Alcatel-Lucent : suppression de 1.500 emplois en France

Alcatelpdg L’étau se resserre. Si les 12 500 suppressions d’emploi récemment annoncées par Alcatel-Lucent pouvaient sembler bien « lointaines », les choses se rapprochent et se concrétisent désormais.

La direction du géant des télécommunications a annoncé en effet mardi 1.500 suppressions d’emplois en France. Dure nuit en perspective, car les salariés devront néanmoins attendre mercredi pour connaître les principaux sites touchés, selon l’intersyndicale.

L’intersyndicale CFDT-CGT-CGC-CFTC-FO a « condamné ces suppressions d’emplois qui vont ramener la France au 3e rang au niveau des effectifs » du groupe, derrière les Etats-Unis et la Chine. Ce dernier ne comptera plus en effet que 11.000 salariés dans l’hexagone à l’issue du plan social annoncé mardi lors de comités centraux d’entreprise (CCE) dans les filiales.

« La nouvelle entreprise (Alcatel-Lucent) ne propose aucun projet industriel qui mette fin au déclin de notre entreprise en France », a déploré l’intersyndicale, qui a prévu un « premier arrêt de travail de deux heures » jeudi.

La direction n’a pas souhaité mardi faire de commentaire, le CCE de sa principale filiale se poursuivant mercredi, avant un comité de groupe France vendredi.

L’équipementier Alcatel-Lucent a annoncé vendredi dernier, à l’occasion de la publication de ses résultats annuels 2006, la suppression de 12.500 emplois sur trois ans, un chiffre supérieur aux 9.000 initialement prévus. Ces suppressions d’effectifs s’inscrivent dans le cadre d’un plan d’économies de 1,7 milliard d’euros sur trois ans, a annoncé le groupe, qui réunit désormais le français Alcatel et l’américain Lucent.

Lors de l’annonce de la fusion en avril dernier, le groupe avait annoncé la suppression de 9.000 emplois et un plan d’économie de 1,4 milliard d’euros sur trois ans. Toutes ces données ont été revues à la hausse à la suite de mauvais résultats financiers au cours du 4ème trimestre.

Le 23 janvier, lors de la présentation des résultats préliminaires pour 2006, le groupe avait annoncé un plan supplémentaire de 200 millions d’euros de réduction de coûts, ajouté aux 400 millions d’euros prévus pour 2007.

Avant même cette annonce, Alcatel, dont l’ancien PDG Serge Tchuruk a développé dès 2001 le concept « d’entreprise sans usine », avait déjà divisé par trois en dix ans ses effectifs mondiaux, tombés à à 56.000 en 2005 contre 191.800 en 1995.

Depuis la fusion avec l’américain Lucent, entérinée en décembre, le groupe de droit français compte 80.000 personnes dans le monde.

Le ministre délégué à l’Industrie François Loos a demandé mardi que l’équipementier « maintienne en France le potentiel scientifique et industriel de ses sites ».

Les syndicats craignent que la recherche et développement, qui représente un tiers des effectifs, soit fortement atteinte. « Après notre désengagement des activités industrielles, notre coeur de métier se concentrait sur ce secteur. Il ne nous restera bientôt que le commercial et les services », a déploré un délégué CGT.

C’est à l’issue du CCE d’Alcatel-Lucent France SA, mercredi après-midi, que sera connu l’impact précis sur la demi-douzaine de ses sites.

Selon des sources syndicales, les 3.000 salariés de cette filiale employés à Vélizy (Yvelines), sont les plus exposés. Alcatel Business Systems, rassemblant 1.500 salariés à Illkirch (Bas-Rhin), Colombes (Hauts-de-Seine) et Brest, connaîtrait quelque 110 suppressions d’emplois au total. La filiale « compagnie financière Alcatel Lucent », qui emploie 600 salariés au siège parisien du groupe subirait elle près d’une centaine de suppressions d’emplois. A Orvault (Loire-Atlantique), les 600 salariés, ingénieurs pour la plupart, sont inquiets. « Le marché n’est pas en crise mais notre activité peut se faire à moindre coût en Chine, en Inde et en Roumanie », a déploré Jean-Pierre Clavaud, délégué CGT.

Dans le cadre du plan social, des préretraites à 55 ans et des aides à la reconversion devraient être proposées par la direction lors des prochains comités centraux d’entreprises prévus jusqu’au printemps, selon les syndicats.

« Notre activité est bénéficiaire, nous avons des projets de développement. Nous contestons la légitimité de ces coupes, et n’excluons pas d’agir en justice », a déclaré Alain Hurstel (CFDT), au nom de l’intersyndicale locale.

La CFE-CGC d’Alcatel-Lucent a évoqué vendredi « un profond sentiment d’injustice », la CGT « un désastre humain » et la CFDT une décision « inacceptable », après l’annonce fait par Alcatel de 12.500 suppressions d’emplois dans le monde en trois ans.

L’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO) du groupe avait appelé dès jeudi à un arrêt de travail de deux heures le 15 février pour « dire non aux suppressions d’emplois programmées ». La date n’est pas choisie au hasard puisque les 13 et 14 ont lieu les comités d’entreprise d’Alcatel Business Services et d’Alcatel CIT. Un comité de groupe est prévu ensuite le 16.

« Nous attendions des perspectives motivantes et nous sommes sous le coup de la déception et d’un profond sentiment d’injustice », déclarait vendredi la CFE-CGC dans un communiqué.

« Ce nouveau groupe se doit d’avoir une dynamique de croissance forte et celle-ci ne peut se faire que sur la base des équipes qui ont fait notre succès dans l’ADSL, les mobiles, l’optique, ou les réseaux commutés », estime la CFE-CGC. « Or, les annonces de ce matin présagent des coupes intolérables dans ces équipes, en particulier européennes et françaises », déplore le syndicat.

« Alors que les défis commerciaux et technologiques sont immenses, que la concurrence est rude, la direction veut amoindrir sa capacité de réactivité et d’innovation. C’est un contresens économique, c’est un désastre humain », réagit de son côté la CGT dans son communiqué, précisant que « l’avenir de notre entreprise est d’abord subordonné à ses salariés ».

« La solution facile trouvée par la direction d’Alcatel-Lucent augmente de 40% les suppressions d’emplois +programmées+ dans le cadre de la fusion. C’est inacceptable », indique de son côté la CFDT, pour qui cette annonce « pose la question de la pertinence de la fusion ». Aujourd’hui, la CFDT craint des fermetures de sites. « D’après les informations que nous avons, il n’y en aurait pas. Mais certaines implantations qui comptent entre 100 et 150 personnes seront forcément très fragilisées », s’inquiétait alors Jean-Baptiste Triquet, responsable syndical.

Sources : AFP, Le Monde

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(4 commentaires)

  1. Alcatel-Lucent: 1.800 suppressions d’emplois au total en France (syndicats)
    PARIS, 14 fév 2007 (AFP)
    Le nombre total de suppressions d’emploi à Alcatel-Lucent s’établit à 1.478, auxquels il faut ajouter 320 « prestataires » (intérimaires), soit près de 1.800 au total, a annoncé mercredi l’intersyndicale lors d’une audio-conférence.
    Sur ce total, environ « 732 suppressions d’emploi concernent la région parisienne », ont précisé les syndicalistes à l’issue d’un Comité central d’entreprise à Vélizy (Yvelines), qui a duré deux jours.
    218 suppressions d’emploi vont se répartir sur les sites d’Orvault (Loire-Atlantique), qui compte environ 600 salariés, et ses deux annexes rennaises, Saint-Grégoire et Cesson-Cévigné vont fermer, ont-ils ajouté.
    « Il s’agit pour nous d’un séisme », ont déclaré les syndicalistes.

  2. Alcatel-Lucent: 20% de suppressions d’emplois en Allemagne
    PARIS, 14 fév 2007 (AFP)
    Le nombre des suppressions d’emplois à Alcatel-Lucent en Allemagne avoisinera « 20% des effectifs », contre environ 15% en France, et, en Belgique l’usine de Geel « est vendue », a précisé l’intersyndicale sans pouvoir donner plus de précisions sur ces pays.
    « Le détail par pays sera connu lors d’un comité de groupe européen prévu le 23 février », a précisé l’intersyndicale qui aimerait mobiliser l’ensemble des personnels concernés dans ces différents pays.
    Cette réunion « serait une bonne occasion de faire des choses ensemble », a-t-elle indiqué lors d’une audio-conférence de presse.
    Et « nos collègues américains sont dans la même galère que nous », a ajouté l’intersyndicale

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