La Commission européenne vient mercredi d’opposer son veto à la fusion entre NYSE Euronext et Deutsche Börse.
Une décision qui remet en cause le projet de création du premier opérateur boursier au monde.
Arguments invoqués : Bruxelles y voit un risque de trop forte concentration.
Cette fusion « aurait entraîné une situation de quasi-monopole » sur le marché international des produits financiers dérivés européens, a ainsi expliqué le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, s’exprimant au cours d’une conférence de presse.
Il est vrai que selon la Commission, les deux entités contrôlent déjà « plus de 90% des transactions mondiales » en matière de dérivés basés sur des taux d’intérêt européens. Leurs plates-formes spécialisées Eurex (Deutsche Börse) et Liffe (NYSE Euronext), sont « en concurrence directe », souligne ainsi Bruxelles.
Tant et si bien, qu’au final, la Commission déclare ne pas « avoir eu d’autre choix que d’interdire la fusion ».
Autres éléments mis en avant : le caractère stratégique de ce type de produits financiers compte-tenu de leurs liens avec d’autres actifs (taux de changes, taux d’intérêt…). Selon la Commission européenne, « il est essentiel qu’ils restent concurrentiels dans l’intérêt de l’ensemble de l’économie européenne ».
Rappelons que le projet de fusion – désormais mis grandement en péril – prévoyait que le holding issu de la fusion serait détenu à 60% par les actionnaires de Deutsche Börse et à 40% par ceux de NYSE Euronext, lequel gère les places de New York, Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne.
Arguments invoqués au contraire par les deux entités désirant fusionner : le caractère mondial et non strictement européen du marché des produits dérivés ainsi que l’importance des opérations de gré à gré y afférant, les échanges au travers des places boursières étant loin d’être majoritaires.
Dans des communiqués séparés, Deutsche Börse et NYSE Euronext ont fait part de leur « déception ».
Par ailleurs, le directeur général de NYSE Euronext, Dominique Cerutti, n’a pas exclu de faire appel de la décision de la Commission.
« C’est un jour noir pour l’Europe et pour sa compétitivité future sur les marchés financiers mondiaux », a déclaré pour sa part Reto Francioni, le patron de Deutsche Börse.
En septembre 2011, la fusion entre Deutsche Börse et Nyse Euronext, avait pourtant franchi un obstacle important en recevant le feu vert de l’autorité allemande de régulation financière Bafin.
A cette date, plusieurs sources proches du dossier avaient indiqué que l’exécutif communautaire ne devrait pas imposer de changements majeurs à cette fusion entre l’opérateur de la Bourse de Francfort et son concurrent transatlantique, estimant que ce dernier chercherait plutôt à utiliser de nouvelles régulations pour pousser les Bourses opérant en Europe à plus de concurrence.
La nouvelle entité aurait certes – le cas échéant – une position particulièrement forte sur le marché des dérivés mais celle-ci, ainsi que le modèle « en silo » intégrant les activités de trading et de compensation, ne devrait pas être fondamentalement remise en cause par l’enquête des services de la concurrence la Commission européenne, avaient même précisé ces sources.
Lawrence Leibowitz, vice-président de Nyse Euronext avait pourtant déclaré en suivant ne pas avoir été informé d’un tel accord « explicite à ce point ».
La porte-parole du commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia avait de son côté indiqué que l’enquête de la Commission se poursuivait.
Sources : AFP, Reuters