« Maintenant, la question est de savoir comment les politiques vont réagir. Laisser le marché baisser ou bien le soutenir ? », s’interroge Benjamin. Et un autre lecteur s’interrogeait, en découvrant les courbes du cycle immobilier (page suivante) : « En quoi est-ce différent aujourd’hui ? »
En France, les politiques ont de la « chance ». La douce France possède un filet de sécurité et il s’appelle « les aides » : APL, aides au logement pour étudiants, le 1% patronal… Cela amortit les chocs, et resolvabilise, face au logement, des pans entiers de la population. Qui sans cela ne pourraient pas garder / financer leur toit. Mais la situation est nettement plus grave cette fois-ci, plus grave qu’en 1991, à cause des niveaux de prix atteints, de la durée des prêts et de la diminution rapide du pouvoir d’achat, qui est mal calculée par l’Insee (voir le journal de France 2 de ce soir).
Les courbes que voici nous montrent à quoi il faut s’attendre en terme de baisse. Quelle sera son ampleur ? Le niveau 1 ou 1,5 pourrait-il être atteint ?
Hélas, cette fois-ci il y a un fait aggravant de taille : il y aura aussi une forte correction en province et dans des zones défavorisées de la grande couronne parsienne, puisque lors de ce dernier cycle haussier la France entière a été touchée par la flambée irrationnelle des prix. Une commune comme Aulnay-sous-Bois, où la hausse avait atteint 49% par an pendant 3 ans (2003, 2004 et 2005), va sûrement l’apprendre à ses dépens.
Il n’y avait pas autant de français surendettés au pied du mur après le retournement de 1991. Essentiellement des parisiens aisés qui on perdu une partie de leur patrimoine, de gros spéculateurs qui y ont laissé des plumes…
Mais Mme Michu et les Groseille ne s’étaient pas lancés dans la défiscalisation Robien en vivant dans un HLM, dont le loyer n’était pas toujours payé à temps. Dans les années 90, les banquiers n’étaient pas allés jusqu’à vendre des Périssols à des smicards incapables de s’acheter un résidence principale. Cette fois-ci les organismes de prêts sont allés beaucoup plus loin, et les dernières interventions de Charlène vous démontrent très bien leur « audace made in 2000 ». D’ailleurs, dans les sondages, les français désignent les banquiers trop « généreux », trop « laxistes » comme les principaux coupables du surendettement et de l’importance de la flambée.
Je crois que les politiques, dans la mesure où notre système bancaire a l’air à peu près indépendant, ne pourront pas faire grande chose pour contrer le tour de vis des banques. Je crois que le durcissement très prononcé de l’octroi de prêts immobiliers auquel nous assistons, additionné à l’effet psychologique des événements des dernières semaines sur les acheteurs mais aussi sur les vendeurs, que la presse du monde entier a relayé avec plus ou moins d’indépendance, sont les « maîtres » du marché immobilier désormais retourné, et la clé pour le décoder.
Le triangle des Bermudes des promesses immobilières (gouvernementales) (1/4)
Marché immobilier pire qu’en 1991 ? Que va faire le gouvernement ? (2/4)
Immobilier : ce que le gouvernement et Sarkozy décident (3/4)
La nouvelle indexation fait monter Mouillart au créneau (4/4)
Le triangle des Bermudes des promesses immobilières
Vous cogitez ou vous saturez des sujets immo ?
L’un des rares sujets NOUVEAUX dans l’immobilier, en plus de celui là :
http://www.le-blog-immobilier.com/2007/11/le-triangle-des.html
C’est marrant, les deux sujets NEUFS, les deux qui méritaient un super débat, sont restés un peu à l’écart.
Le premier sur le triangle des Bermudes, sur les promesses non tenues, et le deuxième c’est celui là.
Et je n’ai pas orienté le débat pour vous faire réagir, mais la rumeur (on en est tous « gavés », j’ai jms vu une présidence aussi riche en rumeurs) court et a l’air tenace, le gouvernement pourrait chercher à freiner la hausse de l’immo, pour sauver le pouvoir d’achat, n’ayant pas les moyens de faire augmenter les salaires.
Comme c’est le premier poste budgétaire, mais que la nourriture et le pétrole augmentent, certains disent que le gouvernement pourrait laisser les promoteurs construire bcp (j’ai des doutes) et essayer de gêler les loyers (je suis sceptique).
Que savez-vous, que pensez-vous ?
« certains disent que le gouvernement pourrait laisser les promoteurs construire bcp (j’ai des doutes) et essayer de gêler les loyers (je suis sceptique). » => cela sous-entend que les politiques régulent le marché immobilier selon leur bon vouloir et sont satisfaits de la situation actuelle.
Je n’y crois pas du tout. Je ne vois pas pourquoi le gvt freinerait les promoteurs et donc indirectement la croissance et l’emploi.
Il me semblent que certaines lois récentes vont dans le sens contraire , notament l’obligation de construire un certain nb de logements lorsqu’une zone commerciale est créée ?
Freiner la hausse de l’immobilier ? Quelle hausse ? Le marché est quasi flat en 2007 et bcp, notamment le BIPE prévoient une légère baisse en 2008.
Franchement, Marie, pour une fois, j’ai du mal à suivre ton analyse.
Pour ma part, je pense que les politiciens ne feront rien et laisseront le marché se réguler de lui même.
Concernant le pouvoir d’achat, il faut pondérer. C’est vrai que les hausses récentes des matières premières et du pétrole l’obère qque peu depuis peu mais le souci de fond sur une période plus longue provient de nouveaux besoins qui absorbent les revenus des ménages :
– Internet, bouquets de chaines
– tel portables,
– écrans plats, I pod…
In fine le problème reste le même. Un pouvoir d’achat moindre, un crédit plus difficile et plus cher, des robiens qui arrivent en quantité sur le marché… Ces facteurs seront certainement décisifs et je ne vois pas une quelconque politique les contrer.
Je suis tt à fait d’accord pour dire que la correction sera TRES inégales selon la qualité des biens et les zones géographiques.
Salut Septime,
Je reprécise (et j’ai mis entre parenthèses que je suis COMME TOI totalement scptique, mais j’ai dit que la rumeur court sur un interventionisme de l’Etat, qui est très mou, pourtant : http://www.le-blog-immobilier.com/2007/11/le-triangle-des.html
Je l’ai vu sur un forum auj. : celui de La Vie immo ou de bourso. Allez voir, il y a plein de posts.
PAR CONTRE mon article ne dis rien de tel.
Marie, l’immobilier est cité dans un article du journal du net.
Comme quoi, tous lisaient, mais personne n’en parlait, jusqu’à ce que les chiffres de la FNAIM eux-même se mettent à indiquer une baisse. Alors, là, on peut se lâcher sans craindre de passer pour un c…
« et essayer de geler les loyers » : indexation sur l’inflation, et plus sur l’indice du coût de la construction. Voilà qui va geler les loyers à +2% par an.
« Freiner la hausse de l’immobilier ? Quelle hausse ? Le marché est quasi flat en 2007 et bcp, notamment le BIPE prévoient une légère baisse en 2008. » : ça, c’est ce qu’on constate. Mais comme les notaires et autres s’obstinent à parler de hausse…
« Je n’y crois pas du tout. Je ne vois pas pourquoi le gvt freinerait les promoteurs et donc indirectement la croissance et l’emploi. » : pourquoi toujours associer la construction et la bonne santé d’une économie? Parce qu’un jour, qq a dit « quand le bâtiment va, tout va »? Et bien, aujourd’hui, cela ne se vérifie plus. Je me trompes peut-être, mais je pense que moins on dépense d’argent dans l’immobilier, plus on en dépense ailleurs, et vice versa. Donc si les gens n’achètent plus d’immobilier, ce sera autant de gagné pour l’industrie, le commerce, …
Ce n’est pas idiot adnstep 🙂
Well, désolé Marie, j’ai lu un peu vite et ai mal interprété..
Pas de problème, septime,
Le gouvernement d’après les internautes va laisser filer le nombre de constructions pour faire marcher le BTP et résorber la pénurie, c’est eux qui disent pénurie.
« Mais parce que bien souvent elle l’est ! Aux Etats Unis, la croissance du PIB provenait à hauteur de 25% du secteur de la construction (emplois directs et indirects)l’an dernier. ». Ce soir, le taux de croissance des USA a été réévalué de 3.9% à 4.9%, malgré (ou grâce ?) à la crise des subprimes.
C’est vrai mais ce chiffre ne concerne que le troisième trimestre il me semble ?
Sur le 1er trimestre 2008, les analystes anticipent un repli du PIB (entendu sur BFM ce jour).
Je voudrais vous ramener à la question de changement de paradigme. Comme vous semblez surprise du manque de réactions sur votre article, je me permet d’y amener une mise en perspective décalée sur ce qui prends une valeur de crise systémique. Tout d’abord il faut rappeller que la disjonction entre état et finance n’est pas le fruit du hasard. L’idée maitresse étant de diluer les responsabilités. N’oublions pas que malgres une longue histoire « démocratique », le modèle du tourniquet du pouvoir est toujours d’actualité. Schéma triparti entre des croyants dans le droit (divin, civil, peut importe, au final le texte écrit dans la pierre est l’idéal partagé quelque soit son origine), et en face, le pouvoir financier qui est son contre-poid « matériel ». Enfin, l’équilibre géneral representé par le peuple. Tour à tour, c’est un jeu de séduction qui fera balancer d’un coté ou de l’autre la tendance génerale, et pour être plus précis, choisira selon l’époque une foi dans le droit (pour tous)ou la volonté individuelle comme modèle social.
Il est donc exclu qu’un gouvernement cherche à maintenir en l’état un pouvoir financier. Il a tout intêret à laisser les citoyens découvrir « la traîtrise » de ses prêteurs afin qu’ils retournent au bercail protecteur qu’est la loi, ou si vous preferez de l’état Nation. Un des symptômes de ce type de retournement c’est un renouveau du « nationalisme ». Il y a d’autre nécessité pour que le retournement se produise, comme par exemple des dirigeants à l’ego si prononcés qu’ils amalgament dans leurs discours leurs personnes avec leurs fonctions. Ca n’est rien d’autre que le symptôme du monarque, sorte de père spirituel qui promet protection et securité. Le prix étant une période courte de durcissement de la loi. Mais promesse tenue, ça ne dure qu’un court moment… Et pendant ce temps que font les banques? Elles sont prises la main dans le sac et sont obligées de demander la clémence du suzerin, qui il y a peu, leurs apparaissaient comme un acteur négligeable mis sous tutelle. Le voilà maintenant capable de les soumettre à sa volonté (voir la décision du juge Boyko aux US et les réactions du milieu financier qui n’arrive pas à percevoir tout ce que cela implique tant cela sort de leurs cadres conceptuels). Contrairement à ce qui est souvent dit, ce ne sont pas les guerres, syndrômes et non causes, qui servent de régulateur, ce sont ces inversements de tendances. La seule « nouveauté », ici, tiens dans le caractère globalisant de la crise et, dans le caractère également globalisant de la défiance qu’ont les peuples envers leurs dirigeants. C’est en cela que je juge que c’est la première crise systémique, sans précedent. Pour preuve à une échelle individuelle, le cas des robiens laisse l’acquereur dans une posture schizophrène. Il y a autant à reprocher aux banques qu’aux législateurs, donc aucun point d’appuie classique pour l’individu. Voilà enfin pourquoi j’introduit, sans trop de courage, l’idée d’un changement de paradigme nécessaire, car le schéma classique de transfusion du pouvoir est mal en point.
Simple individu…t’ecris plutot bien! mais c’est plutot complexe a lire pour le commun des mortels..tu utilises presque la methode politicienne..Neanmoins ce que tu dis a du bon sens.
@Just
Navré et merci tout de même de faire l’effort de lire mon post.
Les classes moyennes touchées? Sans nul doute, elles sont impliquées comme le souligne Marie dans l’article ci-dessus.
« C’est vrai mais ce chiffre ne concerne que le troisième trimestre il me semble ? » : c’est vrai, mais parfois je peux être d’une mauvaise foi déconcertante.
@ un_simple_individu | : je veux bien qu’il y ait équilibre et lutte entre l’état nation et les pouvoirs financiers, mais alors pourquoi est-ce dans les plus anicennes démocraties modernes, et les plus apaisées, qu’il y a les milieux financiers les plus puissants?
Après ce post, que va faire le gouvernement, le post : ce qu’a fait le gouvernement ARRIVE.
Mais c’est un gros morceau…
PS Vous avez vous aussi autant de boulot après ces grèves ?
@adnstep
Car le modèle d’un état qui détient choix et moyen d’action concentre toutes les attentions et les haines si il dérape. Ca devient un job avec le bouton siège éjectable plus proche que tout autre…bouton tiroir caisse. Alors qu’une discrète entente familliale permet de suggerer une répartition des pouvoirs, donc des risques. Mais au final ça reste dans la famille! Si il y a de la casse l’un paye pour l’autre, c’est à dire invariablement, l’individu lambda (le citoyen/client: voir la Northern Rock) ! Malgres leurs mésententes publique, ils restent dans le même giron, c’est la règle. L’erreur, par exces d’arrogance, serait de montrer sans plus aucune réserve qu’ils ont les mêmes modes opératoires. Par exemple il serait dangeureux d’avoir un état et une banque fonctionnant sur les mêmes modalitées, celle d’une entreprise pour exemple(avec comme devise au fronton « innovation » et aux décisions réelles « conservation »). Là il n’y a plus d’alternative visible et le risque encourue est maximale car on retombe dans un schéma d’un autre temps, où il n’y a plus qu’une cible. C’est à mon avis cela, le coeur de la crise, une absence de rôle alternatif pour pallier à la crise. La superposition des méthodes employées par des politiques ou des financiers sont tellements parallèles, que le moindre choc ébranle l’ensemble. C’est le même principe qu’en génetique, la diversité des fonctions assure la pérennité de l’espèce globale et non l’inverse.
Maman est là, vous dis-je, et maman écrit comme elle peut. Vous êtes trop mignons dans vos mails, je vous adore ! 🙂 🙂 🙂 (On se fera une bouffe bientôt, je l’ai déjà fait avec les filles du blog, elles m’ont proposé plus facilement, normal).
Mais j’ai aussi, en plus de mes innnnombrables « enfants immobiliers », un vrai qui a faim, et un boss, très gentil, mais très vrai, et il passe avant dans la journée.
Vous êtes impossibles !