Thales incertain sur Miksa en route pour ADI

Thales veut acquérir la totalité du groupe australien de défense ADI Limited, qui représente un chiffre d’affaires annuel de 500 Millions d’EUR. Thales possède déjà 50% d’ADI, qui avait été privatisée par le gouvernement australien en 1999, pour 260 millions de dollars US. L’autre moitié du capital d’ADI est actuellement possédée par le groupe australien de génie civil et de construction Transfield.

« Thales Australie a annoncé aujourd’hui son intention de porter sa participation dans le groupe de défense ADI Limited à 100%. Cette opération est conditionnée par l’accord du Bureau Australien des Investissements Etrangers (FIRB) », indique un avis du groupe Thales.

Parallèlement le P-DG de Thales, Denis Ranque, qui accompagne Jacques Chirac en Arabie Saoudite, a déclaré aujourd’hui à Ryad que le projet Miksa de surveillance des frontières saoudiennes avait connu des ralentissements au cours de deux dernières années sans que sa conclusion ne soit remise en cause.

Mardi, la CGT de la Direction des constructions navales (DCN) avait claqué la porte d’un comité central d’entreprise extraordinaire au sujet du rapprochement avec Thales, y voyant une « prise d’otages des élus du CCE pour mener à bien la privatisation rampante de la DCN ».

1 – Eventuel avancée du projet Miksa

Depuis 2004, dernière date à laquelle le contrat estimé à 7 milliards d’euros a été rendu public, Miksa a connu des ralentissements, a concédé le patron de Thalès. Il s’exprimait au terme d’une rencontre d’investisseurs français et saoudiens qui s’est tenue samedi en Arabie Saoudite avant l’arrivée du président Jacques Chirac. Le P-DG de Thales plaide également pour de nombreuses entreprises françaises associées au projet, dont Vinci.

En négociations depuis plus de quinze ans, ce « contrat du siècle » combine la fourniture de matériels militaires (radars reliés à un satellite, hélicoptères de reconnaissance, caméras infrarouges) et civils (construction d’aéroports, de 400 postes-frontière, de hangars et de casernes pouvant accueillir jusqu’à 20.000 hommes). Même s’il y a eu des rumeurs de morcellement du projet en plusieurs tranches, Denis Ranque a démenti que le contenu exact de Miksa ait évolué.

Pour le P-DG de Thales, s’il y a ralentissement, la faute n’en revient pas aux autorités françaises, qui négocient ce contrat d’Etat à Etat, comme l’ont exigé les Saoudiens. En revanche, il estime qu’existe en Arabie saoudite une « vieille technique du consensus » entre les différents ministères, les membres de la famille royale et tout au long de la chaîne hiérarchique, qui implique des délais supplémentaires. Interrogé sur les retombées de cette visite d’Etat en termes de contrats, le patron de Thales a répondu qu’il ne fallait pas venir en Arabie saoudite avec l’idée que tout allait se conclure. L’objectif affiché n’est pas uniquement la signature d’éventuels contrats mais également la reprise de contacts. Au cours des trente dernières années, Thales a conclu des contrats en Arabie saoudite pour près de 40 milliards de dollars.

Conçu à l’origine pour dissuader le Yemen, au sud, de toute incursion, Miksa vise à fournir un système global de surveillance des 5.000 kilomètres de frontières du royaume, voisin, entre autres pays, de l’Irak. Américains et Britanniques auraient réclamé l’an dernier à Ryad que le contrat soit ouvert à la concurrence internationale. Raytheon serait notamment intéressé par la fourniture de radars au royaume wahhabite. Les alliés historiques de l’Arabie saoudite auraient profité de conflits politiques internes en France sur ce dossier ultra-sensible. Le projet, initié par Charles Pasqua lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, est en effet au coeur d’une lutte d’influence au sein de la droite, entre partisans de J.Chirac et de N.Sarkozy en vue de la prochaine élection présidentielle.

2 –  La CGT claque la porte du CCE sur le rapprochement avec Thales

La CGT de la Direction des constructions navales (DCN) a claqué la porte mardi d’un comité central d’entreprise extraordinaire sur le rapprochement avec Thales, y voyant une « prise d’otages des élus du CCE pour mener à bien la privatisation rampante de la DCN ». La direction aurait demandé aux élus d’accompagner le processus de rapprochement avec Thales auquel le syndicat est opposé. FO a également claqué la porte peu après la CGT. Lors de la réunion traitant du début du processus d’information du CCE sur le projet d’achat de Thales Naval France et de ses filiales par DCN, et de la participation de Thales au capital de DCN, la direction, interpellée dans le cadre du droit d’alerte déclenché par le CCE fin 2004, a « justifié » le rapprochement.

La CFDT a dénoncé de son côté des réponses « évasives » de la direction, exprimant dans un communiqué ses « inquiétudes sur l’emploi et le maintien des activités ». La direction a précisé qu’aucune mesure sociale spécifique ne serait mise en place, le rapprochement ne devant pas générer de suppressions de postes, sauf de manière très exceptionnelle.

DCN, société de droit privé détenue à 100% par l’Etat, emploie plus de 12.100 salariés et se présente comme le numéro 1 européen du naval militaire. Elle a enregistré une progression de 8,6% de son chiffre d’affaires en 2005, comparé à 2004, à 2,83 milliards d’euros. Le rapprochement avec Thales, groupe privé dont l’Etat détient 31,3% du capital, doit être bouclé d’ici la fin du premier semestre 2006.

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