Repsol : la Russie prête à aider Loukoïl « politiquement »

Repsol La Russie persiste et signe (enfin presque …), il faut dire que l’enjeu est de taille : accéder au marché du gaz ibérique.

Loin de faire le bonheur de la classe politique espagnole, le ministre russe de l’Energie a déclaré mercredi que le gouvernement russe était prêt à aider « politiquement » le groupe pétrolier russe Loukoïl à acquérir une partie de la compagnie pétrolière hispano-argentine Repsol.

Moscou affiche ainsi clairement que politique, finance et aides aux grands groupes pétroliers ne sont jamais bien éloignés en Russie …

« Si Loukoïl en a besoin, nous lui donnerons le soutien politique approprié », a ainsi déclaré Sergueï Chmatko en marge d’une rencontre au Kremlin des présidents russe Dmitri Medvedev et argentine Cristina Kirchner.

Selon des rumeurs de presse plus que pressantes, le groupe pétrolier russe Loukoïl envisage d’acheter de 20 à 30% du groupe Repsol.

L’éventualité qu’un groupe d’hydrocarbures ibérique puisse entrer dans le giron russe a déclenché une tempête politique en Espagne.

Laa droite accuse le gouvernement socialiste de vouloir laisser une entreprise jugée proche du Kremlin mettre la main sur un groupe « stratégique » pour l’approvisionnement énergétique de l’Espagne. L’opération n’en est certes pas éloignée …

Certains analystes estiment cependant que Loukoil ne dispose pas à l’heure actuelle de la « carrure » financière pour un tel invetisssement. Le prix du baril de pétrole vient récemment d’atteindre son plus bas depuis décembre 2004 alors que le coût de l’opération pourrait atteindre jusqu’à dix milliards d’euros.

Selon le quotidien russe Kommersant, l’opération autour de Repsol connaît de « sérieux problèmes », notamment de « liquidités », en raison de la crise financière qui réduit les sources de financement étrangers pour les compagnies russes.

Mais la crise financière offre une formidable à la Russie de pénétrer de manière importante sur le marché espagnol, Repsol étant pris dans la tourmente et ayant besoins de liquidités. Une telle aubaine ne se présente pas tous les h jours..

D’après M. Chmatko, des discussions seraient actuellement en cours sur les conditions financières, les possibilités de crédits concernant cette éventuelle opération. « La Russie s’intéresse à une entrée de Loukoïl sur le marché européen de l’énergie via des actions », a-t-il poursuivi.

Mais l’Europe n’est pas le seul marché « visé. Repsol est actuellement également très présent en Amérique latine, bien implanté en Libye, il est aussi le deuxième actionnaire du groupe gazier Gas Natural.

L’opération présenterait donc également l’avantage de permettre à la Russie de développer sa présence en Amérique latine.

Pour calmer les esprits sans toutefois renoncer à l’opération, la radio Cadena Ser, le groupe russe serait prêt à ne prendre que 20% des parts, soit moins que les 30% visés. Selon la presse espagnole, Lukoil bénéficierait d’un rabais « en échange ».

Avec ce nouveau schéma, Loukoil achèterait 10% des 20,01% de Repsol détenus par le groupe de BTP Sacyr Vallehermoso et les autres 10% auprès de diverses entités financières comme les caisses d’épargne La Caixa, Caixa Cataluña ou l’assureur Mutua Madrileña.

Jusqu’à présent, le groupe russe envisageait de se porter acquéreur de près de 30% du groupe, en mettant notamment la main sur l’intégralité de la part de Sacyr, pour devenir l’actionnaire principal du pétrolier espagnol.

Toujours selon Cadena Ser, en contrepartie de cette baisse de ses ambitions, Lukoil aurait obtenu un important rabais sur le prix à payer : 22 euros par action, au lieu des 27 euros évoqués jusqu’ici.

Fin novembre, le président de Repsol avait averti que tout actionnaire souhaitant contrôler Repsol devrait lancer une OPA et ne pourra pas se contenter d’une part minoritaire.

« Pour que quelqu’un ait le contrôle (de Repsol, ndlr), il doit franchir une ligne magique: celle de l’OPA », a déclaré Antoni Brufau lors d’une conférence à Madrid. « Il n’y a pas de changement de contrôle quand quelqu’un reste sous la barre des 30% » du capital, a-t-il déclaré.

La législation espagnole impose à tout nouvel actionnaire de lancer une offre publique d’achat (OPA) sur 100% du capital s’il dépasse la barre des 30%.

Sources : AFP, Reuters