Equateur : le séisme engendre des mesures économiques drastiques dans un pays en crise

Quand séisme rime avec finance et effort collectif …. Après le séisme dévastateur qui a fait plus de 525 morts depuis samedi en Equateur, le président Rafael Correa vient de demander aux Equatoriens de mettre la main au porte-monnaie. Tentant ainsi de faire face au coût de la catastrophe, estimé à trois milliards de dollars.

Précisons que le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 a dévasté la côte pacifique de l’Equateur, touchant notamment des zones touristiques. Les secours tentent toujours de trouver des survivants à l’heure actuelle, mais leur travail s’avère ardu compte-tenu des nombreuses répliques enregistrées – plus de 500 – dont plusieurs ont dépassé une magnitude 6.

Rafael Correa a d’ores et déjà chiffré le coût du séisme à « deux ou trois points de PIB » (produit intérieur brut) alors que l’économie du pays souffre d’ores et déjà de la chute des cours du pétrole. Pour financer en partie ces nouvelles dépenses rendues nécessaires par la catastrophe, il vient d’annoncer un passage du taux de TVA de 12 à 14% pour une durée d’un an.

« En accord avec ce que me permet la Constitution en cas d’état d’exception, il sera établi par l’assemblée nationale une contribution de deux points additionnels sur la TVA pour un an », a ainsi déclaré le président équatorien mercredi soir dans un message télévisé adressé à la nation.

Les consommateurs ne seront pas les seuls touchés, puisque les salariés devront s’acquitter d’une contribution sur salaire obligatoire. Son montant sera l’équivalent de la rémunération d’un jour de travail pour ceux gagnant 1000 dollars par mois, de deux jours pour un salaire de 2000 dollars par mois, et jusqu’à cinq jours pour ceux gagnant 5000 dollars mensuels. Les propriétaires ne sont pas en reste puisque ceux dont le patrimoine dépasse 1 million de dollars devront s’acquitter par ailleurs d’une contribution équivalant à 0,9% de leurs biens.

M. Correa a également annoncé la vente d’actifs de l’Etat « pour surmonter ce moment difficile », sans toutefois fournir de plus amples détails.

Ces mesures s’ajoutent à la hausse des taxes sur la bière et les cigarettes, qui était sur le point d’être adoptée à l’Assemblée nationale avant la catastrophe, alors que le pays très endetté éprouvait jusqu’à présent des difficultés à obtenir des financements. L’Equateur souffre en effet de la baisse des cours du pétrole, pilier de son économie. La croissance n’a été ainsi que de 0,1% en 2015, alors que le gouvernement tablait sur 4%.

En septembre dernier, en marge de sa visite à Paris à l’occasion de la COP21, le président de l’Equateur, dont le pétrole représente plus de la moitié des exportations, avait fait état d’une véritable révolution énergétique touchant l’offre et la demande du pays. Indiquant que l’Equateur était en train de bâtir huit barrages hydroélectriques, qui devraient permettre de  doubler la puissance électrique du pays et qu’un changement du réseau électrique était en œuvre en vue de  limiter les pertes et accroître l’efficacité. Des projets que le séisme pourrait fortement impacter.

Sources : ATS, AFP, Le Monde

Elisabeth Studer – 21 avril 2016 – www.leblogfinance.com