Air France-KLM a décidé de ne pas participer à l’appel d’offres pour la privatisation de la compagnie publique italienne Alitalia, affirme La Tribune à paraître lundi.
La compagnie européenne aurait été – selon ses dires – découragée par le prix à payer et les conditions fixées par Rome.
Pour rappel, l’Etat italien, qui détient 49,9% de la compagnie, a lancé fin décembre un appel d’offres pour le rachat et la privatisation d’Alitalia, donnant jusqu’au 29 janvier aux acquéreurs potentiels pour faire leurs propositions.
« La décision a été prise mercredi en conseil d’administration, le jour de l’annonce de la démission de Jean-Cyril Spinetta, le PDG d’Air France-KLM, du conseil d’Alitalia », écrit le quotidien économique, sans préciser ses sources.
« Le cahier des charges édicté par Rome est jugé déraisonnable par Air France-KLM en raison, notamment, de l’impossibilité de restructurer le réseau d’Alitalia et du prix extrêmement élevé. Il lui faudrait en effet débourser près de 1,5 milliard d’euros (hors dette) », ajoute La Tribune.
La compagnie franco-néerlandaise pourrait éventuellement réviser sa position si aucun candidat ne répondait à l’appel d’offre, ou si « des mouvements contraires à ses intérêts intervenaient cette semaine », comme le dépôt d’une offre par l’allemande Lufthansa ou de son alliée italienne Air One, précise le journal.
Air France-KLM n’a pas encore officiellement dévoilé ses intentions. Cependant, son patron Jean-Cyril Spinetta ne cesse de répèter qu’il n’engagera un rapprochement avec Alitalia que si on lui donne les moyens de pouvoir la restructurer et de lui appliquer sa stratégie.
A une dizaine de jours de la date-limite de remise des offres de reprise de la compagnie italienne en grande difficulté financière, Alitalia avait été plongée dans l’incertitude après la démission, mercredi de son conseil d’administration, du président d’Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta.
« Comme il y a un appel d’offres lancé par le gouvernement italien sur le capital d’Alitalia et étant donné qu’Air France est un partenaire commercial d’Alitalia, son président ne peut plus faire partie du conseil d’administration », a indiqué Air France dans un bref communiqué.
Cette démission surprise intervient près de trois semaines après le lancement de l’appel d’offres pour la vente de la compagnie aérienne italienne.
Le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a indiqué récemment être d’accord pour qu’Air France-KLM rachète Alitalia, à condition de faire une proposition « claire et forte ». Les deux compagnies sont déjà liées par des participations croisées de 2%. Le gouvernement de M. Prodi craint qu’Air France-KLM ne cantonne le marché italien dans un rôle secondaire.
Le retrait de M. Spinetta risque par ailleurs de paralyser le fonctionnement du conseil d’administration d’Alitalia. Selon le journal Il Sole 24 Ore, la perte nette en 2006 a atteint au moins 350 millions d’euros, soit le double par rapport à 2005.
Après la démission de M. Spinetta, le conseil d’administration d’Alitalia, composé habituellement de cinq membres, se réduit à deux personnes, son président Giancarlo Cimoli et le représentant du Trésor italien. Quatre représentants du conseil d’administration d’Alitalia ont démissionné au cours des six derniers mois et un seul a été remplacé.
Les syndicats, mécontents du déroulement de la privatisation et opposés à toute cession d’actifs, doivent être reçus le 1er février par le gouvernement pour faire le point sur la situation de la compagnie deux jours après la clôture de l’appel d’offres.
Le ministère italien de l’Economie a officiellement lancé le 29 décembre un appel d’offres pour la privatisation d’Alitalia, donnant jusqu’au 29 janvier aux acquéreurs pour prendre entre 30,1 et 49,9% du capital de la compagnie en difficulté. Conformément à la loi en vigueur en Italie, le racheteur devra lancer une OPA sur l’ensemble de la société car il dépassera le seuil des 30% du capital.
Les repreneurs éventuels devront assurer notamment la sauvegarde de l’identité nationale d’Alitalia et fournir des garanties sur la « qualité et la quantité des services offerts et sur la couverture du territoire » italien.
Alitalia est liée par des participations croisées de 2% avec Air France-KLM. Les deux groupes sont également partenaires au sein de l’alliance Skyteam. Depuis des mois, Air France-KLM insiste, en réaction à des rumeurs récurrentes de rapprochement, sur le fait qu’elle n’envisagera une fusion qu’après le redressement d’Alitalia.
Mi-décembre, le Ministre italien des transports Alessandro Bianchi avait confirmé que l’Italie était à la recherche d’investisseurs industriels et non financiers pour Alitalia. La piste Air France KLM ne constituait pas dés lors sa priorité. Parmi les repreneurs potentiels, Karim Aga Khan pourrait être intéressé par Alitalia, selon des sources de presse qui rappellent que ce dernier détient déjà la compagnie Meridiana et une participation dans Eurofly.
Les journaux locaux alimentent les rumeurs sur le nom des repreneurs potentiels ajoutant à leur longue liste le nom d’Alpi Eagle, compagnie locale soutenue par Benetton. Dans un entretien accordé à « La Tribune », le 11 décembre dernier, le Ministre italien des Transports, indiquait que le gouvernement voulait revendre à un groupe italien appartenant au même secteur, tel Air One ou Meridiana, afin de constituer un groupe puissamment implanté en Italie.
De son côté, la Banca Intesa continue d’être citée dans la presse malgré le démenti apporté la semaine dernière. « Il Sole 24 Ore » avait publié une information selon laquelle un « méga-consortium » composé de Banca Intesa, Air One, le fonds d’investissement Management e Capitali et un « partenaire étranger », aurait pu reprendre la compagnie. Corrado Passera, administrateur délégué d’Intesa, avait déclaré à l’agence Reuters, que la banque italienne n’était intéressée en rien par ce rachat: « Il n’existe pas une telle possibilité », avait-il répliqué.
Sources : AFP, Boursier.com, AOF
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ZOOM Alitalia chute après les informations sur le renoncement d’Air France
AFP 22.01.07 | 15h19
Le titre Alitalia chutait lundi à la suite des informations de presse selon lesquelles Air France-KLM ne va pas présenter d’offre de reprise de la compagnie italienne en difficultés. Le titre abandonnait 3,02% à 1,03 euro à 14H00 GMT dans un marché en hausse de 0,41%. Selon le quotidien français La Tribune, Air France-KLM a décidé de ne pas participer à l’appel d’offres pour la privatisation de la compagnie publique italienne, découragée par le prix à payer — 1,5 milliard d’euros hors dette — et les conditions fixées par Rome. « Cette information provoque une accélération des prises de profit », estime un courtier cité par l’agence Ansa. La démission du patron d’Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta du conseil d’administration d’Alitalia le 17 janvier avait entrainé une flambée du titre, les investisseurs pariant sur le dépôt d’une offre. La compagnie franco-néerlandaise pourrait éventuellement réviser sa position si aucun candidat ne répondait à l’appel d’offre, ou si « des mouvements contraires à ses intérêts intervenaient », comme le dépôt d’une offre par l’allemande Lufthansa ou de son alliée italienne Air One, indique la Tribune. « Attendons le 29 janvier pour voir quel interêt a suscité l’appel d’offres. Je pense qu’il y aura quelqu’un » d’intéressé, a réagi le ministre du Développement économique, Pierluigi Bersani. L’Etat italien, qui détient 49,9% de la compagnie, a lancé fin décembre un appel d’offres pour le rachat et la privatisation d’Alitalia, donnant jusqu’au 29 janvier aux acquéreurs potentiels pour faire leurs propositions