Objectifs baissiers de la crise: éléments et difficultés (3/3)

Purchasing power Après nous etre intéressés au P/E Ratio et à la décomposition elliottiste long terme des grands indices boursiers occidentaux, examinons maintenant pourquoi la situation actuelle est aussi difficile à analyser concrètement (c’est-à-dire se repérer dans le décompte des vagues long-terme et trouver des scénarios probables pour le futur). Plusieurs raisons à cela, mais la première et surement la plus importante, c’est la constante perte de valeur de la monnaie de référence. En gros, il est difficile de tracer des vagues elliottistes sur un Dow Jones exprimé dans une currency dont la valeur est en chute libre pratiquement constamment. Vous ne me croyez pas ? Regardez ci-contre, à gauche, un graphique repris sur le blog exceptionnel de Zero Hedge: il représente la perte de pouvoir d’achat du dollar US depuis un siècle environ. Le score est sans appel: -94%! 20090508 Par contre, il existe une autre manière de mesurer le bon vieux Dow Jones sans faire appel à l’artifice de l’inflation officielle (tiens, justement, elle va tomber ce vendredi à 14h30), et elle consiste simplement à l’exprimer en onces d’or au moyen du cours spot journalier. C’est quelque chose dont on a déjà parlé sur ce blog, mais j’ai choisi ici de reprendre un graphique déjà publié chez quelqu’un d’autre; ci-contre, à droite, le Dow Jones exprimé en onces d’or depuis les années 80. Bien évidemment, cela donne une tout autre connotation à la « transaction de la décennie » de la Chronique Agora intitulée « vendez les actions, achetez de l’or« . Notez au passage que l’inversion de ce trend exprimé en real cash inflation-free pourrait justifier le choix de placer le top elliottiste des indices US en 2001 plutot qu’en 2007 … Encore faudrait-il que les gens qui font cela le disent clairement, parce qu’on n’est pas forcément dans le secret de leur ame!

Comstock P-E

Il est donc maintenant clair pour tout le monde que l’ouverture d’un grand débat entre elliottistes dressés sur leurs ergots quant à l’exactitude ou non d’une décomposition de long terme mettant tel mouvement en primary, tel autre en extension ou intermediate n’a pas grand sens dès lors qu’on ne précise pas si l’on travaille sur un indice redréssé par le CPI, ou si la décomposition prend en compte la dégradation constante du dollar (ou de l’euro, qui n’est que superficiellement meilleur). On a le meme problème avec les earnings dont on a parlé au début de cette série d’articles: peut-etre ne devons-nous pas anticiper des P/E très bas comme de coutume, puisque ceux-ci sont exprimés dans une monnaie de singe en perte constante de valeur! Notons toutefois que des gens savants maintiennent en vers et contre tout que la valorisation du S&P 500 actuelle est terriblement excessive: voir ci-dessus, à gauche. Ces choses-là sont au coeur du débat ces jours-ci, voir aussi la Short View d’hier soir sur ce meme sujet.

CDR Gov risk Alors, que retenir de tout cela en 2 mots ? Eh bien, pour commencer, les secular bear markets existent, nous sommes dans l’un d’eux, et les marchés ne sont ni aléatoires, ni efficients. Ces grands marchés baissiers servent à corriger un consensus trop optimiste quant au prix des profits des entreprises composant un index, ces memes profits évoluant bien plus lentement que la disponibilité du cash servant à faire grimper les cours en période d’appétit pour le risque, et ce faisant, fournissent un point d’entrée pour de nouveaux investisseurs avisés à des prix soldés. Les vagues d’Elliott peuvent aider à se repérer dans les fluctuations boursières, mais dès que l’on se place à long terme, il semble nécessaire que la décomposition proposée soit cohérente avec l’évolution mesurée des earnings. C’est cela qui coince actuellement: depuis l’avennement de « l’ère des taux bas de Greenspan », la dégradation de la monnaie a permis la création d’un nouveau top sur les grands indices qui n’est pas cohérent avec l’évolution des earnings; par contre, lorsque l’on réexprime ces memes indices au moyen d’une unité de valeur indépendante de la printing press de Bernanke, les choses rentrent dans l’ordre et on retrouve une certaine cohérence. C’est à ce niveau que se trouve la principale difficulté pour établir des pronostics argumentés pour le futur; il faudrait prendre en compte l’évolution de la politique monétaire US, et celle-ci dépend de plein de choses allant bien au-delà d’une analyse boursière. Notamment des décisions de la Chine sur les bons du Trésor US ou de ses accords de swap avec la Russie ou l’Amérique du Sud. On en est donc réduit à du court terme, parce que c’est la seule échelle de temps sur laquelle on peut se permettre de considérer les fluctuations du dollar comme négligeables. Toutefois, pas besoin d’une recherche très élaborée pour comprendre et anticiper le fait que faire tourner la planche à dollars à toute vitesse tout en maintenant artificiellement les taux bas par le quantitative easing (ce qui pourrait poser un problème de Goverment Risk, voir ci-dessus à droite) poussera un jour ou l’autre les détenteurs de cash on the sidelines à se positionner sur les commodities. Il me parait vraissemblable que les Hedge Funds survivants suivront et démultiplieront la tendance haussière. Des commodities, et en particulier, de l’énergie fossile chère entraineront des green techs à la hausse … Mais c’est une autre histoire, bullish, celle-là!

Un commentaire

  1. Franchement la…
    Mais vous pouvez le faire en or, pas de probleme. Je ne suis pas elliotistes, le votre probleme c’est que vous voulez trace ces vagues avec « precision » sur le prix. Les vagues n’ont rien a voir avec le prix, mais avec le sentiment. Le sentiment ce n’est pas une sceance exacte, donc les vagues sont aproximatifs. Il ne faut pas ama essaye de trouver des justifications a une invalidation du scenario de la vague 5 par toute sorte des scenarios alternatifs et maintenant… la faute a la monnaie!

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