Pronostics 2006 : la bataille des experts a débuté dès janvier

0124541La situation de l’immobilier en France semble confuse, nettement plus incertaine que chez nos voisins  Européens ou outre-Atlantique.

Après quelques déclarations alarmistes de l’automne dernier, qui ont laissé entrevoir un changement d’attitude de la part des acheteurs et une résorpsion partielle de la demande qui a été soutenue ces dernières années, le mois de janvier a apporté au secteur de l’immobilier une amorce de débat.

La situation tendue du secteur contraste avec les déclarations qui ont choqué par leur optimisme et ont brillé par leur absence d’analyse, qui en principe aurait du accompagner les chiffres qui ont été communiqués. Les chiffres de la FNAIM sont moins bons que leurs communiqués-prévisions pour 2006. C’est tout de même étonnant. Ils sont été éclaboussés par quelques pavés jetés dans la mare anésthésiante des prévisions édulcorées de « BTP – bienvenue au wonderland à la santé insolente », en rappelant que la roue tourne forcément un jour.

Le 2 janvier 2006, Jean-Pierre Guérin, président de PAP, a fait une déclaration fracassante, qui a immédiatement fait réagir ses confrères. Il a affirmé que le marché ‘immobilier était sur la point de se retourner, et que – rentré dans une période de stagnation – il allait voir ses prix baisser de 30 à 40 %.

Le 5 janvier, le dossier de presse de la FNAIM, annonçant la poursuite de la hausse en 2006, a singulièrement contrasté avec la vision d’un « professionnel terrain », comme le président de PAP.

Le 17 janvier, un communiqué de la chambre des notaires de Paris enfonce le clou, en affirmant que la hausse des prix de vente s’est poursuivie au T3 2005. Ils en ont déduit -un peu rapidement- que la hausse ne pouvait que se poursuivre en 2006.

Mais cette déclaration a été fortement critiquée par les milieux professionnels concernés, qui estiment que la situation est tendue à la fin de l’année, et qu’il est fallacieux de se lancer dans les prévisions en se basant sur le nombre de promesses de vente signées entre mai et août 2005. D’autant plus que les méthodes de calcul de la FNAIM sont régulièrement remises en cause.

Indiscutablement, la fin de l’année a connu un ralentissement du secteur, et les loyers semblent baisser un peu partout. Et ceci dans presque toute l’Europe, comme en témoignent les dossiers internationaux de notre rubrique immobilière.

La phrase, « annoncer, au niveau national, une baisse des prix de l’immobilier pour 2006 paraît inenvisageable : en effet, la baisse des prix tant attendue et annoncée ne semble pas encore d’actualité » a suscité « incrédulité » et « indignation ». Ces deux mots qui décrivent le mieux la réaction des spécialistes stupéfiés.

Le même jour (17 janvier 2006), un autre site de notaires spécialisé dans la négociation des biens immobiliers, Immonot, conseille à 74% de vendre ses biens immobiliers, contre 19% d’acheter et 7% d’attendre. La contradiction avec la chambre des notaires de Paris est flagrante.

Le 18 janvier, la chaîne Century 21 prend elle aussi le contre pied de la FNAIM : « l’année 2006 s’annonce pour le moins incertaine : elle peut marquer une simple détente comme le souhaite la plus grande partie des acteurs, mais aussi connaître, comme commencent à le prédire certains, l’amorce d’un retournement plus profond, qui prendrait à revers nombre d’acquéreurs récents, lourdement endettés. » Le contre-pied finit même par un avertissement.

Et pour finir ce mois kafkaïen, deux revues se sont donné la réplique de manière cocasse. Le 24 janvier, l’Expansion titre : « Profitez de l’accalmie pour acheter », en s’appuyant sur le très rassurant communiqué de la FNAIM. Tandis que les Echos annoncent une baisse de 15% des prix sur le seul mois de décembre 2005 à Paris.

Les données statistiques sont faibles, mais le signal est fort comme le témoigne leur graphique. Un autre article des Echos publié le lendemain, aborde carrément la problématique tabou : avons-nous affaire à une grande bulle et assistons-nous à son explosion ? Réponse dans quelques mois sur le terrain et… dans nos articles.

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