Les ministres des Finances du G7 ont appelé la Chine à « accélérer » l’appréciation du yuan dans le communiqué publié à l’issue de leur réunion samedi à Tokyo.
Arguments plaidant pour la mise en application de telles mesures : la hausse de l’inflation chinoise et son excédent des comptes courants.
« Nous saluons la décision de la Chine d’accroître la flexibilité de sa devise, mais au vu de la hausse de son excédent des comptes courants et de son inflation, nous encourageons une hausse accélérée de son taux de change effectif« , indique le communiqué.
Il ne fait par contre aucune mention du niveau du yen, du dollar ou de l’euro, qui a frôlé il y a huit jours ses sommets historiques, près de 1,50 dollar.
Les pays de la zone euro souhaitaient que le communiqué final du G7 s’alarme de la chute continuelle du dollar face à la devise européenne, qui pénalise fortement les exportateurs du vieux continent.
La vague d’intempéries qui frappe une grande partie de la Chine au coeur de l’hiver pousse les prix à la hausse et complique la tâche du gouvernement dans son combat contre l’inflation.
La neige et les pluies glacées qui paralysent depuis plusieurs jours les infrastructures du sud et l’est du pays – les pires depuis un demi-siècle – tombent au plus mauvais moment pour les autorités qui cherchent à endiguer une inflation au plus haut depuis onze ans. L’indice des prix à la consommation a fait un bond de 4,8% en 2007.
Mesuré en rythme annuel, les prix à la consommation ont augmenté de 6,9 % en Chine au mois de novembre, poussant ainsi l’inflation à son plus haut niveau depuis décembre 1996. Les prix du porc ont encore bondi de 56 % sur un an, poussant l’ensemble des prix des produits alimentaires, qui représente un tiers du panier des ménagères, à la hausse de 18,2 %.
Après avoir longtemps été maintenus à 1 %, la hausse des prix des produits non alimentaires a progressé en novembre de 1,4 % sur un an. Celles des prix du gaz, de l’eau et de l’électricité auraient été particulièrement ressenties par les foyers chinois.
Comble de malchance, les pressions sur les prix des produits alimentaires se sont encore accrues ces dernières semaines en raison de la situation climatique. Or, ces évènements tombent malheureusement lors de la période la plus chargée dans les transports en raison du nouvel an.
Les prix des produits alimentaires pourraient encore augmenter dans les mois à venir, car de nombreux champs du sud du pays, où sévit normalement un climat clément en hiver, sont gelés ou enneigés. Avec des températures en dessous de 8 degrés dans de nombreuses régions, les cultures vont être affectées, estiment les observateurs.
Si des économistes du gouvernement évoquent d’ores et déjà une hausse de l’indice des prix à la consommation de 6,5% en janvier (en rythme annuel), d’autres envisagent un taux encore plus haut. Li Huiyong, analyste pour la firme de courtage Shenyin Wanguo, prévoit 6,8% en janvier et 7% en février.
Alors que le gouvernement n’était pas préparé à affronter une catastrophe météorologique de cette ampleur, les récentes mesures pour juguler l’inflation n’ont fait qu’aggraver l’impact des tempêtes, relèvent des analystes. Face à la montée du mécontentement populaire dû à la reprise de l’inflation, le gouvernement avait imposé un contrôle des prix de certains aliments de base, de l’électricité et de l’essence.
« L’une des conséquences a été une baisse de l’offre de l’électricité et des services dans le domaine des transports », estime Hong Liang de chez Goldman Sachs. Des producteurs d’énergie ont sous-investi dans les stocks de charbon, exacerbant ce que l’analyste appelle « une crise idiote de production ».
« Les tempêtes de neige auront un impact très négatif sur les profits industriels et sur l’inflation au premier trimestre », insiste Feng Yuming, économiste chez Orient Securities à Shanghai.
Pékin rechigne toutefois à accélérer trop brutalement l’appréciation de sa monnaie, comme le lui demandent Washington et Bruxelles, pour résoudre ces problèmes de surchauffe.
Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale chinoise, a d’ailleurs rappelé en décembre dernier qu’une hausse du taux de change du yuan ne suffirait pas à elle seule à réduire l’excédent commercial chinois.
Le surplus commercial avec les Etats-Unis a continué de se creuser depuis 2005, alors que, dans un même temps, le yuan s’est apprécié de plus de 10 % par rapport au billet vert. « Contrairement à ce que disent les critiques, la hausse du yuan n’a pas été petite », avait alors pointé Zhou Xiaochuan.
Sources : AFP, Les Echos
Je me permets de conseiller la lecture de:
http://www.theatlantic.com/doc/print/200801/fallows-chinese-dollars
Notamment, la partie « the voyage of a dollar ».