La livre turque n’en finit plus de chuter, la Turquie dans une situation de plus en plus instable

Information grandement ignorée de bon nombre de medias occidentaux et qui pourrait pourtant avoir d’importantes conséquences géopolitiques : la livre turque a de nouveau atteint un plus bas historique sur les marchés des changes mercredi. Les mesures prises par la Banque centrale ne semblent pas permettre d’endiguer le phénomène, les incertitudes politiques et la série d’attentats meurtriers qui ont récemment frappé la Turquie n’arrangeant rien à l’affaire.

Depuis le début de l’année, la monnaie turque a d’ores et déjà perdu près de 10% de sa valeur contre le dollar. Sa chute ne fait que s’accélérer depuis le début de l’examen par le Parlement, lundi, d’un projet de réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs du président Erdogan, la situation rendant en effet les marchés nerveux particulièrement nerveux.

Mercredi, la livre a perdu près de 3,54% de sa valeur contre le dollar, s’échangeant à 3,93 contre la monnaie US en fin d’après-midi, un nouveau record à la baisse. Face à la monnaie européenne, la livre a dépassé mercredi le seuil de 4 livres contre un euro, une première, s’échangeant à 4,11, soit une perte de 2,69% sur la journée.

Lundi dernier, la monnaie avait d’ores et déjà perdu 2,46% de sa valeur en cours de journée. La baisse faisait suite à la publication d’un rapport de l’agence de notation Moody’s prévoyant une importante baisse des bénéfices des banques en 2017 en raison d’une augmentation de prêts dits « non productifs« .  Les chiffres de la production industrielle pour le mois de novembre publiés le même jour avaient marqué quant à eux un ralentissement plus important que prévu par rapport au même mois en 2015.

Début janvier, la livre turque avait chuté à un plus bas niveau historique de 3,60 livres contre le dollar après la publication du taux d’inflation de décembre 2016, en hausse de 1,34% par rapport au mois précédent, et de 8,53% par rapport à décembre 2015, bien au-dessus de l’objectif de 5% de la Banque centrale. En novembre, cette dernière avait relevé, pour la première fois depuis janvier 2014, son principal taux directeur (+50 points de base) pour maintenir à flot la devise turque.
« L’inflation en décembre a été pire que nos attentes, et, d’après nos projections, l’inflation pourrait atteindre un nombre à deux chiffres au deuxième trimestre 2017, même si la devise reste stable », a indiqué quant à lui dans une note écrite le cabinet BCG Partners.

Mardi, pour tenter de mettre fin à cette dégringolade, la Banque centrale avait pourtant annoncé dans un communiqué avoir baissé de « 50 points de base le ratio de réserves de change pour toutes les échéances ». « Avec cette révision, des liquidités de l’ordre d’1,5 milliard de dollars seront injectées dans le système financier », avait ajouté l’établissement financier. « D’autres mesures pourraient être prises pour maintenir la stabilité des prix et la stabilité financière », avait également tenu à préciser la Banque centrale.

Les autorités turques ont d’ores et déjà multiplié les efforts pour tenter d’enrayer la chute de la livre, le président Erdogan appelant même ses concitoyens à convertir en masse leurs devises. Mais la mesure n’aura eu que peu d’effet.

Le plus sombre pourrait être à venir, les économistes redoutant que cette chute se poursuive, compte-tenu notamment des incertitudes sécuritaires et de l’instabilité politique. Un éventuel passage à un système présidentiel ne ferait qu’accentuer les tensions dans un pays frappé par différents attentats liés notamment à la rébellion kurde et au groupe Etat islamique (EI / Daesh ). Ces attaques, qui ont fait 41 morts à Istanbul et à Izmir, marquent un début d’année 2017 sanglant pour un pays secoué en 2016 par un putsch manqué et une vague d’attentats sans précédent – qui a notamment mis en difficulté le secteur clé du tourisme – et des indicateurs de croissance dans le rouge.

Les autorités turques se disent quant à elles optimistes sur le plan financier. « Le taux de change n’est pas plus important que le déficit courant, l’emploi, la croissance ou l’inflation », a ainsi déclaré le ministre de l’Economie Nihat Zeybekçi, cité par le quotidien Hürriyet, ajoutant que la chute de la livre n’était que « temporaire ».

Cemil Ertem, conseiller principal du président Erdogan, voit derrière cette dégringolade de la livre turque un complot étranger qui aurait été fomenté pour encourager la spéculation et dévaluer la monnaie turque pendant les débats parlementaires sur la réforme constitutionnelle. « Il y a une opération en cours pour dévaluer rapidement la livre turque. Ce n’est pas une théorie conspirationniste. C’est une réalité très claire », a-t-il déclaré à Hürriyet.

Sources : AFP, AWP, presse turque

Elisabeth Studer – 11 janvier 2017 – www.leblogfinance.com

(34 commentaires)

  1. Un coup classique qui a déjà été utilisé dans l’histoire des crises monétaires. On connait la suite
    Celui qui va « stocker » le papier monnaie surproduit va être le nigaud !! Nous allons vers un choc énorme, il a été mis en place des 2007 par une évaluation truquée des valeurs, puis au printemps 2016 par la FED.
    Plus on cherche a bloquer la crise par des moyens électroniques, plus l’énergie « cinétique » sera forte au moment du déclenchement.

  2. Les renversements d’alliances marquent toujours les premières phases de la crise monétaire.

  3. Les maisons abandonnées par les déplacés ( chypriotes grecs) ont été habitées, vendues et achetées par des Chypriotes ( turcs ou anciens militaires turcs ou colons turcs !!) comme par des étrangers. L’achat de résidences secondaires, majoritairement dans la partie nord, par des touristes étrangers, notamment français et britanniques, complique une éventuelle restitution des propriétés.

    sur le site de Lorient le jour, journal francophone déménagé aux USA !!
    http://www.lorientlejour.com/article/1028894/quelle-solution-pour-les-deplaces-chypriotes-.html

    C’est ça un accord recherché par l’UE !! Des propriétaires français et britanniques qui profitent des biens spoliés par l’armée turque ?

  4. Visite en Turquie du chef de la CIA jeudi, selon Ankara AFP08/02/2017

    Le chef de la CIA, Mike Pompeo, va effectuer une visite en Turquie jeudi, ont annoncé mercredi de hauts responsables à Ankara au lendemain d’un entretien téléphonique entre les présidents turc et américain qui ont convenu de coopérer en Syrie.

    Lors de sa visite, M. Pompeo doit notamment évoquer avec les dirigeants turcs la question des milices kurdes en Syrie, soutenues par Washington au grand dam d’Ankara qui les considère comme des groupes « terroristes » liés au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), selon une source à la présidence turque.
    Le président Recep Tayyip Erdogan a appelé Washington à ne plus soutenir ces milices lors de son entretien téléphonique mardi soir avec son homologue américain Donald Trump.

    M. Pompeo et ses interlocuteurs turcs discuteront également du cas du prédicateur turc Fethullah Gülen installé aux Etats-Unis et à qui Ankara impute le putsch avorté de juillet contre le président Erdogan.
    La Turquie a réclamé à de nombreuses reprises l’extradition de M. Gülen mais s’est toujours heurtée au refus de Washington qui a fait valoir que toute décision en ce sens était du ressort de la justice.

    Les divergences turco-américaines sur ce dossier et celui des milices kurdes syriennes ont été une source permanente de tension entre Ankara et Washington sous l’administration de Barack Obama.
    Le principe de la visite de M. Pompeo a été arrêté lors de l’entretien téléphonique entre MM. Erdogan et Trump, le premier entre les deux hommes depuis l’investiture du nouveau président américain.

    Les deux hommes se sont en outre « mis d’accord pour agir ensemble à Raqqa et al-Bab », deux fiefs syriens du groupe Etat islamique (EI), selon la source à la présidence turque.
    La Turquie a engagé fin août une offensive dans le nord de la Syrie pour en chasser l’EI ainsi que les milices kurdes. Mais l’armée turque, qui agit en soutien à des groupes rebelles syriens, s’enlise à Al-Bab où elle a essuyé des pertes importantes ces dernières semaines.

    MM. Trump et Erdogan ont par ailleurs abordé la question de la création de zones de sécurité en Syrie, la crise des réfugiés ainsi que la lutte contre le terrorisme, selon la source turque.
    « Le président Trump a renouvelé le soutien américain à la Turquie en tant que partenaire stratégique et allié de l’Otan, et apprécie toutes les contributions dans la campagne contre le groupe Etat islamique », a pour sa part indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.

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