C’est décidé ! Après des jours d’indécision, le gouvernement irlandais s’est résigné à scinder en deux parties la banque nationalisée Anglo Irish Bank. Objectif : créer une banque de financement ainsi qu’une structure distincte permettant de démanteler certaines activités. Le ministre des Finances n’a toutefois pas fixé de date butoir pour la fin des opérations.
Selon le projet qui vient de recevoir l’aval du gouvernement, la nouvelle banque de financement ainsi créée ne devrait pas s’orienter vers de nouvelles activités. Elle aura pour simple vocation d’assurer la continuité des services offerts aux déposants d’Anglo Irish Bank. Jusqu’à présent, l’actuelle direction du groupe prévoyait de transformer la banque en spécialiste du crédit aux entreprises.
S’agissant de l’autre entité nommée « structure de défaisance » le ministre des Finances, Brian Lenihan, a déclaré que cette dernière détiendrait une licence bancaire et qu’elle aurait pour priorité la gestion du portefeuille de prêts immobiliers à risque d’Anglo Irish Bank. La banque de financement demeurant pour sa part une banque de dépôts.
La garantie assurée aux déposants ne sera pas modifiée, a par ailleurs ajouté le gouvernement. Pour rappel, fin août, l’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s avait abaissé d’un cran la note de dette de l’Irlande. Raisons invoquées : les montants accrus du soutien au système financier que doit supporter l’Etat irlandais. Une opération coûteuse qui pourrait provoquer l’ire des contribuables, à la veille de nouvelles hausses d’impôts et de réductions budgétaires.
Lundi, le ministre des Finances irlandais Brian Lenihan s’est entretenu avec le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, du sort qui pourrait être réservé à la banque. Une discussion qualifiée certes de « constructive », mais dont la teneur n’avait pas été dévoilée.
Le propre patron de la banque, Mike Aynsley, avait pour sa part reconnu dimanche, dans un entretien au Sunday Business Post, que la Commission européenne semblait s’acheminer vers un rejet du plan de scission, et privilégiait une liquidation.
Le gouvernement avait d’ores et déjà laissé entendre qu’il souhaitait séparer les « bons » des « mauvais » actifs du groupe en vue de remettre la banque sur pied.
Objectif affiché : permettre aux activités les plus saines de se redresser en les intégrant dans la « bad bank » créée par l’Etat, la NAMA (National Asset Management Agency).
Mais « les transferts à la NAMA pourraient être réalisés via une décote de plus de 50% », avait toutefois reconnu fin août le directeur général, Mike Aynsley. « Nous pensons qu’il est sans doute juste de revenir à un niveau de 60 à 65% de décote sur les actifs de la NAMA étant donné le niveau de provisions« , avait-t-il déclaré.
Au titre du premier semestre 2010, Anglo Irish a annoncé une perte de 8,2 milliards d’euros laquelle inclut 4,8 milliards de charges de dépréciations – liée à l’effondrement de la valeur de son portefeuille de prêts – et une perte de 3,5 milliards liée au transfert de 10,1 milliards d’actifs à la NAMA. Cette contre-performance, causée par des des prêts risqués, alimentait jusqu’à présent les craintes sur la situation économique du pays, le gouvernement se voyant obligé de renflouer la banque à grands frais.
Précisons que le résultat d’Anglo Irish Bank constitue la perte la plus élevée jamais subie par un groupe irlandais. La banque irlandaise avait déjà essuyé une perte de 3,8 milliards sur la période comparable de l’exercice précédent.
Mi-août, le gouvernement irlandais a procédé à une injection de capitaux de 8,58 milliards d’euros, portant à 22,88 milliards les sommes apportées par Dublin depuis le début de la crise du crédit en 2007.
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