La situation au Nigeria n’est pas prête de s’améliorer …
Alors que le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) a de nouveau rejeté vendredi une offre d’amnistie du président nigérian Umaru Yar’Adua, ce principal groupe armé du sud pétrolifère du Nigeria, a donné samedi 72 heures aux employés du secteur pétrolier pour quitter la région.
Annonçant même une « attaque imminente » de grande ampleur.
Dans ce message posté sur internet, le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND) lance un « avertissement final » aux « employés locaux et étrangers » travaillant dans les compagnies pétrolières, nombreuses à opérer dans la zone.
Il les exhorte « à évacuer la région dans les prochaines 72 heures en raison d’une attaque imminente ».
Cette opération, baptisée « Ouragan Piper Alpha », « ne fera pas de distinction entre les tribus, les nationalités ou la race lorsqu’elle balaiera la région », ajoute le texte.
Une annonce qui intervient alors que le Mend a de nouveau rejeté vendredi une offre d’amnistie réitérée la veille par le président nigérian. Raisons invoquées pour « justifier » le rejet : « le gouvernement doit faire un geste pour Okah pour que nous le croyions » a précise le groupe armé, faisant référence à Henry Okah, leader présumé du Mend arrêté en septembre 2007 et accusé notamment de trahison, terrorisme, possession illégale d’armes à feu et trafic d’armes.
Alors qu’il encourt la peine de mort. Le Mend a plusieurs fois demandé qu’Henry Okah ait accès à des soins à l’étranger, s’opposant à un refus des autorités sur ce point.
De son côté, la force mixte police/armée (JTF) qui combat les groupes armés dans la région, a annoncé vendredi avoir détruit la veille deux de leurs camps dans l’Etat de Delta, dans le delta du Niger : le camp Bulobala et l’annexe du camp Iroko.
Pour rappel, les autorités du Nigerai ont lancé récemment une offensive contre les militants du delta et des combats ont fait des dizaines de morts et blessés.
En raison de l’insécurité, la production de brut nigérian est tombée de 2,6 millions de barils/jour en 2006 à environ 1,76 mb/j en avril, selon des chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
C’est dans ce contexte, qu’il y a quelques semaines à peine, en visite au Nigeria, le Premier ministre français François Fillon avait assuré que la France était prête à « assister » l’armée nigériane pour sécuriser la région pétrolière du delta du Niger, en proie actuellement à un regain de violence.
« Nous sommes prêts », « à assister le Nigeria, en fonction de ses besoins et de ses demandes« , a déclaré François Fillon à Abuja, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec le dirigeant du pays, Umaru Yar’Adua. L’assistance pourrait porter sur plusieurs volets : la formation d’unités nigérianes, le partage d’expérience sur l’interception en haute mer et de la lutte contre la piraterie.
François Fillon a tenu néanmoins à préciser qu’il n’était « pas question que les forces françaises interviennent en tant que tel« , insistant sur le périmètre associé à tout soutien éventuel. A savoir « une coopération entre deux forces armées de deux pays », un « échange d’expérience », et le cas échéant « la mise à disposition de moyens ».
A l’occasion de la visite au Nigeria de François Fillon, plusieurs accords ont été signés, dont un « mémorandum » en matière de défense et de coopération maritime.
Christophe de Margerie, DG de Total et membre de la délégation française à Abuja, avait alors affirmé pour sa part que le Nigeria avait a un « potentiel énorme » pour les entreprises françaises. Il a cependant déploré qu’il y avait dans le pays le plus peuplé d’Afrique (140 millions d’habitants), « des gros problèmes de sécurité » qui touchent « autant les expatriés que les Nigérians ». En retour, Umaru Yar’Adua a assuré à la délégation française que le Nigéria était un lieu sûr pour les investissements malgré les tensions qui subsistent dans la région du delta du Niger.
Le Nigeria, un pays membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), représente 15% de la production de Total en Afrique. Le groupe français compte de nombreuses installations dans le delta du Niger (sud), tout comme Shell, Chevron ou encore ExxonMobil.
Sources : AFP, Reuters, Total
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