Pétrole: les oléoducs de Russie pourraient suivre ceux d’Alaska

Russieoleoduc_2Décidément les mauvaises nouvelles s’accumulent de jour en jour dans le monde du pétrole, puisqu’après les incidents majeurs sur un oléoduc de BP en Alaska, ce sont désormais l’état des infrastructures russes qui inquiètent les experts.

Ces derniers estiment en effet que la Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole, est soumise à un risque important d’accidents sur ses oléoducs, qualifiant même le réseau de vieillissant. Cependant le problème ne pourrait bien qu’empirer, la production augmentant sans cesse.

Selon Chris Weafer, analyste de la banque Alfa, le réseau russe est très ancien voire vétuste. De plus, de nombreux oléoducs dans les régions ont été construits à l’époque soviétique, quand les critères techniques n’étaient pas aussi élevés qu’aujourd’hui.

Facteur aggravant : ce réseau est destiné à être soumis à une pression croissante, alors que la compagnie semi-publique Rosneft, deuxième producteur russe, et Gazprom Neft (ex-Sibneft), rachetée par le géant gazier Gazprom, tablent sur des augmentations de production et d’exportation.

Pour M. Weafer, il est « inévitable » que « davantage de fuites » se produisent à l’avenir sur ce plus grand réseau d’oléoducs du monde, long de plus de 69.000 kilomètres selon le monopole des oléoducs russes, Transneft, alors que le manque d’investissements pour des travaux de modernisation est dénoncé.

Selon Andreï Gromadine, spécialiste en gaz et pétrole à la banque MDM de Moscou, l‘accident le plus important sur territoire russe impliquerait les oléoducs qui acheminent le pétrole de Sibérie vers les raffineries, plutôt situées dans la partie occidentale de la Russie, et vers l’Europe.

Mais le nombre de ruptures d’oléoducs et de fuites de pétrole chaque année en Russie reste difficile à évaluer en raison d’un manque de transparence des autorités, déplore Ivan Blokov, responsable de l’organisation écologiste Greenpeace en Russie. « L’administration essaie de toutes les façons possibles de limiter l’accès à l’information », relève M. Blokov, « ce n’est pas la position officielle mais la réalité ».

Il estime à entre 10 millions et 20 millions de tonnes le volume de pétrole perdu ainsi chaque année en Russie. Selon lui, les derniers chiffres officiels fiables, remontant à l’année 2003, faisaient état de 20.000 ruptures sur le réseau des oléoducs. « La situation des oléoducs en Russie était alors assez proche de la catastrophe, et elle l’est toujours », dit M. Blokov.

Fin juillet, une rupture a eu lieu sur l’oléoduc Droujba, vestige de l’époque soviétique qui alimente l’Europe via le Bélarus et est la première voie d’exportation par oléoduc de la RussieUne fuite d’environ 100 tonnes de pétrole dans la région de Briansk, ville russe non loin du Bélarus et de l’Ukraine, avait causé une légère hausse des cours du brut, l’accident ayant affecté l’approvisionnement d’une raffinerie en Lituanie.

Le ministère russe des Ressources naturelles avait alors signalé que cette fuite pourrait entraîner une catastrophe écologique majeure. L’écoulement de quelque 100 tonnes de pétrole a contaminé les sources d’eau dans une zone de 10 kilomètres carrés dans la province de Byransk, a précisé le ministère. Cet oléoduc, le Droujba, a une capacité de transport de 1,2 million de barils par jour sur une distance de 4000 km. Il fonctionne généralement à plein régime.

La fermeture annoncée lundi du gisement de Prudhoe Bay, en Alaska, par la compagnie britannique BP, en raison de traces de corrosion sur un oléoduc, amputant à terme la production américaine de 8%, a de nouveau fait flamber le cours du pétrole. Après les Britanniques, les Russes pourraient évoquer eux aussi de pratiquer des vérifications de l