Si l‘Algérie a récemment tourné le dos à la création d’un fonds souverain, il n’en est pas de même pour le Brésil, bien au contraire.
A la demande du président Lula da Silva, le pays va se doter d’un fonds souverain de 14,2 milliards de reais (4,3 milliards d’euros). Il pourra notamment être sollicité en cas de difficultés économiques.
L’argent placé dans ce fonds sera issu des économies budgétaires réalisées tout au long de l’année 2008, nous dit-on. L’objectif de cette réserve publique serait d’amortir les effets des cycles économiques, a expliqué vendredi le secrétaire adjoint au Trésor Cleber de Oliveira lors d’une conférence de presse.
Rappelons tout de même que ce n’est qu’en avril dernier que l’agence américaine d’évaluation financière Standard & Poor’s, relevant la note du Brésil, avait alors classé le pays parmi les pays sûrs pour les investisseurs internationaux, grâce à la plus grande « maturité » de ses institutions et de ses politiques.
Les turbulences financières qui affectent les marchés boursiers mondiaux auront « peu d’influence » sur le Brésil qui pourrait même en tirer profit, avait « prédit » quant à lui le ministre brésilien des Finances Guido Mantega en août 2007.
Certes, la croissance brésilienne s’est établie à 6% au cours des deux derniers trimestres de 2008, générant des recettes supplémentaires. Mais la situation pourrait se dégrader avec la baisse des exportations et de la consommation interne, la chute du cours du pétrole ayant quant à elle un impact négatif sur les finances de l’Etat. La croissance devrait ainsi ralentir d’ici le milieu de l’année 2009, selon les économistes.
Si certes, Petrobras, la compagnie brésilienne d’hydrocarbures, avait annoncé début novembre un bénéfice net record pour le troisième trimestre 2008 en hausse de 96% par rapport à la même période de 2007, tout ne semble pas aussi rose qu’on voudrait nous le faire croire.
En novembre, deux ministres brésiliens avaient rejeté les allégations, selon lesquelles le géant national pétrolier et gazier du Brésil, connaissait d’importantes difficultés financières, se voyant même contraint à recourir à des prêts d’un montant majeur auprès d’une banque nationale.
Le ministre des Mines et de l’Energie, Edison Lobao, et le ministre de la Planification, du Budget et du Management, Paulo Bernardo avaient ainsi publié une déclaration, annonçant qu’un prêt d’un montant de deux milliards de réaux (870 millions de dollars américains) que Petrobras avait certes reçu de la Caixa Economica Federal (Caisse économique fédérale) s’inscrivait « dans le cadre du plan d’investissement de la compagnie », qui est « tout à fait normal ».
Fin février, la Banque centrale du Brésil a annoncé que les réserves de changes du pays étaient supérieures de 4 milliards de dollars à la dette extérieure des secteurs public et privé.
En 2007, les réserves de change ont augmenté de 110%, atteignant 180,3 milliards de dollars fin décembre de la même année. La dette s’élevait à l’époque à 197,7 milliards de dollars.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) du Brésil pour l’année 2007 a été de +5,4%, soit 1,7 point de plus qu’en 2006 (+3,7%), et reflète une expansion de tous les secteurs de l’économie, selon l’Institut brésilien de géographie et statistiques (IBGE), un organisme officiel.
Sources : Reuters, AFP