Le ministre saoudien du Pétrole a affirmé mardi à New Delhi qu’il n’était pas nécessaire de tenir une réunion extraordinaire de l’Opep, pour discuter d’une nouvelle baisse de production malgré la baisse des cours du pétrole.
Le baril de brut est pourtant tombé sous les 51 $ mardi à New York pour la 1ère fois depuis le 25 mai 2005.
Mais l’Arabie saoudite -tout comme l’Iran et le Vénézuela notamment- est très fortement dépendante de la manne pétrolière pour financer son budget et asseoir son gouvernement. Toute réduction de production devrait garantir une hausse subséquente des cours afin de pouvoir être jugée « rentable » par les pays producteurs.
En marge d’une conférence sur les hydrocarbures, le ministre saoudien Ali Al-Nouaïmi a indiqué à des journalistes qu’aucune raison sérieuse n’existait à l’heure actuelle pour tenir une réunion, arguant que tous les fondamentaux du marché étaient bien plus solides que lors de la réunion de Doha.
Pour rappel, l’Opep avait décidé le 20 octobre à Doha (Qatar) de réduire son plafond de production de 1,2 million de barils par jour (mbj) pour contrer la chute des cours du brut sur le marché international.
Depuis le début de l’année, les cours du brut ont perdu plus de 15% de leur valeur. Le réchauffement climatique peut en partie expliquer cette tendance, compte-tenu d’un hiver exceptionnellement doux dans l’hémisphère nord, la demande s’est montrée bien plus faible que les années précédentes. Certains analystes estiment que seul un mois de temps exceptionnellement froid permettrait de renverser la tendance, quelques jours de temps froid se révélant insuffisants pour cela.
En conséquence, les opérateurs tablaient de plus en plus nombreux sur une prochaine intervention du cartel pour enrayer la chute des cours, certains demeurant tout de même dubitatifs sur une application concrète des mesures prises par ses membres.
Ces propos n’ont fait qu’accentuer la tendance baissière mardi sur les marchés de Londres et de New-York. Ainsi, le baril de brut est tombé sous les 51 dollars mardi à New York pour la première fois depuis le 25 mai 2005. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en février est tombé à 50,53 dollars. Il a clôturé en baisse de 1,78 dollar à 51,21 dollars.
Pour rappel, le baril de brut avait atteint un record historique le 13 juillet 2006, à 78,40 dollars. Entre temps, les cours ont perdu 35% de leur valeur.
Entre le début de l’année et leur plus bas de mardi, les cours ont cédé plus de 10 dollars à New York, correspondant à une baisse de 17%. Des températures anormalement élevées ont en effet réduit la demande de fioul de chauffage aux Etats-Unis.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a perdu 86 cents mardi, clôturant à 52,26 dollars le baril. Il a reculé jusqu’à 52,04 dollars en séance.
Le marché semble ainsi avoir mal réagi aux propos formulés par Al-Nouaïmi, qui représentent tout de même un retournement considérable par rapport à sa position d’il y a deux mois, affirmant alors qu’un baril de pétrole à 55 dollars était trop bas et inacceptable. Certains analystes estiment en conséquence que les déclarations saoudiennes sont plus plus politiques qu’économiques.
Via ses propos, l’Arabie saoudite pourrait avoir comme objectif d’aider les Etats-Unis à mettre les Iraniens sous pression, selon certains experts du domaine. Des prix du pétrole moins élevés seraient autant de revenus en moins pour l’Iran, diminuant ainsi son « pouvoir de nuisance » en Irak.
De plus, la position saoudienne est loin d’être désintéressée dans l’affaire, car à l’heure ou l’Irak s’apprête à autoriser des compagnies étrangères à exploiter ses importantes réserves de pétrole, l’Arabie saoudite pourrait devoir restreindre ses propres quotas dans le cas ou l’Irak se verrait à nouveau fixer des niveaux de production. En tout état de cause, le gouvernement saoudien pourrait être réticent à restreindre à nouveau les volumes de pétrole. Si la mesure s’avérait inefficace pour enrayer la chute des cours, elle diminuerait cependant mathématiquement ses revenus, les quantités produites étant moindres.
Les déclarations de l’Arabie saoudite, membre le plus influent de l’Opep, ne font toutefois pas l’unanimité au sein du cartel. Dimanche, le Venezuela et l’Iran avaient plaidé pour une baisse de la production en vue de soutenir les cours.
La Fimat a d’ailleurs revu en baisse sa prévision de prix du baril pour 2007, à 58 dollars en moyenne sur l’année. Il semble en effet exister peu de raisons à la fois fondamentales et techniques pour justifier des achats de pétrole. Au contraire, l’offre de pétrole est abondante, la demande ralentit et le marché reste sceptique quant à une baisse effective des niveaux de production de l’Opep.
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