Areva dans le collimateur de Standard and Poor’s

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Décidément, les agences de notation semblent vouloir faire la pluie et le beau temps actuellement. C’est également au tour du groupe nucléaire français Areva d’en faire les frais.

Standard and Poor’s (S&P) a ainsi indiqué mercredi dans un communiqué qu’elle envisageait d’abaisser d’un cran la note d’Areva.

Raisons invoquées : l’augmentation de capital de 900 millions d’euros du groupe public est « bien inférieure » à ce qui était prévu.

S&P a ainsi placé sous surveillance négative la note à long terme « BBB+ » du groupe nucléaire. Rappelons que cette note est attribuée aux émetteurs de qualité moyenne mais en mesure de faire face à leurs obligations.

Une déclaration qui faite suite à l’approbation samedi par le conseil de surveillance d’Areva de l’augmentation de capital du groupe pour un montant de 900 millions d’euros, laquelle a été souscrite par le fonds souverain du Koweït et l’Etat français.

Le montant de cette opération est « bien inférieur aux 2 à 2,5 milliards d’euros que nous attendions« , écrit S&P. Laquelle note par ailleurs que « les recettes des cessions d’actifs sont quelque peu retardées ou inférieures à ce qui était prévu« .

Autre source d’inquiétude pour l’agence de notation : la direction d’Areva a annoncé que la dette du groupe serait d’environ 4 milliards d’euros à la fin de l’année, alors que S&P tablait sur « moins d’un milliard d’euros« .

 « Notre note va être dégradée car l’augmentation de capital prévue par l’Etat n’est pas entièrement au rendez-vous« , avait reconnu la présidente d’Areva Anne Lauvergeon dès mardi, au cours d’une audition à l’Assemblée nationale. « Il est clair qu’aujourd’hui nous n’avons aucun problème de liquidités« , avait-elle néanmoins ajouté.

Anne Lauvergeon s’est dite par ailleurs ouverte à un rapprochement de ses mines d’uranium avec les mines de nickel et de manganèse du groupe minier français Eramet, sous réserve que le nouvel ensemble demeure à l’intérieur du groupe nucléaire public.

Mardi également, le Premier ministre du Qatar a affirmé que son pays étudiait toujours une entrée dans Areva en cas d’une nouvelle augmentation du capital … rappelant toutefois l’existence de conditions pour ce faire.

Rappelons que le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) était en lice pour une recapitalisation d’Areva. Mais la Présidence française n’a pas accepté les exigences de la QIA sur le prix, son souhait de pouvoir prendre une participation dans les activités minières étant loin de plaire aux plus hautes instances de l’Etat.

 Néanmoins la France n’exclut pas un second tour de table au printemps, le ministère de l’Economie ayant indiqué qu’il pourrait « lancer avec Areva des réflexions sur d’autres opérations de financement destinées, si besoin est, à compléter cette première augmentation de capital ».

 Interrogé sur l’éventualité d’une participation d’EDF et d’Alstom à cette seconde phase, Eric Besson a répondu que « visiblement, le président de la République n’a écarté aucune piste de travail ».

Si l’on en croit la presse, l’Elysée aurait rejeté ces dernières semaines les exigences du fonds souverain du Qatar,  lequel souhaitait pouvoir convertir ses futures actions Areva en participation dans les mines d’uranium du groupe.

Peut-être une manière détournée pour l’Iran de se procurer de l’uranium via son partenaire qatari, les deux puissances partageant l’exploitation des plus grands champs gaziers offshores …

Fin novembre, Anne Lauvergeon, PDG d’Areva avait qualifié de question « doublement stratégique  » la demande du fond souverain qatari sur ce point. «  L’uranium est un sujet extrêmement stratégique et l’intégration du modèle d’Areva est aussi un sujet stratégique« , avait-t-elle déclaré.

A la mi-novembre, les élus du personnel du comité de groupe européen (CGE) d’Areva avaient déclaré être « hostiles » à l’entrée du fonds souverain du Qatar dans le capital de leur groupe, jugeant ses « exigences » « inacceptables ».

« Le fonds Qatari QIA semblerait ne pas être intéressé par la fabrication de réacteurs, l’enrichissement d’uranium et le retraitement. Il aurait précisé son objectif réel de prise de participation dans les activités de mines d’uranium du groupe Areva », écrivait alors le CGE dans un communiqué.

« Le comité considère que cette offre est en contradiction totale avec les besoins de financement du groupe et sa stratégie », avait-il ajouté, rappelant son « opposition à toutes évolutions qui, sous prétexte de capitalisation, conduiraient à remettre en cause, à court terme, le modèle intégré d’Areva ».

Lors de la publication d’un rapport sur le nucléaire civil, l’Elysée avait également fait part de son souhait de voir EDF monter dans le capital d’Areva. Un scénario qui se heurte toutefois à l’opposition d’EDF et d’Alstom à l’entrée de MHI au capital du groupe public, ce dernier étant vu comme un concurrent.