Eurogroupe : objectif déficit zéro pour la France en 2010

Tol_rance_z_ro_2L’Eurogroupe a invité lundi la France à accélérer l’assainissement de ses finances publiques afin de parvenir à un déficit zéro en 2010 si les conditions le permettent, a déclaré son président.

Paris estime que la baisse de la croissance rend cet objectif probablement hors de portée.

L’excuse semble toutefois peu recevable aux yeux de plusieurs de ses partenaires européens, opposés à ce que Paris argue du ralentissement économique en cours pour retarder le retour à l’équilibre de ses comptes publics.

« Nous avons exprimé l’avis unanimement partagé que la France doit renforcer sa consolidation budgétaire et son niveau de dette« , a dit le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker en ajoutant que les ministres des Finances de la zone euro appréciaient les réformes structurelles mises en oeuvre.

La France devra donc parvenir à un déficit zéro en 2010, et non en 2012 comme elle l’envisage dans son scénario privilégié, mais uniquement « si les conditions cycliques » le permettent.

Mais l’Allemagne et des Pays-Bas, deux pays figurant parmi les « bons élèves » de l’Europe en matière budgétaire ont toutefois adressé les remontrances les plus vives à la France.

« Nous nous sommes mis d’accord à Berlin en avril de l’année dernière » pour équilibrer nos comptes publics d’ici 2010, a dit le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück aux journalistes, en arrivant à une réunion avec ses collègues de la zone euro à Bruxelles. « Les grands Etats membres en particulier devraient avoir obligation d’atteindre l’objectif de moyen terme, au plus tard en 2010 », a-t-il ajouté.

« La confiance de la population en Europe n’augmentera que si les règles sur lesquelles nous sommes tous tombés d’accord sont respectées par tous les pays, les petits comme les grands« , a renchéri le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos, en prévenant qu’il n’accepterait aucune excuse des Français sur l’objectif de 2010.

Le président français Nicolas Sarkozy avait été le premier, en juillet 2007, à commencer à revenir sur l’engagement de 2010, pris par les pays européens pris en avril 2007, avant son élection. Paris vise à présent plutôt 2012. Ce qui irrite nombre de ses partenaires.

« Nous faisons tous les efforts possibles pour parvenir à l’équilibre en 2010 mais dans la situation actuelle il ne faut pas se raconter d’histoire, ce sera très difficile, indépendamment de notre volonté », a encore averti la ministre française de l’Economie Christine Lagarde dans un entretien au Figaro lundi. « En un an, la situation a beaucoup évolué et s’est fortement tendue », a estimé Mme Lagarde.

La France, dont les déficits sont actuellement parmi les plus élevés des grands pays européens, espère convaincre ses partenaires qu’il lui faut plus de temps, à l’occasion des réunions lundi soir de l’Eurogroupe puis mardi de l’ensemble des ministres des Finances de l’UE.

Mais le ministre néerlandais s’est dit peu convaincu par l’argument du ralentissement de la croissance dans le monde et en Europe. « Le problème est que les Français ont demandé » un report « avant même qu’il y ait un affaiblissement » de l’activité, donc « je ne pense pas que ce soit la vraie raison », a dit M. Bos à Bruxelles.

L’Espagne, l’Autriche et Chypre notamment, ont également invité lundi la France à respecter la règle commune.

Pour sa part, sans citer la France, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté les pays de l’UE à « continuer à réduire les déficits budgétaires » malgré le ralentissement de l’activité, dans un communiqué publié à l’occasion de l’Eurogroupe. Il a mis en garde contre des « réactions précipitées », en particulier « une stimulation artificielle de l’économie européenne ».

En septembre dernier, Jean-Claude Juncker, avait critiqué le manque d' »ambition » de la France en matière de réduction de son déficit public, à l’issue d’une réunion à Porto.

« Nous pensons que les ambitions dont la France a fait preuve (…) ne correspondent pas tout à fait au niveau des attentes qui est le nôtre« , a lancé Juncker en rappelant que les engagements pris à Berlin pour 2010 devaient être honorés. « La France devra amplifier son effort de réduction de la dépense publique« , a-t-il ajouté.

Les réformes structurelles engagées par la France « vont dans la bonne direction et sont de nature à augmenter le potentiel de croissance« , mais « nous pensons que réformes structurelles et amélioration budgétaire doivent aller ensemble« , avait ajouté le ministre des Finances et Premier ministre luxembourgeois. « Cela demande des efforts des autorités françaises et cela demande une pression des pairs qui se poursuivra » a également fait remarquer le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

La France ne prévoit le retour à un quasi-équilibre en 2010 que si la croissance atteint 3% à compter de 2009, une performance qu’elle n’a plus atteint depuis la période 1997-2001 et avec laquelle elle ne semble pas près de renouer, puisque la Commission prévoit une hausse de l’activité de 1,9% seulement pour 2007.

Sources : AFP, Reuters

(6 commentaires)

  1. On avait les critères de Maastricht. Contrairement à ce que l’on a dit à l’époque, ces critères laissaient une certaine latitude pour gérer le budget. Il suffisait de ne pas dépasser les 3% de déficits. Mais pour Chirac, c’était déjà trop. La France étaient en infraction continuelle. Nos partenaires ont renoncé aux sanctions prévues par le texte, mais en échange Chirac devait accepter une camisolle de force: l’équilibre du budget en 2010. A l’époque cela avait été présenté comme une victoire par Chirac. Chirac expliquait que cet accord permettrait une certaine négociation avec nos partenaires. La situation actuelle prouve que non.
    Atteindre l’équilibre du budget en 2010, cela demande un effort considérable pour des pays endettés comme la France ou l’Italie.

  2. Le retour à l’équilibre budgétaire est tout simplement une utopie.
    Que ce soit en 2010 , 2012 ou 2015 cela ne change rien. L’Etat est un très mauvais gestionnaire et n’a plus présenté un budget en équilibre depuis 1980. 27 exercices d’affilée de déficit et de creusement de dette plus les intérêts et il y a encore des gogos pour croire au rétablissement des finances publiques.
    La France va devoir vendre les bijoux de famille aux arabes, aux russes, aux chinois et autres indiens à terme. C’est à cause de cela que la classe politique s’inquiètent des fonds dits « souverains ».
    Ces pays ont des liquidités tandis que les pays occidentaux n’en ont pas. Ils vont en profiter au passage pour faire de belles acquisitions, débaucher des compétentes et transférer des technologies.
    Je prédis la fin prochaine de l’Occident dont l’économie et le système financier ne repose que sur la consommation à outrance stimulée par la dette.

  3. Enfin, ce n’est pas que la faute à Chirac. C’est surtout notre responsabilité collective et aussi aux corporations qui ne veulent rien changer.
    En France, on veut tout gratuit sans savoir ce que cela coute à la socièté… Après, il ne faut pas s’étonner que les dépenses dérappent…
    Piscine, patinoire, des classes inférieurs à 20 éléves, des médicaments (de marque de préférence) à prix réduits, des subventions pour soutenir l’agriculture, les pécheurs, les taxis… Et puis protéger les fonctionnaires, les médecins, les pharmaciens, les notaires, les politiques…
    Nous sommes dans une socièté d’assistés et de rentiers prêt à foutre en l’air la vie de leurs enfants pour satisfaire leur « way of life made in France »
    Restons optimistes, aujourd’hui, il fait beau…

  4. C’est très possible d’avoir un équilibre budgétaire ; c’est presque le cas de la Suisse.
    Pour la France, il « suffit » de virer 10 millions d’immigrés, de supprimer 5 millions de postes de fonctionnaires (dont les profs) et parapublic, de porter la retraite à 65 ans pour les hommes, 70 pour les femmes.
    En clair, il faut un gouvernement qui gouverne, pas des parasites.

  5. Dadounet,
    Vos propositions sont irréalistes.
    – « Virer 10 millions d’immigrés » :
    Cela revient non seulement à virer tout les étrangers mais aussi à virer tout ceux qui ont la nationalité française.
    David Martinon l’immigré hollandais a déjà été viré de Neuilly et voilà que vous voulez le virer de la France.
    – « supprimer 5 millions de poste de fonctionnaires (dont les profs) et parapublic »
    Il y a en tout et pour tout 5,9 millions d’emploi publics et semi-publics.
    Comment comptez-vous faire tourner le pays et ses administrations avec 900.000 personnes?
    – « porter la retraite à 65 ans pour les hommes, 70 pour les femmes. »
    Même si les femmes vivent plus longtemps que les hommes cette différence de traitement serait considérée comme discriminatoire et anticonstitutionnelle. Donc vous choisissez 65 ou 70?

  6. ce qui est intolérable, c’est le statut de la fonction publique, qui oblige à garder un prof inutile ou incapable ; qu’il faille des profs, j’en suis bien conscient, mais qu’il soit licenciable comme un autre, et payé en fonction de l’opinion qu’ont de lui les parents de ses élèves ;
    900 000, c’est certainement encore trop !
    Je ne choisis pas 65 ou 70 ans, mais de modifier la constitution (une fois de plus…) ; en fait, passons à la retraite par capitalisation le plus vite possible, le seul moyen d’avoir des fonds de pension qui feront tourner nos entreprises (elles-mêmes revigorées par la baisse des charges consécutives à la fin de l’état providence, impliqué par la présence d’immigrés incapables de s’assurer par eux-mêmes un train de vie décent), alors que ces entreprises sont de plus en plus possédées par des fonds de pension étrangers, qui les pressurent à court terme et les vendront par département lorsqu’ils devront payer leurs pensionnaires.

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