Le Venezuela serait-il un fan de rugby ? Après un essai marqué avec le Japon, ce dernier s’avère aujourd’hui transformé.
Le président vénézuelien Hugo Chavez a ainsi annoncé mardi qu’il avait obtenu du Japon l’engagement d’investir un montant de 33,5 milliards de dollars dans des projets gaziers et pétroliers au Venezuela.
Rappelons que fin mars, Rafael Ramirez, tout à la fois président du géant pétrolier public Petroleos de Venezuela (PDVSA) et ministre de l’Energie et du Pétrole avait annoncé être désormais à la recherche d’opportunités d’emprunts. Ce sujet avait été l’un des sujets majeurs abordés à l’occasion d’un de ses voyages en Asie.
Japon et Venezuela vont coopérer dans douze projets de pétrole et de gaz, lesquels concernent notamment le bassin de l’Orénoque, doté gigantesques ressources en hydrocarbures. Sur les 33,5 milliards de dollars d’investissements promis par les groupes japonais, huit milliards seront investis sur cinq ans dans cette zone.
Rappelons que le Japon et le Venezuela ont signé un pacte de coopération énergétique en mars dernier. Lequel prévoit une augmentation des investissements japonais au Venezuela dans les secteurs gazier et pétrolier. Ce qui est désormais chose faite.
« Le Japon a besoin de pétrole. Le Venezuela veut diversifier son marché et le Japon est (un partenaire) idéal pour nous », a résumé en quelques mots le président Chavez à l’issue d’une réunion avec des responsables de l’entreprise étatique japonaise Gas and Metals Corporation (JOGMEC), ainsi que des maisons de courtage Mitsui and Marubeni Corporations.
Rappelons que le Japon importe du Moyen-Orient 90% de ses besoins en pétrole et cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement.
En février, la compagnie pétrolière vénézuélienne Petroleos de Venezuela (PDVSA) avait indiqué qu’elle cherchait des partenaires pour le vaste bassin pétrolier de l’Orénoque où elle projetait de poursuivre 88 principaux projets de développement, qui nécessiteraient des investissements de 120 milliards de dollars d’ici 2013.
« Le brut qui en proviendra constituera le principal facteur de hausse de notre production, qui est le moteur de notre économie nationale », avait alors déclaré Rafael Ramirez.
Affectés par la chute du cours du pétrole et un endettement conséquent, PDVSA cherche également à emprunter jusqu’à quatre milliards de dollars à des entités financières du Japon et de Chine pour ses projets de développement. Les analystes s’accordent pour dire que cette nouvelle politique du groupe ne fait qu’afficher au grand jour la faiblesse que laissait transparaître PDVSA en terme de financements. Principaux bénéficiaires dans l’affaire : la Chine et le Japon, lesquels ont d’ores et déjà signé avec le Venezuela des accords portant sur la vente de pétrole.
M. Chavez a ainsi indiqué qu’il allait signer mercredi un accord de quatre milliards de dollars avec la Chine, portant sur la création d’un fonds stratégique pour le développement du Venezuela. Des accords ont parallèlement été signés entre le Chine et le Venezuela en vue de construire trois raffineries en territoire chinois. Rappelons que le Venezuela fournit à Pékin quelque 364.000 barils de brut par jour, selon des chiffres officiels. Un chiffre qui pourrait atteindre 500.000 cette année.
Au delà de la recherche de crédits, Rafael Ramirez a également récemment annoncé vouloir accroître les investissements de partenaires étrangers. Sous-entendus de ce revirement politique : les subsides vénézueliens s’avèrent quelque peu insuffisants.
Ironie du sort, les majors étrangères qui avaient eu maille à partir avec le Venezuela pourraient être désormais en position de force pour défendre leurs exigences. Et ce d’autant plus que les groupes pétroliers s’avèrent grandement sollicités à l’heure actuelle tant en Russie qu’en Irak. Alors même que le pétrole irakien permet d’obtenir des coûts d’extraction inférieurs à ceux engendrés par l’exploitation du brut vénézuélien, beaucoup plus lourd.