Effondrement du crédit en France au premier semestre

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Les banques françaises vont mieux, nous dit-on. Elles dégagent même de nouveau du profit depuis quelques mois. Heureusement, serait-on tenté de dire, car elles ont tout de même coûté à l’Etat, c’est-à-dire au contribuable, la bagatelle de 21 milliards d’euros d’aides publiques en capital. Ces milliards eux-mêmes prêtés aux agents économiques – entreprises et particuliers – seraient donc à l’origine de la miraculeuse embellie ? Pas du tout ! Les banques les ont placés sur les marchés financiers (« business as usual ») et ont pu ainsi se refaire une santé et se verser des bonus. Point à la ligne.

Le crédit aux ménages et aux entreprises, quant à lui, a connu une contraction « historique », chutant respectivement de 27,2% et de 24% au premier semestre 2009 selon l’Association française des sociétés financières (ASF).

Selon l’ASF, le montant des crédits accordés aux ménages pour financer leur logement a reculé de 27,2%, une baisse plus marquée encore qu’au premier (- 8,6%) et au second (- 15,6%) semestre 2008. Pour rappel, les crédits à la consommation ont baissé de 15,8% au premier semestre de cette année, « une contraction inédite depuis 20 ans », souligne l’ASF.

La baisse est plus sensible (- 27,3%) pour les prêts personnels (crédits sans objet spécifique). Les crédits affectés à l’automobile reculent de 12,3%, ceux destinés à l’équipement des foyers de 9,2%. Les crédits renouvelables cèdent 10,5%.

En ce qui concerne les crédits accordés aux entreprises pour financer leurs équipements, ils ont chuté de près de 24%. En tête les opérations de crédit-bail mobilier, qui ont décroché de 29,1% : « un effondrement d’une amplitude sans précédent depuis le printemps 1993 », indique l’ASF.

On pourra se consoler en se disant que la situation n’est pas plus enviable aux Etats-Unis. Ou que les banques ne sont pas seules responsables de la situation, car on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Avec la montée du chômage, la chute de la consommation et l’étranglement du crédit étaient prévisibles. De même qu’était prévisible le retour de nos grands argentiers à leurs pratiques détestables. Mais ce qui est impardonnable, c’est que, ce faisant, ils prennent le risque de nous emmener tous vers une grave rechute.

Sources : AFP, ASF

(10 commentaires)

  1. Les aides publiques n’ont-elles pas été octroyées sous forme de prêt à 8% ? Si tel est le cas, l’opération devrait être positive pour l’Etat ?!

  2. Ce n’est pas aussi simple. Je vous renvoie au rapport que la Cour des comptes a rendu public le 30 juin sur le sujet :
    http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPT/Rapport-concours-publics-etablissements-credits.pdf
    Ce rapport souligne que contrairement à ce qui a été dit, il n’est pas du tout évident que les prêts aux banques rapporteront de l’argent à l’Etat. D’abord parce que ce taux pourrait être abaissé, comme certains membres en ont fait la demande à la Commission européenne.
    Ensuite et surtout, parce que l’impact du plan de soutien sur la dette publique n’a pas été pris en compte. Le déficit se creusera si les fonds levés pour les banques alourdissent le montant de la dette publique et donc les intérêts payés par l’Etat aux créanciers.
    Conclusion de la Cour (sur l’aspect financier, car elle critique aussi l’absence de participation de l’Etat aux conseils d’administration des banques, alors qu’il en est devenu un des actionnaires les plus importants) :

  3. L’accès au crédit des PME de la zone euro se dégrade
    Par Lothar Gries, à Francfort – AGEFI 22/09/2009
    Près de la moitié d’entre elles font état de difficultés croissantes pour obtenir un prêt auprès d

  4. On peut essayer de chiffrer le coût des prêts aux banques en tenant compte de leur impact sur le déficit de la France et sur les taux d’intérêts.
    La différence entre les taux français et allemands est passé en 1 an de 0.2% à 0.5% (et même 0.6% il n’y pas si longtemps) principalement en raison de l’explosion du déficit de la France qui est passé de 56 milliards en 2008 à environ 120 milliards prévus cette année (dont les 21 milliards prêtés aux banques).
    http://www.ecb.int/stats/money/long/html/index.en.html
    Cette différence de taux pèse sur la dette empruntée depuis la crise soit sur les 120 milliards de déficit prévus plus la dette arrivant à maturité et les intérêts de la dette en cours soit environ 200 milliards de plus qu’il faut aussi (ré)emprunter. Payer un taux de 0.5% de plus sur un montant annuel de 320 milliards à emprunter représente par an 1.6 milliards d’intérêts supplémentaires à payer par la France. Sur ce montant, combien sont imputables aux 21 milliards empruntés pour être prêtés aux banques ?
    Une simple règle de trois donnerait un aggravement du taux d’intérêt de la dette de 0.1% pour la France en raison des prêts aux banques mais sous-estime sans doute l’impact sur le marché de la perte de confiance dans l’état français et la solidité des banques françaises.
    Sur une dette de 1400 milliards, une différence de taux de 0,5% représente 7 milliards d’intérêts à payer en plus chaque année. Heureusement, on ne renégocie pas l’intégralité de la dette chaque année, mais un spread de taux s’est installé (sans doute de façon durable) pour la dette française alors que la situation allemande est loin d’être enviable. Le PIB allemand a baissé de 2.5% en 2008 et baissera de 5% à 6% cette année, le déficit qui était nul en 2008 explose avec plus de 4% prévu en 2010, etc …

  5. Il faut préciser que les 21 milliards prêtés aux banques françaises font partie d’une enveloppe de recapitalisation de 40 milliards d’euros au total.
    En échange, les banques s’étaient engagées à faire croître leur crédit de 3 à 4% en rythme annuel…

  6. Les prévisions (assez pessimistes pour la France) sur l’évolution des taux d’intérêt en Europe vues par Natixis.
    Un déficit public plus élevé de 1 point du PIB accroîtrait le taux d

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