Les pays émergents asiatiques verront leur croissance ralentir en 2008 et devront s’attaquer aux risques inflationnistes sous peine d’entrer dans une spirale de plus en plus difficile à maîtriser.
C’est le constat peu réjouissant que vient d’établir la Banque asiatique de développement (ADB).
Car, certes, si la région résiste bien à la crise des subprime, l’inflation semble s’être mis à galoper de manière bien inquiétante.
Elle pourrait ainsi atteindre son plus haut niveau depuis dix ans, constituant un risque majeur.
La région qui comprend la Chine, l’Inde, les « tigres » d’Asie du Sud-Est, la Corée du Sud et l’Asie centrale, devrait connaître une croissance moyenne du Produit intérieur brut (PIB) de 7,6% en 2008 contre 8,7% l’an dernier, estime l’organisation dans ses perspectives économiques annuelles. Il y a six mois, elle prévoyait 8,2% de croissance pour 2008.
Ce niveau de croissance serait le plus bas depuis 2003, année durant laquelle il avait atteint 7,1%.
« Economiquement, socialement et politiquement, la situation va devenir très dangereuse. En Asie, nous nous sommes beaucoup focalisés sur la croissance et nous avons considéré la stabilité des prix comme un acquis, mais la réalité reprend ses droits » affirme ainsi Ifzal Ali, économiste en chef chez ADB.
Selon la Banque, la croissance de la région devrait remonter à 7,8% en 2009, si la crise du crédit ne dure pas trop longtemps. Le taux de croissance du PIB de la Chine devrait atteindre 10% en 2008, après 11,4% l’an dernier, et 9,8% en 2009 . L’Inde, dont l’économie est moins exposée à l’évolution de la conjoncture mondiale, devrait enregistrer 8% de croissance cette année contre 8,7% l’année dernière et 8,5% l’an prochain.
La BAD considère que l’inflation tirée par la hausse des prix des biens alimentaires et du pétrole est un risque réel pour la région. Elle estime par ailleurs que l’inflation en Asie devrait en moyenne atteindre 5,1% en 2008, soit son plus haut niveau depuis le chiffre de 6,1% atteint lors de la crise asiatique de 1998.
Les aides publiques auxquelles ont recours bon nombre de gouvernements de la région pour amortir l’impact de la flambée des prix des matières premières menacent les budgets affirme-t-elle par ailleurs.
« Si les gouvernements ne repensent pas leurs programmes d’aides publiques onéreux et inefficaces, les dépenses budgétaires pourraient bondir et nécessiter de douloureux ajustements ultérieurs », explique la Banque. « Une politique prudente de soutien direct aux revenus à destination des pauvres sans limite budgétaire stricte pourrait apaiser les tensions et coûter moins cher » selon elle.
Lui emboîtant le pas, la Banque Mondiale a averti mardi que le contrôle des prix en Chine, visant à atténuer l’inflation, pouvait s’avérer au contraire contre-productif.
Des contrôles trop contraignants pour les entreprises pourraient décourager la production et une réduction de l’approvisionnement apporterait un surplus d’inflation, a ainsi expliqué Louis Kuijs, économiste en chef de l’institution en Chine lors d’une conférence de presse.
Dans un document consacré aux économies de l’Asie de l’est publié mardi, la BM souligne que « l’inflation a grimpé à des niveaux inconfortables dans pratiquement tous » ces pays, en raison notamment des prix de l’alimentation et des carburants élevés.
« Certains ont recours au contrôle des prix et d’autres à des mesures administratives pour infléchir momentanément l’inflation, mais cela ne fait qu’avoir un effet de distortion sur le marché et encourage le marché noir à plus long terme », indique l’institution.
Source : Reuters, AFP
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