Le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan vient de s’avouer préoccupé par la formation d’une bulle sur le marché boursier de Shanghai.
Il souligne par ailleurs que la banque surveille l’évolution des cours des actifs tout comme celle de l’inflation.
Pour rappel, la Bourse chinoise a gagné plus de 40% depuis le début de l’année. Les valorisations de nombreuses valeurs s’éloignent très fortement de leur moyenne historique ainsi que des actions ou indices étrangers de référence.
Prié de dire s’il était préoccupé par la formation d’une bulle sur le marché boursier chinois, Zhou a répondu par l’affirmative. « Pour la stabilité de la monnaie, nous surveillons le CPI (l’indices prix à la consommation, le PPI (l’indice des prix à la production) et aussi les prix des actifs », a-t-il ajouté.
L’indice phare de la Bourse de Shanghai a bondi d’environ 235% depuis le début 2006 et a fait preuve d’une forte volatilité culminant fin février avec une baisse de 9% en une seule séance, ce qui a déclenché un mouvement général de correction sur les grands marchés mondiaux.
La frénésie d’achat actuelle fait suite à plusieurs années de vaches maigres en Chine, où les investisseurs ont été longtemps méfiants à l’égard d’entreprises aux comptes opaques. A présent, les volumes d’échanges se rapprochent à Shanghaï de ceux de la Bourse de Tokyo, qui a enregistré en moyenne en 2005 plus de 16,5 milliards de volume d’affaires par jour ouvrable. Même si elle reste globalement faible à l’aune des critères internationaux, la capitalisation boursière totale a néanmoins plus que doublé en 2006, à 830 milliards en novembre.
Cette hausse prodigieuse a entraîné une ruée de la population sur les comptes-bourse: environ 90.000 ouverts chaque jour, contre quelque 2.700 en janvier 2006, selon la Société chinoise de dépôts et compensation (CSDCC).
Zhou s’exprimait en marge d’une réunion de banquiers centraux organisée par la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, en Suisse. Il a ajouté que l’inflation en Chine devrait dépasser cette année son niveau de l’an dernier mais que la situation demeurait gérable. « Il n’y a aucun élément montrant que l’inflation est hors de contrôle », a-t-il dit. « Nous surveillons très attentivement les taux d’inflation annuels. »
Les prix à la consommation ont augmenté de 3,3% en rythme annuel en mars, passant pour la première fois depuis plus de deux ans au-dessus du seuil de 3%.
Zhou a noté que le « caractère saisonnier » de l’inflation chinoise devrait permettre un ralentissement au deuxième trimestre par rapport au premier, les fêtes du Nouvel An chinois ayant poussé les prix à la hausse au début de l’année.
Prié de dire si la Chine envisageait de nouveaux relèvements de ses taux d’intérêt pour freiner la croissance des liquidités, il a répondu qu’il n’était « pas approprié » de parler de politique monétaire.
Pour rappel, en janvier dernier, l »indice phare de la Bourse de Shanghaï avait enregistré sa plus forte baisse en plus de six mois, après des déclarations d’un haut responsable chinois mettant en garde contre l’euphorie boursière excessive et la formation d’une « bulle ».
Dans une interview publiée par le Financial Times, Cheng Siwei, vice-président de l’Assemblée nationale populaire, avait mis en garde contre la formation d’une « bulle » boursière qui pourrait in fine éclater et ruiner les épargnants chinois. « Il y a une bulle en cours. Les investisseurs devraient s’inquiéter des risques », a-t-il déclaré. « Dans un marché à la hausse, les gens investissent de façon assez irrationnelle. Chacun pense y gagner mais beaucoup finiront par perdre. Mais ils font leurs choix et prennent leurs risques », a-t-il estimé.
Les investisseurs profitent d’une liquidité surabondante dans le pays, ce qui leur fait courir le risque d’acquérir des actions surévaluées, et privilégient de plus en plus la Bourse à l’immobilier où les autorités ont pris des mesures pour calmer la hausse des prix.
Sources : Reuters, AFP
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