Manière détournée mais utilisant néanmoins la manière forte de faire le « ménage » au sein du secteur pétrolier bolivien ? Voire de passer quelques messages aux majors pétrolières ?
Alors que mi-février, à la « faveur » de la promulgation d’une nouvelle constitution instaurant un « socialisme communautaire« , la Bolivie avait annoncé qu’elle respecterait les contrats pétroliers signés avec une douzaine de multinationales avant cette date, le président Evo Morales a ordonné, lundi, l’expulsion d’un diplomate américain.
Cette mesure fait suite aux propos récents du gouvernement bolivien accusant la CIA de comploter contre la compagnie pétrolière bolivienne YPFB.
« J’ai décidé aujourd’hui de déclarer Francisco Martinez (…) qui travaille à l’ambassade des Etats-Unis, persona non-grata », a déclaré lundi le chef de l’Etat bolivien, ajoutant vouloir « mettre un terme à un complot étranger ». Fervent pourfendeur de « l’empire américain », Evo Morales avait déjà eu dans son « collimateur » l’ambassadeur des Etats-Unis et plusieurs membres de l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogue.
Mais en dehors du narco-trafic, de telles mesures pourraient être en partie « justifiées » par l’entrée en vigueur de la constitution bolivienne instaurant un « socialisme communautaire ». Et une ferme volonté d’afficher son camp.
Lequel se veut être plus russe qu’américain …
En guise de « préambule » à sa visite officielle à Moscou les 15 et 16 février dernier, Evo Morales avait en effet affirmé que la Bolivie était un partenaire prometteur de la Russie en Amérique latine.
« Moscou et La Paz adoptent des positions proches ou identiques sur des problèmes clés de la vie internationale et souhaitent l’établissement d’une coopération efficace afin de faire face à de nouveaux défis et menaces dans le monde, qu’il s’agisse du narcotrafic, de la contrebande des armes ou du crime organisé transnational », avait-il été souligné.
Un ensemble d’accords sur les investissements et la coopération énergétique devait être signé lors de cette visite. Il s’agit notamment d’un mémorandum de compréhension entre Gazprom et la société pétrolière bolivienne YPFB.
Rappelons que le chef de l’Etat bolivien avait indiqué à la mi-février que les « contrats signés approuvés par le Congrès national » ne seraient soumis à aucune modification. « La nouvelle Constitution (promulguée le 7 février) s’appliquera aux nouveaux contrats, avec de nouvelles entreprises », qui viennent investir dans le pays, avait-t-il ajouté.
Dès son arrivée au pouvoir en janvier 2006, le gouvernement socialiste avait nationalisé les gisements de pétrole du pays et l’extraction et la distribution du gaz naturel et du pétrole. Une douzaine de contrats avaient été conclues avec différentes d’entreprises, parmi lesquelles la brésilienne Petrobras, l’hispano-argentine Repsol et la française Total.
Durant une récente visite en France, des dirigeants de Total avaient exprimé leur « préoccupation que la nouvelle Constitution puisse changer les contrats » en vigueur. Une préoccupation d’autant plus forte que la Bolivie possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz d’Amérique latine, derrière le Venezuela.
Sources : JDD, AFP, Reuters, Ria Novosti