Le Français Louis Gallois, patron du groupe européen EADS, et l’Allemand Thomas Enders, PDG de la filiale Airbus, semblent être en désaccord sur le calendrier de vente des sept sites de l’avionneur, décidée dans le cadre du plan d’économies Power8, selon une source interne à l’entreprise. L’ information confirme un article paru jeudi sur le site internet de l’hebdomadaire Usine Nouvelle.
Cependant, le journal allemand Süddeutsche Zeitung avait rapporté la semaine dernière qu’EADS pourrait revenir sur sa décision de vendre des usines de l’avionneur Airbus, et décider au contraire de continuer à les gérer en les regroupant dans une nouvelle entité. Argument principal invoqué : la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. L’enjeu de la « divergence de vues » entre Gallois et Enders pourrait également être de cet ordre.
Selon ces sources concordantes, M. Gallois pousserait à sceller la vente avant la fin de l’année. Il semblerait même jouer actuellement du forcing « médiatique » pour accélérer le processus, agitant la menace du dollar faible.
M. Enders souhaiterait quant à lui retarder l’ « échéance » en raison notamment des multiples défis industriels qui l’attendent en 2008 …. ou d’un éventuel revirement de stratégie ?
Un porte-parole de EADS a immédiatement démenti: « Louis Gallois, comme Tom Enders, ont affirmé à de multiples reprises que c’est leur intention de divulguer d’ici la fin de l’année leur décision. Je n’ai pas connaissance d’autres choses ». « Tom Enders a toujours dit depuis son entrée en fonction qu’il n’y a jamais eu autant de défis en même temps chez Airbus, dans les nouveaux développements de programme (…) Tous ces sujets, il les a pris à bras le corps (…) il a dit qu’il s’en réjouissait et qu’il allait retrousser ses manches », a ajouté le porte-parole de EADS.
Il est vrai cependant qu’Airbus doit tout à la fois rattraper les retards du gros porteur A380, réussir la hausse des cadences des moyen-courriers A320 et des long-courriers A330-340, résoudre les difficlutés apparues dans le programme A400M (qui a entre six mois et un an de retard) tout en gérant la montée en régime du développement du futur long-courrier A350 XWB. Ce programme se trouve en ce moment dans la phase de spécification dite générale, mais doit passer au plus tard début 2008 dans celle de la spécification détaillée. Pré-requis indispensables pour mener à bien cette étape : que les principaux partenaires soient sélectionnés, notamment les fabricants des morceaux de fuselage en composite.
« Le calendrier de l’A350XWB commence à se tendre et on peut se demander si il est opportun de vendre des usines aussi stratégiques pour l’A350XWB ou pour le rattrapage des retards de l’A380 », analyse un proche du dossier. Tom Enders pourrait bien raisonner de la sorte, mettant en balance les bénéfices supposés de ces cessions, et les risques réels de désorganisation qu’elles font peser.
Le coprésident du comité européen, membre du syndicat de branche IG Metall, l’Allemand Horst Niehus, avait indiqué en début de semaine que la direction d’Airbus avait l’intention d’annoncer sa décision sur les sites lors d’une réunion du comité d’entreprise européen d’Airbus le 10 décembre. La direction d’Airbus, filiale d’EADS, envisageait de choisir en juillet les repreneurs de six sites, Filton (Grande-Bretagne), Nordenham, Varel et Laupheim (Allemagne), Meaulte et Saint-Nazaire Ville (France). Elle a ensuite repoussé ce choix à septembre, puis à octobre, en rajoutant un septième site, l’usine allemande d’Augsbourg, qui appartient à la division défense d’EADS.
Selon Usine Nouvelle, le point d’achoppement concernerait désormais l’Allemagne où EADS voudrait vendre en bloc Augsbourg, Varel et Nordenham, de préférence à une entreprise allemande pour emporter l’adhésion de IG Metall et des autorités politiques locales. Mais MT Aerospace est le seul candidat allemand, filiale du groupe d’Outre-Rhin OHB, d’une faible envergure (à peine 200 millions d’euros de chiffre d’affaires), constituant de ce fait un repreneur peu crédible au plan financier
Principal concurrent sur le dossier : Spirit Aerosystems, ancienne filiale de Boeing rachetée en 2005 par le groupe canadien Onex, également repreneur des usines Boeing de Wichita. Le groupe américain se décrit comme le leader mondial des sous-traitants pour les avions commerciaux. Il est candidat pour tous les sites à céder d’Airbus. Si le candidat représente une alternative « solide », la nationalité américaine et la proximité avec Boeing semble freiner les élans allemands à son égard.
Mais, la reprise des sites français n’est guère plus facile. Elle se heurte notamment à l’opposition des principaux syndicats d’Airbus (FO, CGT et CFDT). De plus, le candidat donné comme favori, le français Latécoère, a le plus grand mal à boucler le financement du projet. Très endetté, le groupe prévoit de procéder à une augmentation de capital de l’ordre de 300 millions d’euros au début 2008, s’il obtient la reprise des usines Airbus de Méaulte et de Saint-Nazaire Ville, a indiqué le président du directoire de l’équipementier aéronautique français, François Bertrand.
Selon lui, la reprise des usines Airbus de Méaulte et de Saint-Nazaire Ville par Latecoère doublerait la taille du groupe de 500 millions à 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec la perspective d’atteindre 1,5 milliard en trois ans, ce qui suppose de « financer cette croissance » par une augmentation de capital.
« On discute avec la Caisse des Dépôts mais aussi avec d’autres investisseurs français et étrangers, avec le souci de ne pas diluer notre noyau dur d’actionnaires, qui est actuellement de 25% (salariés, famille Latécoère et groupe Société générale) » avait indiqué en septembre M. Bertrand.
Le groupe dispose également d’un système de droits de vote doubles pour les investisseurs conservant leur participation plus de quatre ans, ce qui couplé à l’existence d’un noyau dur lui assure une protection relative contre des offres hostiles.
Sources : AFP, Usine Nouvelle
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Menacé par le niveau élevé de l’euro face au dollar, Airbus songe à délocaliser une partie de sa production aux Etats-Unis, rapporte la dernière édition du magazine économique allemand Wirtschafts Woche à paraître lundi.
Le groupe aéronautique européen construit actuellement ses avions à Toulouse, en France, et à Hambourg, en Allemagne et, à partir de 2011, à Tianjin, en Chine, après la signature d’une importante commande d’avions et d’un accord industriel le mois dernier avec Pékin.
Selon le magazine, Airbus envisage de créer une unité de production en Russie mais Mobile, en Alabama, dans le sud des Etats-Unis, serait le mieux placé pour accueillir une quatrième usine, au cas où l’armée de l’Air américaine commanderait des avions ravitailleurs au constructeur européen.
« Nous pourrions non seulement équiper les avions dans des hangars sur place, mais aussi les construire », selon un responsable d’Airbus qui a requis l’anonymat cité par le magazine.
Produire aux Etats-Unis aiderait l’entreprise non seulement à compenser les effets pervers de l’euro fort face au dollar, mais faciliterait la pénétration du marché américain, selon ce responsable.
« Si nous produisons sur place, il sera plus difficile de nous exclure des appels d’offre en tant que constructeur européen », a-t-il ajouté.
Louis Gallois, le patron d’EADS, maison-mère d’Airbus, a récemment laissé entendre que la faiblesse du dollar menaçait à long terme la survie d’Airbus, ajoutant que l’avionneur pourrait être amener à délocaliser une partie de sa production dans la zone dollar.
Les coûts de production d’Airbus sont libellés en euros, mais l’avionneur vend en dollars — monnaie de référence des transactions dans le secteur — et la force de l’euro menace à terme ses exportations.
Les propos de M. Gallois faisaient suite à ceux du président d’Airbus, l’Allemand Thomas Enders, qui avait estimé que le niveau de l’euro face au dollar avait « dépassé la limite du supportable » et que ce problème pourrait conduire l’avionneur à de nouvelles mesures d’économies.
http://www.rtlinfo.be/news/article/65823/–Airbus+d%C3%A9localise+une+partie+des+sa+production+aux+Etats-Unis
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