Si au début de l’année, le groupe pétrolier français TOTAL avait dit attendre une hausse de sa production d’hydrocarbures proche de 6% pour 2007, Christophe de Margerie, directeur général du groupe ne semble plus tout à fait aussi optimiste

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Si au début de l’année, le groupe pétrolier français TOTAL avait dit attendre une hausse de sa production d’hydrocarbures proche de 6% pour 2007, Christophe de Margerie, directeur général du groupe ne semble plus tout à fait aussi optimiste
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Total annonce une croissance moyenne des volumes (gaz + liqides) de 4% par an pour un baril à 60$.
Compte tenu de l’évolution des prix, une hypothèse prudente pour une prévision sur les volumes aurait été de choisir une hypothèse de prix haute par exemple de 80$/bl. En raison des accords de partage de productions, 20$ de plus sur le prix entraînera une baisse des volumes de 60000 bl/d soit 2,6% de la production.
Compte tenu de l’hypothèse optimiste d’épuisement des productions existantes retenue de 3 à 4% (contre 6% en moyenne dans la profession) il faut donc s’attendre à un accroissement moyen REEL des productions de Total de l’ordre de 1% par an.
Une présentation rigoureuse de ces questions dissocierait les gaz et les liquides. En effet le prix de vente du baril équivalent de gaz (35$/bl) est grosso modo égal à la moitié du prix de vente du baril de pétrole (74$/bl). Une croissance de 10% des productions de gaz ne représente en $ que 5% de production de pétrole. Une approche chiffrée devrait diviser par deux les volumes de gaz pour les comparer à ceux du pétrole.
Au crédit de Total il faut noter la volonté de moderniser son outil de raffinage en l’équipant d’unités de désulfuration et de conversion profonde qui permettent de transformer des huiles lourdes, achetées à vil prix, en essence ou gasole, indexés sur les cours du BRENT ou du WTI. Cette approche le distingue certains de ses pairs (BP par exemple) qui abandonnent de larges pans de l’aval.
Attention Société Generale vient de baisser la note suite à cette annonce
SG, abaisse son objectif de cours de 4,2% à 57,5 euros contre 59 euros auparavant.
Abaisser les objectifs de cours sur cette annonce n’a pas de sens, puisque les modifications des chiffres publiés sont essentiellement la conséquence d’un changement d’hypothèse de Total qui manipulait auparavant un cours stupide du pétrole à 40$/bl et qui l’a enfin revu à 60$/bl.
Par contre la non tenue de ces accroissements de 4% annoncés décevra, à terme, les marchés qui oublieront l’hypothèse de prix.
De toute façon, compte tenu de la faible exposition relative de Total aux gisements en déclin (Europe+ Amérique= 33% des volumes contre 50% pour Exxon)et de ses positions fortes en Afrique il devrait, en variations relative de volumes de production, surperformer ses concurrents tels Exxon, BP, RDShell et Chevron.
La croissance continue des cours du pétrole et des marges de conversion devraient assurer à Total des revenus croissants dans les années futures.
Pour l’instant, Total affirme qu’il ne se consacre qu’à une politique de croissance organique rentable…jusqu’à ce que les grandes manoeuvres de concentration démarrent.
Il y a trop d’opérateurs sur ce marché du gaz et du pétrole
– agressé par les compagnies d’Etat (Aramco, Gazprom, NIOC,PEMEX, PDVSA, etc.) qui veulent conserver leurs réserves et s’intègrent de plus en plus vers l’aval;
– asséché par l’épuisement des ressources surexploitées en Europe et aux Amériques.
Sur un marché accesible dont les volumes de production baissent, malgré une hausse régulière des prix, la seule issue est le regroupement des forces. On a assisté, en 2005, à une avant première de ces futures festivités avec l’OPA des Chinois sur Unocal qui a finalement terminé chez Chevron.
Seules survivront les Groupes qui auront les technologies et les ressources pour aller chercher les gisements perdus dans les glaces de la Mer de Barents, les sables bitumineux de l’Athabasca, les huiles lourdes de Chavez, les gisements offshore ultraprofonds du Golfe du Mexique.
Total devrait faire partie de ceux-là.