Bayrou/Delors défendent la BCE contre Sarkozy/Royal

Bce_1Alors que François Bayrou, candidat UDF à l’élection présidentielle, a récemment défendu l’action de la Banque centrale européenne, accusée par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal de se focaliser sur la maîtrise de l’inflation au détriment de la croissance, les candidats à l’élection présidentielle française qui critiquent la Banque centrale européenne ont tort de le faire, estime Jacques Delors dans un entretien diffusé sur France 24 en fin de semaine.

Sans les nommer directement, Jacques Delors estime que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal doivent se « reprendre » sur le sujet. L’ancien président de la Commission européenne considère leurs critiques concernant la BCE « excessives et mal ajustées ».

« J’ai étudié la question de près : les comportements de la Banque centrale européenne et ceux de la Federal Bank Reserve aux Etats-Unis, dont on parle tant, sont exactement les mêmes. Ce n’est pas une question de statut », ajoute l’ancien ministre socialiste de l’Economie et des Finances. Selon lui, « il faut que les Français et nos dirigeants arrêtent de projeter sur l’Europe leur vision strictement française. Car ils ne sont pas entendus ».

Jacques Delors a par ailleurs ajouté qu’il était favorable à un référendum sur un éventuel nouveau traité européen, idée également défendue par Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy quant à lui prône un vote au Parlement. « S’il y a demain un nouveau traité consistant, il faudra passer par référendum. Je ne vois pas comment on pourrait faire autrement. On a donné la parole aux Français. C’est une sorte de respect de nos pratiques et de nos citoyens », explique-t-il.

« Je ne partage pas les critiques et les affirmations négatives qui ont été faites autour de la Banque centrale européenne par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy« , a déclaré pour sa part, François Bayrou lors de la présentation de son programme économique.

« Ces remarques sont extrêmement dangereuses », a-t-il ajouté, estimant que « si la banque centrale ne luttait pas contre la hausse des prix, c’est à coup sûr les plus faibles et les plus fragiles qui paieraient l’addition ». « Je veux défendre l’idée d’une action contre la hausse des prix. C’est une action sociale », a-t-il insisté.

« Deuxièmement, pour servir la croissance, la confiance dans la monnaie est un facteur absolument essentiel », a ajouté François Bayrou.

Rappelant que la France emprunte à 3,85% à 50 ans pour financer sa dette, il a estimé que « tout le monde voit bien ce que cette confiance dans la monnaie entraîne comme modicité des taux d’intérêt et donc comme soutien à l’investissement ». « Ceci est extrêmement puissant comme levier pour la croissance et donc je ne participe pas à cette recherche de bouc émissaire du côté de la Banque centrale européenne », a-t-il expliqué.

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(8 commentaires)

  1. Pourquoi pas Bayrou Président et Delors aux finances.
    De toute manière qd on voit l’équipe Bayrou -et c’est bien un des pbs – il va falloir qu’il s’entoure de personnalités non UDF mathématiquement parlant, je veux dire, s’il arrive au pouvoir.
    En tout cas , par cette intervention, il montre qu’il sait de quoi il parle .

  2. amusant ces remarques, on croirait presque que la bce a une politique monetaire restrictive. absolument pas. c’est la colique de creation monetaire. mais interdit que les salariés et retraités s’aasoient à la table. pour eux serrage de ceinture et resserrage et rerereresserrage…

  3. Quand l’inflation ne menace pas, par Patrick Artus
    Dans un article du Financial Times du 9 novembre, Jean-Claude Trichet explique que la Banque centrale européenne (BCE) doit donner un poids important à l’analyse monétaire, c’est-à-dire lier l’évolution des taux d’intérêt à la croissance de la masse monétaire et du crédit dans la zone euro. Si elle ne le faisait pas, elle perdrait, d’après le président de la BCE, une information importante concernant le risque inflationniste à moyen terme.
    Faisons un bref rappel. La théorie monétariste « pure » dit que la Banque centrale doit simplement assurer une croissance constante de la masse monétaire. La théorie monétariste « intermédiaire », utilisée en Allemagne par le passé et vers laquelle se dirige donc la BCE, dit que la Banque centrale doit monter les taux d’intérêt quand la croissance de la monnaie ou du crédit augmente, car cela indique que l’inflation va revenir.
    Le risque est évidemment, comme on l’a vu en Allemagne pendant la réunification, que la Banque centrale, prenant cette approche, ignore encore plus les autres indicateurs économiques : croissance, chômage… De plus, l’analyse de M. Trichet est loin d’être convaincante sur le fond, puisque, dans les économies contemporaines, le lien, dans une région comme dans la zone euro, entre croissance monétaire et inflation s’est fortement distendu.
    A court terme, la croissance forte de la quantité de monnaie et du crédit peut se refléter dans les prix des actifs (immobilier, Bourses) et non dans les prix des biens et services. Surtout dans les économies contemporaines ouvertes, interdépendantes, avec une forte mobilité internationale des biens, du capital, même du travail, l’inflation est devenue un phénomène mondial.
    Regardons ces différents points. La première critique porte sur le rôle du prix des actifs. Elle consiste à dire que l’excès de création monétaire ou de distribution de crédit peut, pendant une longue période, conduire à des hausses des prix des actifs (immobilier, actions) et non des prix des biens et services. Cela vient de ce que les prix des actifs sont devenus beaucoup plus flexibles que les prix des biens, que l’offre d’actifs est devenue beaucoup plus rigide que l’offre de biens et services.
    Si une hausse du crédit distribué accroît la demande de biens (électronique…), cette demande supplémentaire peut être satisfaite par les importations et n’engendre pas de hausse des prix. Si une hausse du crédit stimule le demande d’actifs (maisons, actions…) la quantité disponible des actifs étant ce qu’elle est, leurs prix montent.
    Depuis 1998, on a vu dans la zone euro et au Royaume-Uni une forte progression de l’endettement, d’où, alternativement, des hausses de prix de l’immobilier et des cours boursiers, mais pas d’inflation : aujourd’hui, après neuf ans de hausse de l’endettement, l’inflation (hors énergie) est voisine de 1,5 % dans la zone euro et au Royaume-Uni.
    Pourquoi alors lier les taux d’intérêt à la croissance de la monnaie et du crédit si elle n’annonce plus, à dix ans d’horizon, l’inflation. Plus grave, du point de vue de l’examen des déficiences d’analyse de la BCE, est son refus d’intégrer les effets de l’internationalisation.
    Dans les économies contemporaines, la mobilité internationale des biens et des services échangés est forte ; la hausse de la part des importations, en particulier depuis les pays émergents, dans la demande intérieure est impressionnante (cette part a presque doublé en dix ans dans la zone euro). La mobilité internationale du capital est élevée, comme le montre l’ampleur des investissements directs à l’étranger, du transfert de sous-traitants dans les pays émergents. La mobilité internationale du travail elle-même devient forte, avec en particulier en France, encore plus en Espagne et en Italie, la nette hausse de l’immigration.
    L’immigration représente chaque année 0,25 % de la population en France, 1 % en Italie, 1,5 % es Espagne. S’il y a une forte mobilité internationale des biens, du capital, du travail, alors les marchés des biens et du travail sont mondialement unifiés : cela veut dire qu’il n’y a plus de détermination locale (régionale, comme dans la zone euro) de l’inflation et des salaires, seulement une détermination globale, mondiale. La pression à la baisse sur les prix et les salaires de la zone euro continuera donc, quelle que soit la croissance de la zone euro, tant que la tendance de l’économie mondiale sera désinflationniste.
    Quelle est la conséquence pour la politique monétaire de la zone euro de cette globalisation des marchés des biens et du travail ? L’inflation ne reviendra qu’avec l’inflation mondiale, et celle-ci ne reviendra que lorsque le taux d’utilisation des capacités mondiales (et non de la zone euro) remontera à un niveau élevé, ce qui n’est pas lié à l’évolution économique de la zone euro et prendra beaucoup de temps avec le fort niveau d’investissement mondial et surtout avec le chômage mondial déguisé très important, avec le niveau très élevé des populations rurales qui peuvent migrer vers les villes dans les pays émergents.
    L’internationalisation explique aussi l’impossibilité de contrôler la liquidité au niveau régional. Les financements peuvent être faits globalement : la création de base monétaire en Chine peut aboutir à un dépôt en dollars d’une banque chinoise ou de la Banque centrale dans une banque américaine, ce qui accroît la liquidité de cette banque et lui permet de distribuer davantage de crédit ; elle peut aboutir à l’achat d’obligations publiques américaines par la Banque centrale, ce qui redirige les financements domestiques vers d’autres emprunteurs.
    On voit bien alors que le ralentissement éventuel de la croissance de la base monétaire de la zone euro a très peu d’influence sur la liquidité mondiale, donc sur l’orientation de la politique monétaire dans la zone euro elle-même.
    Ce qui précède montre deux points importants. Le délai entre une expansion monétaire et l’inflation dans la zone euro est devenu extrêmement long : il y a d’abord ajustement des prix d’actifs ; il faut que le monde revienne au plein- emploi.
    Les problèmes de contrôle régional de l’inflation et de la liquidité évoqués plus haut impliquent qu’une politique monétaire efficace ne peut qu’être internationalement coordonnée. Ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui ; en particulier avec les politiques de change et l’accumulation de réserves dans les pays émergents.
    Il y a donc danger que le lien que la BCE veut établir entre la croissance monétaire et du crédit et ses taux d’intérêt d’une part freine la croissance de la zone euro en 2007, puisqu’une partie substantielle de la croissance de la zone euro vient du soutien de la demande des ménages par le crédit ; d’autre part, soit très peu efficace, en raison de l’internationalisation des économies ; enfin soit inutile, puisque l’inflation ne menace pas, le monde étant encore sur une tendance désinflationniste avec la concurrence des pays émergents.
    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-835703@51-876670,0.html

  4. Taux: une hausse des taux BCE largement anticipée après M3
    Les perspectives d’une hausse des taux dans la Zone Euro ont gagné du terrain ce mardi, après la publication d’une masse monétaire M3 pour le mois de janvier en forte progression.
    Comme en décembre, l’agrégat M3 s’est apprécié de 9,8 % en rythme annuel le mois dernier. Il avait progressé de 9,3 % en novembre. La moyenne mobile sur trois mois (novembre 2006 – janvier 2007) s’établit à 9,7 %, contre 9,2 % sur la période précédente (octobre – novembre 2006).
    Un nouveau resserrement de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne est donc largement anticipé pour le 8 mars, lors de la prochaine réunion de la BCE. Son Président, Jean Claude Trichet, n’a en effet pas manqué de rappeler ces derniers mois… qu’il restait attentif à la résurgence de tensions inflationnistes dans la Zone Euro.
    Les taux de la BCE pourraient ainsi grimper à 3,75% en mars, après une hausse de 25 points de base en décembre à 3,50%.
    Les taux longs ont pour leur part profité ce mardi de la nette correction des marchés actions pour se détendre, bénéficiant des mouvements de  » flight to quality « . Les marchés de taux ont de fait joué leur traditionnel rôle de valeur refuge en période de doutes sur les Bourses.
    Les propos tenus hier par Alan Greenspan, l’ancien gouverneur de la Fed, concernant une possible entrée en récession de l’économie américaine d’ici la fin de l’année ont plombé le moral des investisseurs sur les marchés actions.
    Les incertitudes entourant le dossier du nucléaire iranien et la nette baisse des places asiatiques la nuit dernière ont également marqué les esprits, contribuant largement au repli généralisé des Bourses internationales.
    En France, le taux à 10 ans de l’OAT est ainsi revenu tutoyer les 4%, à 4,015%, tandis que le taux du Bund allemand à 10 ans est passé sous les 3,97%.
    Au final, les perspectives de hausses des taux courts et la détente des taux longs devraient accentuer l’aplatissement de la courbe des taux dans la Zone Euro.
    http://www.cerclefinance.com/default.asp?pub=valactu&localcode=&isin=&art=163891

  5. Je me fais pas de souci : si Bayrou est élu, il trouvera des ministres, ça s’appelle l’attrait du pouvoir 😉
    Et une élection présidentielle au suffrage universel, c’est ce qu’on a de plus fort pour asseoir un pouvoir en démocratie.
    La question qu’on pourrait se trouver est : est-ce que Bayrou trouvera suffisamment de gens de valeurs partageant ses convictions? (s’il est élu, faut arrêter de penser en partis) Delors vient de donner une partie de la réponse.

  6. Oui, d’autant plus qu’il est intervenu après Bayrou …. et ce n’est pas le plus mauvais cheval, loin de là ….
    c’est moi même qui est pris l’initiative de faire le rapprochement entre les deux positions, mais elles sont proches, il fallait le dire.

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