Le géant minier brésilien Vale do Rio Doce (CVRD) investira 59 milliards de dollars de 2008 à 2012, dont 77% au Brésil et 23% à l’étranger, ce qui représente « les plus gros investissements du monde dans ce secteur », a annoncé vendredi le PDG du groupe, Roger Agnelli.
Le rachat du canadien Inco (nickel) par Vale do Rio Doce, il y a un an a fait du brésilien le deuxième groupe minier mondial derrière le britannique BHP Billiton et aujourd’hui, CVRD est la première entreprise brésilienne.
« 60.000 emplois seront créés au cours des prochaines années, dont 70% au Brésil », a souligné M. Agnelli lors d’un déjeuner avec la presse à Rio de Janeiro. Le groupe souhaite accentuer sa diversification, en projetant une alliance avec le chinois Baosteel autour d’une usine de plaques d’acier au Brésil, puis une association avec l’anglo-néerlandais Shell pour explorer, localement, des gisements de gaz naturel.
En 2012, la CVRD table sur une production de 422 millions de tonnes de minerai de fer par an (contre 300 millions de tonnes en 2007), de 507 millions de tonnes de nickel et de 592 millions de tonnes de cuivre.
Le PDG de CVRD a insisté sur les investissements qui seront effectués en matière d’environnement d’ici 2012 -2,8 milliards de dollars- et notamment en Amazonie, où fonctionne la mine de minerai de fer de Carajas dans l’Etat du Para. CVRD exploite en effet la plupart de ses mines dans ce massif au nord du Brésil, où la richesse du sous-sol a engendré un énorme pôle d’activités, faisant de cette province la première zone minière du globe.
Dans un projet pour reboiser l’Etat amazonien du Para, la CVRD prévoit de planter 343,5 millions d’arbres d’ici 2015 (165 millions d’eucalyptus et 178 millions d’espèces locales) sur 300.000 hectares (soit deux fois la superficie de la ville de Sao Paulo). La compagnie aide déjà à protéger trois milliards d’arbres dans les pays où elle opère et au cours des 21 prochaines années elle compensera 160 millions de tonnes de CO2. En 2007, la CVRD a investi 374,4 millions de dollars pour protéger l’environnement et en 2008 elle en investira 481,5 millions.
M. Agnelli a également annoncé 1,4 milliard d’investissements dans des programmes sociaux au cours des cinq prochaines années notamment en éducation.
De 2003 à 2008, selon lui, la CVRD aura investi 5,15 milliards de dollars en infra-structure (dont 1,8 md USD en 2008), notamment dans les ports et les voies ferrées. Pour rappel, la CVRD gère déjà 10 500 km de voies ferrées (sur les 29 000 du pays) et huit terminaux portuaires, avant tout pour acheminer sa production, une stratégie qui a permis son développement accéléré.
« La CVRD est le plus gros investisseurs privé du Brésil en infrastructure et énergie », a relevé M. Agnelli précisant que « depuis le début du gouvernement Lula (2003) la compagnie a inauguré sept usines hydroélectriques » et qu’elle investit dans deux usines thermo-électriques.
Créée en 1942 par le président Vargas, CVRD a, depuis sa privatisation en 1997, multiplié par dix-huit ses bénéfices, investi plus que durant les cinquante-quatre années de gestion publique, et produit dix fois plus de minerai. Son directeur exécutif, Tito Martins, assure que « la santé financière est bonne » en dépit d’un endettement de 18,3 milliards de dollars (12,4 milliards d’euros).
Pour étendre sa présence sur les cinq continents, le groupe a absorbé ses concurrents brésiliens, devenant un quasi-monopole privé. « CVRD est un robuste instrument pour préserver nos ressources naturelles des convoitises étrangères », estime l’économiste de la Fondation Getulio Vargas, Porto Gonçalves.
Malgré la baisse de la rentabilité opérationnelle de CVRD au troisième trimestre, après le record de la période précédente, les 34.000 employés du géant minier au Brésil vont bénéficier d’une hausse de leur rémunération. Le groupe brésilien a indiqué fin novembre qu’il avait consenti à augmenter les salaires de 14,5% au cours des deux prochaines années. L’accord signé avec les syndicats brésiliens prévoit une première hausse de 7%, perçue dès novembre, la prochaine étant programmée en novembre 2008.
Selon un porte-parole de CVRD, un tel accord, portant sur plus d’une année « est un fait sans précédent pour une société brésilienne ». Il a été rendu possible selon lui par « une économie stabilisée ». Certains syndicats réclamaient initialement des augmentations de salaires de 55%. CVRD indique que trois syndicats importants, représentant 28% de la force de travail du groupe, ont été réticents à accepter le contrat, menaçant de manifestations, mais ils ont au final accepté de signer.
Sources : AFP, Le Monde, Les Echos
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