Arcandor : une nouvelle demande d’aide publique controversée

Arcandor_distribution Le groupe de distribution Arcandor vient à nouveau de solliciter une aide du gouvernement allemand. Le but ? éviter une insolvabilité qui pourrait survenir dès la semaine prochaine, selon l’entreprise.

Une nouvelle demande qui n’a l’heur de plaire ni à la Commission européenne, ni à Angela Merkel … lesquelles considèrent que la crise s’avère parfois bien « utile » pour justifier des demandes d’aides de l’Etat.

Un porte-parole d’Arcandor a déclaré que le groupe avait adressé une demande d’aide auprès de Berlin durant la nuit, avec copie à Bruxelles.

Arcandor a précisé ensuite avoir sollicité l’octroi d’un prêt de 437 millions d’euros à la banque publique KfW. Il devra être approuvé selon les procédures habituelles et être assorti d’une maturité à six mois.

Cette nouvelle requête intervient alors que de nombreux responsables politiques allemands et européens ont déclaré ces derniers jours qu’Arcandor ne pouvait prétendre à l’octroi d’une aide dans le cadre du plan de sauvetage gouvernemental. Ce dernier n’est en effet accessible qu’aux sociétés pour lesquelles la crise est directement à l’origine de leurs difficultués financières. Or, souligne la Commission euroépenne, ceci n’est pas le cas d’Arcandor.

Arcandor avait déjà déposé une demande d’aide publique, portant sur une garantie de 650 millions d’euros dans le cadre du plan fédéral de soutien aux entreprises. Mais la Commission de Bruxelles a estimé que le groupe ne répondait pas à l’un des critères fixés par ce plan, à savoir qu’une entreprise devait être en bonne santé avant le 1er juillet 2008, date retenue pour le début de la crise, afin de pouvoir en bénéficier.

Précisons en effet que le groupe de distribution est confronté depuis moult années aux des difficultés financières de sa branche de grands magasins Karstadt.

En vue de trouver une solution à la situation, Berlin a incité Arcandor à se rapprocher de son concurrent Metro. La chancelière Angela Merkel a en effet estimé que toutes les options privées n’avaient pas encore été explorées et a demandé que des pourparlers soient ouverts au plus vite pour sauvegarder les emplois. Le groupe de travail désigné par le gouvernement allemand pour piloter ce dossier s’est réuni vendredi et les discussions devaient se poursuivre ce week-end.

Samedi, la chancelière allemande Angela Merkel a qualifié « d’inadmissible » les demandes d’aide publique émanant du groupe Arcandor, alors que sa direction n’a encore pris aucune mesure concrète pour sauver l’entreprise.

« Il faut exiger plus des propriétaires et créanciers d’Arcandor, d’autant que certains secteurs de l’entreprise sont économiquement en bonne santé comme par exemple celui du tourisme », a affirmé Mme Merkel au quotidien Bild am Sonntag à paraître dimanche. « Ce sont des questions qui doivent recevoir réponses avant qu’on ne songe à une aide publique », a ajouté la chancelière.

Selon elle, Arcandor souffre « d’une très mauvaise gestion avec des contrats très défavorables », par exemple dans le domaine des bails de location pour ses grands magasins. Selon Bild, Karstadt aurait d’ailleurs suspendu ses paiements de bail à l’entreprise Highstreet qui aurait engagé des poursuites.

Mme Merkel a également critiqué ses partenaires sociaux-démocrates (SPD) au sein de la coalition gouvernementale, lesquels appellent à une aide publique pour sauver Arcandor. « Je ne peux vraiment pas comprendre pourquoi certains au SPD veulent faire peser un tel risque au contribuable allemand plutôt que de considérer les causes » de la mauvaise santé du groupe a-t-elle ajouté.

Pour rappel, Arcandor doit renouveler une ligne de crédit de 710 millions d’euros d’ici vendredi prochain et a prévenu qu’il ne survivrait pas s’il n’y parvenait pas.

Metro s’est quant à lui publiquement opposé à l’octroi d’une aide publique à son concurrent, estimant qu’il s’agirait là d’une entorse à la libre concurrence. Il propose que les deux groupes fusionnent leurs grands magasins Karstadt et Kaufhof. Les dirigeants des deux groupes se sont rencontrés la semaine dernière et doivent se réunir à nouveau la semaine prochaines.

Sources : AFP, Reuters