
Selon Yahoo News, « la Banque centrale du Japon (BoJ) a pris jeudi la décision historique de resserrer la politique monétaire ultra-accommodante qu’elle menait depuis cinq ans pour combattre la déflation, première étape vers une hausse des taux d’intérêt. Le comité de politique monétaire de la BoJ a adopté cette décision après la publication la semaine dernière de statistiques montrant un redémarrage à la hausse des prix à la consommation, et donc la fin de huit ans de déflation. »
« L’institut d’émission a annoncé son intention de faire désormais de son taux directeur le principal instrument de sa politique monétaire. Toutefois, ce taux à court terme sera maintenu à zéro pour le moment. »
Les spécialistes s’attendent à une montée des taux en automne 2006. « Toutefois, ce taux à court terme sera maintenu à zéro pour le moment. Dans un premier temps, la Banque centrale commencera par réduire les énormes quantités de liquidités qu’elle fournit aux banques commerciales. Elle continuera également « pendant un certain temps » à acheter 1.200 milliards de yens (8,5 milliards d’euros) de bons du Trésor japonais chaque mois. »
Un deuxième communique de l’AFP a souligné que « jugeant que la deuxième économie mondiale a vaincu la déflation qui la rongeait depuis huit ans, la Banque du Japon a annoncé jeudi la fin de la politique monétaire « ultra-souple » qu’elle suivait depuis 2001 et un retour en douceur à des taux d’intérêt supérieurs à zéro. » Le contexte démographique est pourtant défavorable. Cette décision historique, adoptée par le comité de politique monétaire de la banque centrale, à la majorité de sept voix contre une (le neuvième conseiller étant malade), a été applaudie par les marchés comme par le gouvernement japonais.
Le triste remake de 1929
Cette annonce appelle à un certain nombre de commentaires, notamment sur la déflation japonaise, qui est considéré comme un phénomène sans précédent depuis la crise de 1929. Subie par le pays du soleil levant depuis huit ans, la déflation est phénomène pernicieux, qui s’accompagne d’une chute générale des prix. Il n’avait eu aucun précédent dans une économie développée occidentale depuis le krach boursier de 1929 et la grande Dépression qui en a résulté. Il ne faut jamais perdre de vue que les prix avaient reculé de 30 à 40% pendant la grande dépression et laissé sur le carreau des millions de gens.
L’origine de la déflation japonaise
C’est la bulle spéculative des années 1980 qui a déclenché la déflation au Japon. Au milieu des années 1990, les entreprises se sont aperçues qu’elles vivaient au-dessus de leurs moyens, produisant trop, embauchant trop. Les particuliers étaient trop endettés, alléchés par la spéculation, notamment immobilière. Cette prise de conscience s’est soldé par un repli de l’investissement.
Conséquences
Nettement moins sévère qu’en 1929, la déflation japonaise est chiffrée à une baisse des prix de 2,5 à 3% au cours des huit dernières années, entre 1997 et 2005. Ces chiffres, à première vue modérés, se sont en réalité traduit par le surendettement et son cortège de faillites.
Solutions
Pour limiter la dégringolade, le Japon a instauré sa fameuse politique monétaire ultra-souple. La banque centrale japonaise a certainement permis d’éviter une dépression beaucoup plus profonde.
Mars 2006, le bout du tunnel ?
La Banque du Japon, en mettant fin à la politique monétaire « ultra-accommodante », semble convaincue de la fin de la déflation, habituellement déclanchée par une crise économique. La machine s’emballe et on s’installe dans le cercle vicieux de la surabondance de l’offre, de la baisse continue de la demande et de la contraction de la masse monétaire. La planche à billets à plein régime n’est pas la solution miracle, même si y avoir recouru a été salutaire.
Analyse
La spirale infernale baissière ne fait qu’aggraver le phénomène. Les consommateurs freinent les achats ou les investissements en attendant que ça baisse encore. La baisse de la consommation entraînant la baisse des salaires, aboutit à la baisse du pouvoir d’achat et de la consommation. Et c’est reparti pour un tour, on rebaisse les prix, et la suite n’est que pure logique. L’investissement en berne, bénéfices rognés, embauches reportées, licenciements…
La déflation à la japonaise, c’est la hantise de tous les pays tant l’enchaînement baissier est inéluctable et les remèdes impuissants. Le temps que dure le cycle. Le surendettement est l’une des faces les plus noires de la déflation, avec les drames humains dont les récits attristent le Japon depuis des années. La dette, contractée une fois pour toutes et gravée dans le marbre, est immuable, tandis que les revenus et les capacités financières en constante diminution conduisent à des situations personnelles inextricables et à la faillite du système bancaire, piégé par des créances irrécouvrables.
Le Japon, contrairement à l’américaine FED dans les années 30, a limité les dégâts en faisant fonctionner la planche à billets à plein régime et a inondé le pays de liquidités, qui n’ont pas manqué de traverser les frontières. Cela a permis de préserver le système bancaire.
La nouvelle politique monétaire de la Banque du Japon plus « orthodoxe »
La Banque du Japon se servira du principal instrument qui sont les taux d’intérêt pour mener une politique monétaire plus conforme à celles qui sont pratiquées par les autres pays autres grands pays développés.
Pour le moment, le taux directeur de la banque centrale du Japon sera maintenu à 0% (zéro), mais – probablement avant l’automne – « elle sera suivie d’un ajustement graduel, aligné sur l’évolution de l’économie et des prix ». Si des pressions déflationnistes devaient se manifester à nouveau, « un environnement économique accommodant, résultant de taux d’intérêt très bas, sera probablement maintenu pendant un certain temps ».
Diminution progressive de l’offre de liquidités
C’est la première étape, et elle permet de comprendre pourquoi le taux ne sera pas augmenté avant plusieurs mois. Un resserrement de l’offre de liquidités, largement excédentaires, est une condition sine qua non pour remonter les taux. Tant que l’offre d’argent dépasse la demande, l’outil de régulation qu’est l’ajustage du taux restera inefficace. Ce retrait de liquidités du circuit se fera par le biais d’opérations à court terme sur le marché monétaire.
L’objectif visé par la BoJ : une inflation comprise entre 0 et 2 %
« Sur le moyen à long terme, la BoJ vise un taux d’inflation de 0 à 2% pour l’économie japonaise, a-t-elle précisé dans un communiqué. Cet objectif vise à donner des indications aux marchés sur sa politique monétaire future.
Pour conclure, on peut souhaiter aux Japonais, plus habitués aux hausses des prix, de retrouver avec douceur le chemin de l’inflation, et citer une dernière fois la Banque de Japon qui se veut rassurante : « les décisions économiques devront être guidées par cet environnement faiblement inflationniste ».
Japon : reprise immobilière, étouffée dans l’oeuf pour cause de démographie
Economie : la déflation japonaise au bout du tunnel ?
L’immobilier redevenu abordable au Japon, blogs
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-752156@51-748916,0.html
Je viens de republier toute la série « Japon », je sais que vous êtes qqs uns à la chercher, voilà ce qui est fait…
Cdlmt, Marie
Carte postale : l’immobilier au bout du monde
Japon (1) : reprise immobilière, étouffée dans l’oeuf pour cause de démographie
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La douloureuse expérience japonaise (3), ou le krach en 3 leçons
La douloureuse expérience japonaise (4), ou le krach a un visage
Economie : la déflation japonaise (5) au bout du tunnel ?
L’immobilier redevenu abordable au Japon (6), blogs (2)
salut, je ne suis pas un spécialiste en la matière , mais j’aimerai connaître votre point de vue par rapport à l’insidence de l’importance des besoins en logement en france, qui à mon sens pourrai venir amortir les effets d’un krash … en d’autres termes le maintien de la demande en logement que connait la france peut -elle éviter un krash de la taille de celui vécu au japon ? le krash japonnai n’était-il pas lié à la faiblesse du système bancaire ?
=> tout est dans l’article du Business Week