Beaulieu années 1950.

Images_7 « hallucinant ce poste .
vous en etes, des parasistes riches qui profitent des habitations subventionnées par la collectivité, ou quoi ?
la mixité sociale c’est le fait que les HLM ne soient pas que dans des quartiers pauvres. c’est à l’ecole . c’est dans le quartier .
mais si pour vous la mixité, c’est que des gens aisés et des people doublent la queue des pauvres qui attendent un logement, et quy’en plus ils leur expliquent que c’est pour leur bien, au nom de la mixité sociale, alors là, y’a des revolutions qui vont gronder rapidement.   « 
Je vois dans cette réaction que j’ai été mal compris. Et que la réaction indique surtout un manque d’information.

Quand les grands ensembles eurent été décidé, dans les années 1950, cinq « prototypes » furent construits.
L’un d’entre eux était Beaulieu-le rond point.
Comme on ignorait totalement où on allait, on mit énormément de soins à construire ces 5 premiers grands ensembles, fort bien pensés, fort bien construits, et on apporta du soin au peuplement.
Ils n’étaient pas, d’ailleurs, destinés à servir aux plus pauvres.
Ce qui signifie que l’on panacha beaucoup la population, qui fit aussi que ce quartier devint réellement un quartier (un endroit où on nait, vit et meurt), et on apporta des soins aussi aux 2 réhabilitations, de manière à ne pas faire flamber trop les loyers, et conserver une grande partie de sa population initiale.
Pour l’office HLM, le bénéfice est que les impayés sont bas, ainsi que la vacance.
Pour les tranches II et III, c’est à dire Beaulieu-la Marandinière et Beaulieu-Montplaisir, où on a fait vraiment, à partir de 1980, du social pour défavorisés, le résultat  a été sans appel.
Logements vides et inlouables, délinquance, impayés, ont conduit à la destruction quasi totale de Montplaisir (il doit rester 60 logements sur les 1200 d’origine) et très majoritaire de La Marandinière (400 doivent rester sur 1200).
D’où l’importance, pour l’équilibre financier des hlm d’une certaine mixité.
La création des APL a été d’une responsabilité écrasante dans un processus qui se déroule sur une vingtaine d’années.
Il faut signaler, aussi, qu’à l’origine, du logement TRES social existait (de petites unités), avec un encadrement social très fort.
Pour ne pas se payer de mots, on pensait qu’une génération était sacrifiée, mais qu’on avait une chance de sortir de la misère physiologique, la génération suivante.
Ce calcul se révéla fondé et fructueux d’après les résultats que j’ai pu en voir.
« la réforme du financement du logement en 1977 conduit à privilégier la solvabilisation par le développement des aides financières à la personne et induit donc une approche socioéconomique des publics qui deviennent des ayants-droit  « .
C’est cette approche, barriste qui est en cause. Elle voulait cibler sur l’aide à la personne, au lieu de l’aide à la pierre, parce que « les loyers n’étaient pas assez chers » (Pourquoi ? mystère !).
Comme toujours, les politiques d’économies s’avèrent ruineuses.
Bien sûr, il faut faire le distinguo entre région parisienne et reste de la France.
Paris est loin d’être toute la France et dans la dégringolade de bien des quartiers l’approche économique a été déterminante.
Le panachage de la ville ne consiste pas seulement à bâtir ça et là, des HLM, au milieu d’autres habitations.
Le plus gros gâchis a sans doute été de faire détruire des milliers de logements sociaux bons marchés, pour faire reconstruire (mal) des milliers de robien (chers), inlouables, invendables, comme cela a été le cas à Saint-Etienne.
Des appartements vendus à l’extérieur d’ailleurs, avec une touche locale catastrophique : sur du terrain minier aux eaux agressives.

La moralité de l’histoire est qu’il ne faut pas confondre logement social et très social, ce n’est pas du tout, la même chose, et que Paris, ce n’est pas la France, mais seulement une partie.

Mercredi 6 août 2008