Le patron du site EADS de Dresde, à l’est de l’Allemagne, Andreas Sperl a vivement mis en cause la justice française dans une interview à dans le Financial Times Deutschland à paraître vendredi.
Ces propos font suite à sa mise en examen le 11 juillet pour « délits d’initié » par les juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries. Dans le cadre de cette procédure, A.Sperl s’est par ailleurs s’est vu imposer un contrôle judiciaire prévoyant le versement d’une caution de 200 000 euros. Le parquet avait requis le versement d’une caution de 150 000 euros.
Placé en garde à vue pendant 48 heures, Andreas Sperl a assuré : « Les conditions de détention sont inhumaines pour un témoin : on m’a pris ma montre, ma ceinture et mes lunettes. Dans la cellule, il n’y a pas de table, juste un matelas sale et des toilettes communes », a détaillé M. Sperl.
« J’ai été appelé en tant que témoin et je suis venu de mon plein gré car je n’ai rien à cacher », a-t-il poursuivi, selon un extrait de l’entretien diffusé jeudi soir. « Je m’étais imaginé qu’un avocat pourrait être là lors de l’audition, qu’un traducteur spécialisé serait là et que je serais traité humainement », a encore indiqué M. Sperl.
Il est vrai que Nicolas Sarkozy a récemment démontré tant avec la Libye qu’avec la Syrie que le respect des Droits de l’Homme n’était pas forcément sa priorité …
Agé de 61 ans, Andreas Sperl est le premier dirigeant du groupe aéronautique encore en fonction poursuivi par la justice française. Cette dernière s’intéresse aux conditions de vente d’actions EADS issues de ses stock-options fin 2005 et début 2006 alors qu’il pourrait avoir été en possession d’informations privilégiées.
A l’époque directeur financier d’Airbus, principale filiale d’EADS, Andreas Sperl a vendu entre le 9 et le 29 novembre 2005, puis entre le 8 et le 24 mars 2006, un total de 58.800 actions EADS issues de ses stock-options, réalisant une plus-value de 816.000 euros, selon un rapport de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Or, selon le gendarme de la Bourse de Paris, il disposait à cette époque d’informations privilégiées sur les perspectives financières d’EADS plus pessimistes en interne que celles dont disposait le marché, ainsi que sur des retards sur les programmes du très gros-porteur A380 et du long-courrier A350.
Andreas Sperl a pris la tête en janvier 2007 de l’usine Elbe Flugzeugwerke de Dresde (Est de l’Allemagne), filiale à 100% d’EADS spécialisée dans la conversion d’avions pour passagers en avions cargos.
Au total, 17 dirigeants et anciens dirigeants du groupe (neuf Français, quatre Allemands, deux Américains, un Finlandais et un Britannique), dont 11 sont toujours en poste, sont mis en cause par le gendarme français de la Bourse.
Jusqu’à présent, l’action des juges s’était concentrée sur d’anciens dirigeants du groupe: depuis le 29 mai, l’ancien coprésident d’EADS, Noël Forgeard, l’ancien PDG d’Airbus, Gustav Humbert, et l’ancien directeur général délégué d’EADS, Jean-Paul Gut, ont été mis en examen pour délits d’initiés et placés sous un contrôle judiciaire imposant le versement d’une forte caution.
Parmi les autres hauts cadres du groupe épinglés par l’AMF figurent Thomas Enders, l’actuel patron d’Airbus, John Leahy, son directeur commercial, ainsi que François Auque, le PDG d’Astrium, filiale espace d’EADS, et Fabrice Brégier, à l’époque président de la filiale Eurocopter et aujourd’hui directeur général délégué d’Airbus.
Source : AFP