Le Premier ministre britannique Gordon Brown a convoqué samedi matin le comité Cobra, la cellule de crise du gouvernement britannique, pour une réunion sur la fièvre aphteuse.
Confirmation avait été donnée la veille qu’un nouvel élevage avait été touché par l’épizootie.
Un sixième cas de fièvre aphteuse depuis le réveil de l’épizootie en août a été confirmé dans un élevage situé dans le Surrey (sud-est de l’Angleterre) par le ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra) vendredi soir. Les tests réalisés sur le bétail de la ferme-école de Beaumont à Old Windsor située dans la zone de protection en vigueur dans le Surrey, se sont avérés positifs. 40 bovins de race West-Sussex, qui présentaient tous des symptômes de la maladie, ont été abattus par mesure de précaution.
« Nous examinons la situation dans une zone restreinte du Surrey où il y a des preuves d’une contagion locale », a indiqué Debby Reynolds, la responsable des services vétérinaires britanniques à la presse à l’issue de la réunion. « La vigilance des éleveurs est extrêmement importante. La bio-sécurité des élevages est extrêmement importante. C’est une période pendant laquelle les gens ne peuvent plus gérer leurs exploitation comme à l’ordinaire », a-t-elle souligné.
Un premier cas de fièvre aphteuse avait été détecté le 3 août près du village de Normandy dans le Surrey et un autre cas confirmé quelques jours plus tard à proximité, près du site de Pirbright où deux laboratoires manipulent le virus.
Alors que les autorités britanniques pensaient avoir réglé ce problème en septembre et avaient levé la plupart des restrictions aux mouvements de bétail dans le pays, la semaine dernière, deux nouveaux cas avaient été signalés dans le Surrey. Les services vétérinaires britanniques ont précisé qu’il s’agissait de la même souche que celle découverte en trois autres endroits où les premiers cas avaient été confirmés le 3 août. Selon des investigations, la souche de fièvre aphteuse en question provient probablement d’un laboratoire que se partagent l’Institut pour la santé animale financé par le gouvernement et Merial Animal Health, unité britannique de la firme pharmaceutique Merial Ltd.
Selon un rapport établi début septembre par l’Agence de veille sanitaire (HSE), des manquements dans un laboratoire public seraient en effet probablement à l’origine des cas de fièvre aphteuse. A l’issue d’une enquête commanditée par le gouvernement, l’Agence a identifié une série de négligences survenues dans un laboratoire « vieillissant » de l’Institut de la santé animale (IAH) de Pirbright, dans le Surrey, à quelques kilomètres des exploitations où était réapparue la maladie. Un conduit fuyait, le système d’évacuation des eaux de pluie était inadéquat et le contrôle des personnes et véhicules était défaillant, précise notamment le rapport de la HSE, rendu public avec d’autres enquêtes lors d’une conférence de presse.
Les enquêtes ne déterminent pas avec certitude ce qui s’est passé mais établissent une série d’hypothèses. Le virus pourrait en particulier avoir été présent dans le conduit qui relie une usine de production de vaccins du laboratoire pharmaceutique privé Merial Animal Health à l’IAH, établissement de recherche public. Lors des inondations survenues le 20 juillet, le virus a pu sortir du conduit à cause des fuites, avant d’être propagé par des véhicules circulant dans la zone et de contaminer le bétail quelques kilomètres plus loin, selon le rapport.
Le ministre de l’Environnement Hilary Benn avait alors estimé qu’il « ne saurait y avoir d’excuses pour le fait que le virus de la fièvre aphteuse s’est échappé » du site de Pirbright. Il avait toutefois annoncé que le comté du Surrey était désormais officiellement débarrassé du virus et que le gouvernement allait prendre « toutes les précautions possibles » pour éviter une nouvelle fuite. Le site de Pirbright sera entièrement modernisé, avait-t-il également promis.
Le professeur Brian Spratt, auteur d’une enquête indépendante arrivant aux mêmes conclusions que celle de la HSE, a cependant précisé qu' »aucun problème » n’avait été décelé chez Merial. L’expert a en revanche évoqué « des preuves de complaisance en matière de sécurité à l’IAH ». Dès 2002, un rapport avait établi que l’IAH était « dans un piètre état », a ajouté le professeur, mais la modernisation n’a pas été effectuée pour des raisons financières.
Peter Kendall, président du Syndicat national des agriculteurs, avait qualifié d' »injustifiables » les manquements à la sécurité, évoquant « la possibilité » d’une action judiciaire visant à obtenir des compensations pour les fermiers.
Les nouveaux foyers de contamination sont apparus au moment où l’élevage britannique se relève à peine des lourdes pertes infligées lors de l’épizootie de 2001 (environ huit milliards de livres, soit 11,7 milliards d’euros, et 6,5 à 10 millions d’animaux abattus).
L’Union européenne a par ailleurs rétabli son embargo sur la viande britannique, un coup dur alors que les exportations représentent un marché d’un demi-milliard de livres (730 millions d’euros) et qu’elles se font principalement vers l’UE.
Un rapport du ministère de l’Environnement sur les cas survenus en septembre dont la publication était attendue samedi ne devrait être rendu public qu’en début de semaine prochaine, a indiqué une porte-parole du ministère de l’Environnement.
Sources : AFP, Matinternet
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