Précieuse nouvelle de ce week-end : Berkshire Hathaway, l’entreprise dirigée par le célèbre et très adulé investisseur américain Warren Buffett, a manifestement liquidé la totalité de son stock d’argent. A l’occasion de l’assemblée générale de son entreprise, samedi, le « sage d’Omaha » a évoqué de nombreuses questions quant à la stratégie d’investissement de Berkshire Hathaway (mnémonique, Nyse : BRKA), la société dont les actions « A » valent presque 90.000 US$ pièce. Principale nouvelle : la holding pourrait investir 30 milliards de dollars dans des acquisitions sur les trois prochaines années, afin d’utiliser son cash abondant.
Au passage, Buffett a évoqué les matières premières. Difficile de faire autrement avec la hausse des ‘commodities’, d’autant qu’il est connu que Berkshire avait acheté environ 130 millions d’onces (4.043 tonnes) d’argent en 1997, sans d’ailleurs faire aucun commentaire.
Mais avant toute chose..
… petit rappel de l’épisode précédent.
Dans notre papier du 13 mars dernier (‘Débat d’experts sur les stocks d’argent’), nous citions une note des spécialistes américains des matières premières de CPM Group. Que disaient-ils à l’époque ? Citons un paragraphe de cet article :
« Berkshire a acheté 129,7 millions d’onces d’argent en 1997, dont il a pris livraison en 1998 ». CPM Group estime sur la base d’« indications » que Berkshire a dû en vendre environ 25 millions d’onces en 2004. CPM évoque des rumeurs selon lesquelles Berkshire aurait profité des hauts niveaux de l’argent pour alléger encore début 2006. Ce ne sont que des rumeurs, précise le spécialiste des études sur les métaux précieux. Qui conclut que Berkshire doit encore détenir entre 100 et 129 millions d’onces d’argent, détenues « quelque part à Londres dans un lieu de stockage qui n’est pas considéré comme un stock de marché ».
CPM Group s’en prenait alors à l’estimation du londonien GFMS des stocks de marché européens, à Londres et Zurich principalement. Il accusait son concurrent britannique d’avoir commis une erreur grossière en comptabilisant, en tant que stock physique d’argent, les créances en argent que les banques avaient porté sur leurs livres de compte.
Nous écrivions, reprenant les termes d’une lettre que CPM Group adressait à la SEC en s’en prenant, sans le nommer, à GFMS : « Les coffres des banques de ces marchés [Londres et Zurich, NDLR] ne doivent contenir, en ce début d’année 2006, que 75 à 100 millions d’onces ». Or ce débat sur les stocks de métal blanc intervenait justement à la faveur du débat préalable au lancement de l’ETF sur argent de Barclays, d’une « contenance » maximale de 130 millions d’onces…
Buffett a-t-il « vendu l’argenterie de famille » ?
Notre intertitre reprend ici un jeu de mots fait par ResourceInvestor, hier dimanche. Commençons par passer en revue les sources qui permettent de répondre à cette question.
La première d’entre elle nous provient d’une dépêche de l’agence de presse Reuters, datée du samedi 6 mai, en provenance d’Omaha où se tenait l’assemblée générale de Berkshire. « (…) Buffett a déclaré samedi qu’il pensait qu’une spéculation de marché a touché les matières premières, comme le cuivre, et il a également indiqué qu’il ne possédait plus d’argent. ‘Nous avions beaucoup d’argent à une époque, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui’, a déclaré Buffett ».
Et Buffett d’ajouter cette sorte d’aphorisme à la Lao-tseu : « Ce que l’homme sage fait au début, le fou le fait à la fin… Tout actif qui enregistre une forte hausse basée sur ses fondamentaux attirera les spéculateurs ». Doit-on comprendre que selon Buffett, le ‘boom’ des matières premières est terminé et qu’il est temps pour les « sages investisseurs » d’en retirer leurs billes ? Du moins est-ce ce qu’il a fait avec ses stocks d’argent, comme le confirme le FT.
Dans son édition d’hier 7 mai, le Financial Times rapporte lui aussi des déclarations de Buffett portant sur les matières premières. Nous traduisons ici un paragraphe de l’article en question, signé par Richard Beales, envoyé spécial du FT à Omaha.
A propos des matières premières, M. Buffett a déclaré qu’il a perçu une participation spéculative à la récente hausse des prix, tout spécialement pour les métaux. Il a ajouté que Berkshire n’avait pas bénéficié de la forte hausse des prix de l’argent, bien qu’il ait possédé de ce métal par le passé. ‘Je l’ai acheté très tôt, je l’ai vendu très tôt. A part cela, tout était parfait’, a-t-il plaisanté.
Le ton de ces déclarations semble assez différent des propos rapportés par Reuters. On a ici l’impression que Buffett raille le ‘timing’ de sa propre intervention sur l’argent. Mais sans donner aucune date…
Mais alors, quand Berkshire a-t-il vendu son argent, en quelles quantités, à quel prix, et surtout à qui ? De tout cela nous ne savons rien. Citons cependant ce que rapporte l’excellent site ResourceInvestor dans un article d’hier. Il s’agit d’informations provenant de la lettre financière éditée par David Morgan très centrée sur l’argent, The Morgan Report.
Que dit Morgan, selon ResourceInvestor ? Eh bien il confirme, lui aussi, l’information dont font état les sources ci-dessus, en citant une source anonyme chez Berkshire – qui n’est pas Buffett. Voilà un croisement d’informations tout trouvé… « Selon cette source, aucun prix, aucune date ou aucune donnée de quelque sorte que ce soit n’a été donnée sur l’opération, en dehors du fait que la compagnie ne possède plus d’argent », indique la dépêche du site spécialisé en se référant à Morgan.
Dans son édition de ce 8 mai 2006, la note Metals Daily d’UBS Investment Bank évoque également la question. Selon John Reade, stratégiste en métaux précieux, « la compagnie de M. Buffett a acheté 138 millions d’onces d’argent en 1998 [ce chiffre diffère un peu des estimations précédentes, NDLR], ce qui a conduit brièvement à un doublement du prix de l’argent. Mais il n’a fait qu’une seule fois référence à cette opération, pour confirmer l’achat, puis M. Buffett n’a plus jamais parlé d’argent ».
« Maintenant que Berkshire Hathaway a confirmé qu’il avait liquidé sa position sur l’argent, cela retire l' »épée de Damoclès » qui surplombait le marché de l’argent et nous donne plus d’assurance encore que le métal argenté pourrait afficher plus de gains encore, si l’ETF sur l’argent continue d’enregistrer une augmentation de son stock d’argent », commente Reade.
Pour finir, quelques déductions entremêlées de conjectures
Nous noterons que l’annonce laconique de Buffett intervient le 6 mai 2006, soit une semaine après le lancement du premier ETF sur l’argent que le monde ait jamais connu, l’iShares Silver Trust (mnémonique, Amex : SLV) ayant trouvé sa voie sur l’Amex le 28 avril dernier.
Peut-on parler de coïncidence ?
1. En l’absence de toute donnée sur l’opération de vente, on ne peut que se répandre en conjectures. Mais n’oublions pas que si on ne sait pas d’où vient l’argent que Barclays Global Investors achète en contrepartie de l’émission de parts d’iShares Silver Trust, il faut bien qu’il vienne de quelque part.
2. Or d’après les dernières données de marché, il ne semble pas que le lancement de l’ETF ait occasionné de déficit sur le marché physique de l’argent, juste une hausse des cours liée à l’intérêt suscité par le produit. Et l’ETF de Barclays, avec ses 130 millions d’onces au plus, correspond peu ou prou ou stock d’argent précédemment détenu par Berkshire. Coïncidence ?
3. Rappelons aussi que nous savons, de source sûre, que les stocks d’argent de Berkshire et ceux de l’ETF américain sur l’argent de Barclays sont tous deux localisés à Londres. Cela n’a rien d’une surprise, Londres étant le principal marché physique de l’argent au monde. Mais voilà cela fait une coïncidence de plus. Nous savons également que l’argent de Berkshire n’était plus considéré comme un stock de marché ; donc il n’apparaissait plus sur les écrans radars du marché de Londres, ce qui facilitait une transaction – ou plutôt des transactions, l’achat de métal par Barclays étant progressif – en toute discrétion.
Alors, serait-ce l’argent de Warren Buffett qui a alimenté l’iShare Silver Trust ? Cette hypothèse n’est pas récente, elle avait déjà été évoquée au début de l’année 2006, alors que selon CPM Group, Buffett avait commencé à vendre une partie de son argent. Elle n’a rien perdu de sa pertinence aujourd’hui, même si aucun élément tangible ne permet de l’étayer.
Cité par ResourceInvestor, Jason Hommel, autre spécialiste de l’argent éditant la lettre Silver Stock Report, confirme cette hypothèse : « nous ne savons pas d’où vient l’argent de l’ETF, et il est possible que Warren Buffett en soit le fournisseur, ce qui ne cause pas de ‘shortage’ sur le marché ».
ResourceInvestor ajoute, non sans malice, que la Securities & Exchange Commission (SEC) américaine avait bien rapidement envoyé promener les critiques de la Silver Users Association qui craignait, non sans raison, que l’ETF de Barclays ne vienne à faire disparaître une grosse partie des stocks de marché d’un seul coup. Il s’agissait pourtant d’une objection bien fondée, qui d’ailleurs ne s’est pas concrétisée. Peut-être la SEC savait, elle aussi, d’où viendrait l’argent de l’ETF, et que c’est pour cela qu’elle a estimé que le produit de Barclays ne nuirait pas à la liquidité du marché ?
Puisque personne ne daigne s’exprimer clairement sur ce sujet, nous ne pouvons parler qu’au conditionnel. Nous notons d’ailleurs que l’ETF de Barclays, dont la SEC attendait aussi qu’il clarifie le fonctionnement fort opaque du marché de l’argent, n’a pas vraiment atteint cet objectif. Pour l’instant du moins…
Terminons par un constat de John Reade sur ce fameux ETF. Dans sa note de ce 8 mai, Reade confirme son constat de vendredi : l’accumulation d’argent par l’ETF de Barclays continue, mais son rythme se ralentit de plus en plus. Qu’on en juge, d’après les chiffres fournis par www.ishares.com : le stock a augmenté de 6,5 millions d’onces mercredi soir, de 3,5 millions d’onces jeudi soir et de 2 millions d’onces vendredi soir ; soit un total de 44 millions d’onces, ou 1.368 tonnes de métal.
En attendant, le marché de l’argent ne semble pas déstabilisé outre mesure par cette annonce : sur le marché au comptant, l’once d’argent cotait a ce matin dépassé de nouveau les 14$ l’once, avant de repasser dessous dans la matinée. Comme s’il se sentait mieux après la disparition de l’épée du Damoclès d’Omaha…
A l’heure où nous publions cet article, soit peu après 13 heures (heure de Paris, France), le cours est de 13,76$, soit 10,77
Les hypothèses de Sherlock deviendront-elles les preuves d’Emmanuel ?
En tout cas tout cela est intriguant
Merci Emmanuel !
Tu frappes un grand coup !
Je pisse dans mes frocs !
« Maintenant que Berkshire Hathaway a confirmé qu’il avait liquidé sa position sur l’argent, cela retire l' »épée de Damoclès » qui surplombait le marché de l’argent et nous donne plus d’assurance encore que le métal argenté pourrait afficher plus de gains encore, si l’ETF sur l’argent continue d’enregistrer une augmentation de son stock d’argent », commente Reade. »
IL NE FAUT QUAND M
bonjour !
big stock de bill ? il est propriétaire d’une mine d’argent c’est tout , amha .
Bonjour,
A ma connaissance en effet, Gates ne possède pas de stock d’argent, mais des parts dans Pan American Silver (mnémo, Nasdaq : PAAS). Elles ne lui ont pas coûté bien cher, une dizaine de millions de dollars de tête. Et il a revendu un gros morceau de cette participation (1,79 M de titres) en décembre dernier.
George Soros, également, avait acheté à une époque 26% d’Apex Silver Mines (mnémo, Amex : SIL). Il n’en a plus que 6% aujourd’hui, et détient également des actions Newmont Mining (mnémo, Nyse : NEM).
EG
Et bien Merci à vous deux de la précision !
Bien content quand même de faire réagir !
Je me coucherai moins c.. ce soir !
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