Si de plus en plus de pays pétroliers se détournent quelque peu du dollar, tel dévient le cas également de la Syrie.
Le gouvernement syrien a en effet remplacé la monnaie américaine par l’euro dans environ la moitié de ses réserves en devises, a indiqué dimanche le Premier ministre syrien Mohammad Naji Otri.
Cette opération serait à voir selon lui comme une démarche préventive contre d’éventuelles sanctions américaines. La Syrie assurerait-elle ses arrières en cas d’invasion militaire de son allié iranien par les Etats-Unis ?
« La livre syrienne est à l’abri des crises en raison de réserves importantes en devises étrangères et du remplacement du dollar par l’euro dans environ 50% de cette masse d’argent », a affirmé M. Otri dans des déclarations publiées par l’agence officielle Sana.
En février 2006, le Premier ministre avait adopté une circulaire qui affirmait que « tous les ministères et les compagnies publiques devront désormais adopter l’euro à la place du dollar pour le remboursement des sommes dues par les organismes de l’Etat aux parties étrangères, et également pour les contrats d’import-export ».
Le président directeur général de la Banque commerciale de Syrie, Doreid Dargham avait jugé cette décision « importante et nécessaire au moment où la partie américaine profèrait des menaces contre la Syrie qui pourraient compliquer les opérations bancaires entre la Syrie et les pays européens ».
« Il s’agit d’une mesure préventive, car actuellement il n’existe pas de difficultés » en ce sens, avait alors déclaré M. Dargham.
Depuis mai 2004, la Syrie est sous le coup de sanctions économiques américaines qui lui interdisent notamment l’importation de produits américains autres que la nourriture et les médicaments.
« Les pressions exercées sur la Syrie, à cause de ses positions arabes et nationales, ont ralenti quelque peu les réformes économiques et diminué en partie les investissements, mais elles ne feront jamais cesser le processus » de réforme, a assuré M. Otri.
Depuis 2003 jusqu’à fin 2006, « quelque 2.498 lois et décrets ont été promulgués dans le cadre de la modernisation et du développement des organismes de l’Etat », a poursuivi le Premier ministre.
A la mi-janvier, le gouverneur de la Banque Centrale de Syrie, M. Adib Mayyalé, avait affirmé que la politique monétaire de la Syrie n’était plus une politique de réaction, mais qu’elle reposait désormais sur des bases fixes à objectifs déclarés consistant à parvenir, à moyen et à long terme, à la stabilisation des prix et au contrôle des taux d’inflation.
Dans une conférence de presse, M. Mayyalé a indiqué que la politique monétaire s’est engagée à stabiliser, à court terme, les taux de change de la Livre syrienne, évoquant l’ensemble des mesures prises par la banque centrale de Syrie durant les deux dernières années et qui avaient en effet abouti à la stabilisation des prix de change de la livre en dépit des crises, ainsi que pour assurer les climats pour parvenir à un taux de change unifié et à délier la livre syrienne du dollar américain.
Il a fait noter dans ce sens le succès de la banque dans ses démarches pour remplacer le dollar par l’Euro dans tous les traitements des deux secteurs public et privé afin d’éviter les effets de l’interdiction par les Etats-Unis du traitement avec la Banque commerciale de Syrie, affirmant que ladite banque avait réussi en effet à surmonter toutes les difficultés créées par la décision américaine.
M. Mayyalé a évoqué également la décision d’élever les capitaux des banques privées dans le pays de 30 millions à cent millions de dollars, et des Banques islamiques à deux cent millions de dollars, et d’augmenter les taux étrangers à ces banques de 49% à 60%, et ce dans le but d’attirer des institutions financières de haute capacité d’investissement et de concurrence.
Le gouverneur a également indiqué que le taux de croissance des dépôts du secteur privé dans les banques syriennes s’est élevé en 2006 à 9%, et en devise à 116%, et des crédits à 16% en L.S. et à 26% en devise. Les dépôts du même secteur dans les banques privées a quadruplé en monnaie locale, a indiqué M. Mayyalé, passant de 11,8 milliards à 50 milliards de L.S., et triplé en devises, et les crédits de ces banques au secteur privé ont augmenté de 4,3 milliards à 24 milliards de L.S., et de 40% en devises.
M. Mayyalé a parlé ensuite d’une série de réformes en phase de préparation dont la création d’un marché d’obligations qui verra le jour, a-t-il indiqué, à la fin du premier semestre de l’année, la modification du système de change en cours, l’amendement de la loi monétaire 23 pour qu’elle se conforme avec la nouvelle politique monétaire prévue par le 10ème plan quinquennal.
Il a fait état des préparatifs en cours pour le lancement, dans le premier quart de l’année, de l’association des Banques de Syrie, prévue pour unifier le mécanisme de l’action bancaire dans le pays et d’autres pour la plus grande opération de souscription en Syrie où la Banque islamique internationale de Syrie s’apprête à soumettre à la souscription 51 millions de dollars de son capital.
M. Mayyalé a enfin parlé de 52 sociétés de change ayant présenté des demandes pour exercer en Syrie, dont certains, a-t-il indiqué, s’apprête effectivement à y exercer.
Source : AFP, Nouvel Observateur, Sana
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