Des mouvements de grève ont perturbé plusieurs raffineries françaises de Total mardi, à l’appel de la CGT. Le syndicat a également lancé un appel chez Esso/Exxon Mobil.
L’objectif du mouvement est de protester contre la faiblesse des accords salariaux signés mardi dans les deux groupes pétroliers.
Total a confirmé mardi que les employés de plusieurs de ses raffineries en France étaient en grève, observant toutefois qu’il était trop tôt pour évaluer l’impact de ce mouvement social sur le niveau de la production.
Un porte-parole du géant pétrolier a déclaré à Dow Jones Newswires que la direction espérait conclure un accord « très vite » avec les syndicats sur les salaires en 2008, ce qui pourrait mettre fin à la grève.
Selon Charles Foulard, de la CGT Total, « 90% du personnel des raffineries de Grandpuits (Seine-et-Marne), Donges (Loire-Atlantique), La Mède (Bouches-du-Rhône), Feyzin (Rhône) et Gonfreville (Seine-Maritime) étaient en grève » mardi. Toutefois, a ajouté le syndicaliste, « pour l’heure aucune pénurie n’est à craindre », même si sur certains sites, la « CFDT s’est jointe » au mouvement.
Sur les cinq sites touchés par ce conflit social, seule la raffinerie de Feyzin a voté mardi la reprise du travail, a-t-on indiqué de source syndicale.
A La Mède, le mouvement se traduit par « des baisses de débit, des arrêts d’unités de production et des arrêts dans l’expédition des produits finis », a ajouté Christian Coste, délégué CGT, selon lequel « on se dirige » vers un arrêt total de la production.
Selon les directions respectives, la « grève » à la raffinerie de Donges a entraîné une « diminution des débits », mais sans « aucun impact » sur son fonctionnement, alors que la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime) est « faiblement touchée ».
Un accord salarial a été signé mardi par trois syndicats (CFDT, CFTC et FO) chez Total SA et Elp EP, a indiqué Total mardi soir dans un communiqué. Dans trois autres filiales du groupe, Total France, Total Lubrifiants et Total ACS, seuls les syndicats CFTC et FO ont approuvé.
L’accord prévoit le versement d’une prime exceptionnelle de 1.500 euros en janvier, une augmentation générale et individuelle d’au moins 3,4% et l’augmentation de la rémunération minimale annuelle garantie à 21.000 euros.
« La faiblesse de l’accord salarial (2,3% d’augmentation des salaires minima), eu égard aux bénéfices engrangés par le groupe, devait nécessairement déboucher sur des conflits sociaux lors des négociations dans les groupes et les entreprises du secteur », a estimé la fédération CGT Chimie dans un communiqué.
Pour rappel, Total a dégagé sur les neuf premiers mois de l’année 2007 un bénéfice net quasi stable, à 9,581 milliards d’euros, et une hausse de 1% de sa production, alors que celle des autres majors pétrolières est globalement en déclin.
Chez Esso, filiale française du groupe américain Exxon Mobil, qui emploie 4.000 salariés en France, le mouvement n’avait « pas d’impact direct » sur le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a indiqué la direction, sans se prononcer sur le deuxième site du groupe à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime).
Dans ce groupe, un accord (de groupe) a également été trouvé lundi « avec trois syndicats » (CFDT, CFTC et FO) lors des négociations salariales, a affirmé un porte-parole de la direction, précisant que cet accord était « supérieur » à celui de la branche (+1,8% d’augmentation générale), puisqu’il porte « sur 2,7% d’augmentation générale pour tous ». Esso/Exxon Mobil a également proposé une prime de fin d’année « comprise entre 1.300 et 1.900 euros » contre « 1.000 euros l’an dernier », a-t-il ajouté.
La grève dans les raffineries françaises a eu un bref impact sur les cours du pétrole mardi, en contribuant à faire monter les prix, alors que la tendance générale était baissière, ont par ailleurs indiqué les analystes à Londres. Le baril de Brent de la mer du Nord a fini la journée à 89,76 dollars, en baisse de 1,53 dollar par rapport à lundi.
Sources : Dow Jones Newswires, AFP, Reuters