue pendant plusieurs mois », avance M. Lipow.
Si cette perspective a eu assez peu d’effet sur le prix du pétrole brut, qui ne prenait vendredi qu’environ un dollar, les prix de l’essence ont commencé à s’affoler. Sur la côte du golfe du Mexique, les prix de gros de l’essence ont bondi à plus de 5 dollars le gallon (3,78 litres).
Les prix de l’essence ordinaire à la pompe étaient en moyenne la semaine dernière aux Etats-Unis de 3,648 dollars le gallon (3,551 dollars dans la zone du Golfe du Mexique). A leur plus haut, en juillet, ils avaient atteint 4,11 dollars.
« A l’échelle du pays, les prix vont monter d’environ 20 cents le gallon, au moins pour un mois », pronostique M. Lipow.
http://afp.google.com/article/ALeqM5i1XdRABmMc1VgWc88x9L2J67VDZQ
Cela ne devrait pas arranger les affaires des assureurs américains.
http://www.stormpulse.com/
J’avoue être à chaque fois stupéfait par tout le foin qu’on fait autour du pétrole du golfe du Mexique, qui ne représente qu’une petite partie de la production (pas de la consommation) des seuls USA. S’il n’y avait qu’un seul exemple à prendre pour démontrer l’inefficience des marchés financiers, celui-là serait un bon candidat.