Égypte : grève des juges contre la Déclaration constitutionnelle

Rien ne va plus de nouveau en Égypte.

Le  Conseil supérieur de la magistrature a en effet décidé de suspendre les activités des tribunaux égyptiens.   Les  magistrats  veuillent ainsi  signifier leur désaccord  contre le décret renforçant les pouvoirs du président Mohamed Morsi. C’est  en effet  ce qu’a indiqué samedi le président du Club des juges d’Egypte Ahmad Zand.

Les  juges  égyptiens  devraient donc  cesser le travail dans tous les tribunaux à partir de ce dimanche pour protester contre une « attaque sans précédent contre l’indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements lancée par le président Morsi ».

Ahmad Zand  a par ailleurs laissé entendre que  la grève se  poursuivrait jusqu’à l’abrogation du décret présidentiel.

Le Conseil, qui supervise les affaires administratives et les nominations des juges et magistrats, a  par ailleurs appelé le président à retirer de sa déclaration constitutionnelle «tout ce qui touche au judiciaire».

Rappelons   que la Déclaration constitutionnelle annoncée  par le président égyptien jeudi soir confère au chef d’Etat le droit de « prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution ».

Parallèlement, les institutions judiciaires ne seront plus habilitées à surveiller les activités du Conseil consultatif (chambre haute du parlement) et de la Commission constitutionnelle chargée de mettre au point la loi fondamentale du pays.

Selon le camp  de Morsi, de telles  mesures  seraient avant  tout justifiées par la volonté de l’exécutif   d’accélérer les réformes démocratiques et de rédiger  rapidement une nouvelle Constitution.

Les magistrats   ne sont pas les seuls  à  signifier  leur  désaccord, les  partis et mouvements libéraux de l’Egypte ayant  quant à eux fustigé la Déclaration, la qualifiant de « contre-révolutionnaire » et dénonçant un « coup contre la légitimité ».

Les opposants  au président l’accusent de se comporter  en « pharaon » et de mettre en péril l’indépendance du pouvoir judiciaire et les acquis de la révolution.

Parallèlement, les partisans du président Mohamed Morsi ont lancé  un appel à la manifestation  dimanche, sous l’impulsion des Frères musulmans, le tout dans  une véritable  épreuve de force entre le  pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

Précisons que cette  crise est la première  d’une  telle ampleur  en Egypte depuis l’élection en juin  dernier  de M. Morsi,  le premier président islamiste et civil égyptien.

A noter  que  dimanche, un média  officiel  égyptien   a  toutefois  laissé  entendre que Mohammed Morsi devrait rencontrer lundi des représentants de la plus haute autorité judiciaire du pays, le Conseil supérieur de la magistrature, pour discuter du décret étendant les pouvoirs du chef de l’État.

Sources  : AFP, Reuters, Ria  Novosti

Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com – 25 novembre 2012