Le métal jaune ne cesse de faire la Une de l’actualité ces derniers temps, que ce soit en raison de ses récents record de 25 ans, plus récemment de consolidations brutales, ou encore de fusions multiples des groupes miniers.
Après la publication cette semaine des statistiques du marché de l’or 2005 par le très officiel World Gold Council, que dirige une poignée de groupes géants miniers aurifères occidentaux, faisons le point sur le regard que les analystes financiers portent aujourd’hui sur le métal fin.
Dans l’ordre, nous passerons en revue l’opinion de trois grandes banques : la britannique HSBC, la suisse UBS, l’américaine Citigroup. Et nous finirons par le point de vue d’un cabinet spécialiste des matières premières et des métaux précieux, l’américain CPM Group.
- HSBC : pas optimiste, et franchement baissier
Commençons par la note « Precious Metals Daily » publiée le 23 février dernier par l’analyste spécialisé de la banque britannique HSBC, Alan Williamson. En premier lieu, un peu d’analyse de court terme : le document note en premier que la faiblesse récente des cours de l’or tient certes au recul des cours du pétrole, de même que ceux des métaux de base à vocation industrielle ainsi qu’aux ventes « techniques » basées sur les ordres automatiques placés par les fonds.
Mais il ajoute qu’une cause de ce mouvement, « peut-être plus importante » que les précédentes, réside dans « le mouvement haussier du yen qui a suivi les commentaires du gouverneur de la Banque du Japon Toshihiko Fukui selon lesquels l’ère des taux d’intérêts quasi-nuls arriverait à sa fin. Le yen a alors gagné 100 points de base (soit 1%, NDLR) à 117,5 yens contre le dollar US. Bien qu’en théorie l’affaiblissement du dollar est bon pour les métaux, comme cela a été récemment le cas, la vivacité du yen en l’occurrence déprimé les cours locaux de l’or et encouragé la liquidation des positions longues. Par ricochet, cela a entraîné une pression baissière sur les cours mondiaux de l’or, qui s’expriment en dollars américains « .
Les fondamentaux de l’or déséquilibrés, selon HSBC
Passons maintenant à la vision des fondamentaux par l’analyste de HSBC. Se référant aux statistiques du World Gold Council (WGC), il indique qu’elles « montrent les effets de la hausse des prix lors du second semestre, ce qui a tiré vers le bas la demande sensible au prix tout en encourageant l’offre à prix élevé, poussant ainsi le marché vers le surplus. En déficit pendant les deux premiers trimestres, le marché de l’or s’est retrouvé largement en excédent lors des deux derniers ». Et en excédent de 105 tonnes sur l’ensemble de l’année, selon le WGC.
L’analyste se montre corrosif contre la presse, qui a titré cette semaine sur le record mondial atteint par la demande d’or. Et lui de suggérer d’autres titres lui semblant plus adaptés : « record mondial d’offre d’or en 2005 », « record mondial des ventes des banques centrales en l’absence notables des acheteurs sur le marché ». Selon Alan Williamson, « la simple vérité est que le marché physique (hors demande d’investissement, NDLR) de l’or s’est trouvé en excédent l’année passée ».
Et il enfonce le clou : « sans l’explosion de la demande provenant des fonds qui se sont engouffrés dans les ETF sur or, l’excédent du marché de l’or aurait été encore plus important ». Il note les « impressionnantes » 79 tonnes engrangées par les ETF au quatrième trimestre (T4) 2005, et note qu’à la date où il écrivait, les ETF avaient « déjà englouti 105 tonnes depuis début 2006 ». Donc pour le T1 2006 qui n’est pas encore terminé, la demande d’or des ETF sera déjà supérieure à celle du T4 2005. Mais il note que cette demande « a ralenti dernièrement ». Bon.
Alan Williamson termine sa note en soulignant « la dégradation fondamentale du marché » qui « n’offre plus le soutien que beaucoup d’intervenants lui attribuent de manière erronée ». Et de revenir, une fois encore, sur le déficit qui aurait été pire sans les ETF. Fermez le ban !
Pour la petite histoire, nous remarquerons que paradoxalement, les coffres londoniens de HSBC et de ses sous-traitants sont désignés par les ETF du World Gold Council pour stocker l’or sous-jacent… C’est par exemple le cas des ETF gérés par une filiale du WGC, Gold Bullion Securities, qui sert les marchés australiens, britanniques et français.
Les articles publiés à ce jour :
- Or : le point de vue des analystes fin février 2006 (1/4 : HSBC)
- Or : le point de vue des analystes fin février 2006 (2/4 : UBS)
- Or : le point de vue des analystes fin février 2006 (3/4 : Citigroup)
- Or : le point de vue des analystes fin février 2006 (4/4 : CPM Group)
Cher Emmanuel,
Je me suis permis un petit coup de pub bien sympathique.
La bulle immobilière : c’est pas une blague belge
http://www.leblogfinance.com/2006/02/bulle_immobilir.html
Marie