Gazprom : partage des frais avec Total sur Chtokman ?

Shtokman_chtokman_fieldLe contrat du siècle annoncé à corps et à cris par la France verrait-il déjà ses premières failles ?

Gazprom vient en effet d’apporter de nouveaux amendements à son programme d’investissement en réduisant de plus de 60 % les investissements dans l’exploitation du gisement de Chtokman.

Les experts estiment que le consortium tente d’arriver à un partage des frais avec le groupe français Total.

Le financement des travaux dans le cadre du projet Chtokman a été de nouveau réduit et constituera 6,4 milliards de roubles (plus de 180 millions d’euros) au lieu des 17,1 milliards de roubles initialement prévus. Les experts expliquent cette réduction par la participation de la compagnie française Total au projet.

« La participation d’un partenaire permet à Gazprom de faire peser sur lui une partie des frais », explique Timour Khaïroulline, analyste du groupe d’investissement Antanta Capital. « L’option sur les titres de GazpromNeft expirera l’année prochaine, par conséquent, la compagnie (Gazprom) aura besoin d’environ 3 milliards de dollars pour racheter 20% de ses actions », poursuit-il.

« Gazprom espère trouver d’autres partenaires pour son projet d’exploitation du gisement de Chtokman, soit comme copropriétaires de l’opérateur ou comme sous-traitants » avait par ailleurs déclaré fin juillet Dimitri Medvedev, président de Gazprom.

Total a signé avec le géant gazier russe un « accord de coopération portant sur le développement de la première phase du gisement de gaz et de condensats de Chtokman ». Aux termes de l’accord, les parties procéderont à la création d’une compagnie spéciale pour l’étude, le financement, la construction et l’exploitation des infrastructures de la première phase du développement du gisement Chtokman. La compagnie créée sera propriétaire de ces infrastructures pendant une durée de 25 ans à compter du lancement de l’exploitation du gisement.

A noter que si l »accord avec Total prévoit que le groupe français prendra 25% dans la société propriétaire des infrastructures de Chtokman, Gazprom gardera la licence et restera l’unique propriétaire de la production. Le géant gazier russe ne pert pas la mise, loin s’en faut puisqu’il détient 100 % de la compagnie Sevmorneftegaz détentrice de la licence de Chtokman, ainsi que tous les droits de commercialisation des hydrocarbures produits.

Mais Total n’est pas seul sur le dossier. L’accord initial prévoit en effet la participation possible d’autres partenaires étrangers jusqu’à hauteur de 24 %, par réduction de la participation de Gazprom. Les pétroliers américains ConocoPhilips, Chevron, norvégiens Statoil et Norsk Hydro étaient cités parmi les candidats potentiels à une participation dans le projet.

Le projet de Chtokman, évalué à 20 milliards de dollars, est situé sur la mer de Barents. Les réserves du gisement dépassent les 3.700 milliards de m3s, une capacité suffisante pour répondre aux besoins de la population mondiale sur plus d’un an. Une partie du gaz extrait du gisement sera acheminée vers l’Europe via des gazoducs, une autre partie sera liquéfiée pour être conduite par bateau jusqu’aux Etats-Unis. La première phase de développement du gisement prévoit la production de 23,7 milliards de m3 de gaz naturel par an. Les premières livraisons de gaz par gazoduc devraient intervenir en 2013 tandis que celles de gaz naturel liquéfié (GNL) débuteront en 2014.

A noter par ailleurs, que c’est la troisième fois cette année que Gazprom réduit ses investissements dans la mise en oeuvre de projets de transport du gaz. 183,9 milliards de roubles (plus de 5 milliards d’euros) étaient prévus initialement, les investissements ont été réduits à la suite à 156,2 milliards. Les experts expliquent cela par des considérations techniques, car des ressources ont dû être affectées à la réparation des gazoducs. De plus, le financement de la construction dans le cadre de certains projets s’est accru.

La « complexification croissante » des projets sur des gisements plus profonds et lointains, comme celui de Chotkman en Sibérie, avec du pétrole de plus en plus lourd à extraire, demande plus de moyens techniques, soulignait en début de mois Francis Perrin, directeur de la revue Pétrole et gaz arabes. Et donc plus de financements.

Ainsi, les dépenses pour le gazoduc Bovanenkovo-Oukhta passeront de 0,4 à 1,3 milliard de roubles (près de 37 millions d’euros), celles du gazoduc Griazovets-Vyborg (partie terrestre du gazoduc Nord Stream), de 26,8 à 27,3 milliards de roubles (plus de 770 millions d’euros), celles du gazoduc SRTO (Nord de la région de Tioumen) – Torjok, de 17,4 à 18,5 milliards de roubles (plus de 520 millions d’euros).

Les frais d’aménagement des gisements de Bovanenkovo et de Kharassaveï ont été réduits en passant de 26,2 à 25,4 milliards de roubles (près de 720 millions d’euros). En même temps, le financement d’autres projets d’extraction doit s’accroître de 14 milliards de roubles (près de 400 millions d’euros).

Source : Business & Financial Markets via Ria Novosti, AFP

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