Arcelor soumis actuellement aux assauts de son prétendant Mittal Steel, s’apprêterait à repousser non pas ses avances, chose déjà faite, mais son assemblée générale extraordinaire prévue le 21 juin pour entériner son offre publique de rachat (OPRA), suite aux mouvements de fronde menés par une partie de ses actionnaires.
Si le report n’était pas effectif, le contenu de l’offre pourrait quant à lui être modifié.
Le groupe Arcelor n’a pas souhaité faire de commentaire.
Les mesures contenues dans cette OPRA, consistant à distribuer 6,5 milliards d’euros aux actionnaires, pourrait être effectivement remise en cause, a partiellement confirmé une source proche du dossier. L’AG pourrait cependant être formellement maintenue mercredi.
Arcelor fait face depuis plusieurs jours à une fronde croissante d’actionnaires hostiles à ce projet de rachat d’actions. Ils estiment en effet que l’opération équivaut à donner le contrôle d’Arcelor au sidérurgiste russe Severstal, qui au terme de l’OPRA devrait détenir 37,5% d’Arcelor.
L’alliance avec le groupe du milliardaire russe Alexeï Mordachov avait été annoncée fin mai. Le contrat de mariage prévoit que le russe prenne une part initiale de 32,2% d’Arcelor. Cette opération est destinée à contrecarrer l’OPA hostile en cours de Mittal sur Arcelor pour un montant de plus de 25 milliards d’euros.
Cette semaine, des actionnaires minoritaires avaient choisi de voter « non » à l’OPRA, et notamment le patron de la société Carlo Tassara, Romain Zaleski, qui détient 5% d’Arcelor. Il évoque pour ce faire que l’OPRA déboucherait sur la prise de contrôle d’Arcelor par Serverstal sans même qu’il lance une OPA.
M. Zaleski, épaulé par l’Association française de défense des actionnaires minoritaires (Adam) de Colette Neuville, sont hostiles à une opération de rachat d’actions avant annulation qui ferait grimper mécaniquement la part de Severstal à plus du tiers du capital sans que le russe ait besoin de lancer une OPA en bonne et due forme sur Arcelor. « La probabilité d’un rejet de l’OPRA est loin d’être nulle », avait estimé jeudi Mme Neuville.
L’OPRA porte sur près d’un quart du capital (148 millions d’actions), à 44 euros par titre, une offre nettement supérieure au cours actuel de 34 euros. Une manne de 6,5 milliards d’euros serait ainsi distribuée aux actionnaires. Le report éventuel de cette OPRA ne serait pas lié aux discussions amorcées mardi entre les deux rivaux Mittal Steel et Arcelor, ces dernières semblant se poursuivre à un niveau assez technique.
En acceptant de rencontrer Mittal Steel, Arcelor répond à la pression d’une partie de ses actionnaires mécontents de son union avec Severstal, choix que la direction du sidérurgiste européen défend corps et âme.
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Mordachov ne renoncera pas à Arcelor
16/06/2006 12:36
MOSCOU, 16 juin – RIA Novosti. Le président de Severstal Alexeï Mordachov ne renoncera pas à la fusion avec Arcelor: il est prêt à envisager une amélioration des conditions de la transaction en vue de soutenir la concurrence avec la compagnie Mittal Steel qui s’intéresse aussi à Arcelor. Le fait est qu’Alexeï Mordachov n’a pas le droit de laisser passer cette affaire, dans la mesure où la politique s’en est mêlée, selon le journal russe en ligne Gazeta.ru
Pour les dirigeants russes, il s’agit déjà d’une affaire engageant le prestige international du pays: cette transaction a été approuvée par le président Poutine. Si Severstal parvient à ses fins, la Russie jouira du respect en Europe en tant que partenaire politiquement fort qui a sauvé une compagnie luxembourgeoise de l’absorption.
Pour l’instant, Severstal gagne la lutte de position contre Mittal Steel. Le 11 juin, le conseil des directeurs d’Arcelor a unanimement décliné l’offre de Mittal Steel et recommandé aux actionnaires de voter lors de la réunion du 30 juin en faveur de la fusion avec la société russe. Cependant, les actionnaires d’Arcelor critiquent les propositions de Severstal, avant tout en raison de leur manque de transparence. Certains actionnaires estiment que la proposition de Mittal Steel est plus lisible et que les renseignements sur cette entreprise sont plus détaillés.
Sergueï Donskoï, analyste de la société d’investissements Troïka-Dialog, affirme que les deux sociétés concurrentes bénéficient de marges de man?uvre. Alexeï Mordachov peut proposer d’accroître la valeur de l’offre ou de diminuer sa participation dans Arcelor, mais Severstal dispose de moins de ressources financières que Mittal Steel.
« Alexeï Mordachov n’a pas intérêt à diminuer sa participation dans Arcelor, estime Natalia Kotchechkova, analyste de la société d’investissement Finam. Au contraire, il a évoqué son intention de l’accroître. En tout cas, Severstal doit obtenir une minorité de blocage, ou plus, sans quoi la transaction perdrait tout son sens, car M. Mordachov devra alors se contenter d’un moindre contrôle sur Arcelor à qui il offre un contrôle plus grand sur Severstal.
Viatcheslav Jabine, analyste de Brokerkreditservice, fait remarquer que la transaction profite aux dirigeants d’Arcelor qui, en cas de succès de Severstal, seront maintenus à leurs postes pendant quatre ans, ce qui fait partie des propositions de la société russe. « Les dirigeants d’Arcelor seront obligés d’exiger d’Alexeï Mordachov un accroissement de l’offre, afin de conserver leurs postes. Sans quoi ils ne pourront pas expliquer aux actionnaires pourquoi ils acceptent l’offre de Severstal qui propose moins d’argent », estime l’expert
Severstal : gage de l’image de l’eco russe avant rentrée en bourse de Rosneft notamment dont on reparle au plus tot .
cf.
russe (Gryzlov)
15/06/2006 14:17
MOSCOU, 15 juin – RIA Novosti. La fusion entre Severstal et Arcelor conforte la réputation de l’économie russe, a estimé jeudi devant la presse le président de la Douma, chambre basse du parlement russe, Boris Gryzlov.
« Je trouve positives les décisions prises par ces grandes sociétés ». Cela ne peut que relever le prestige de l’économie russe », a-t-il ajouté.
Cette transaction atteste le niveau de développement des milieux d’affaires russes et de l’ensemble de l’économie russe.