Malgré la fronde menée par les partis d’opposition, le Parlement grec a voté vendredi soir le décret rendant obligatoire le transfert des réserves de fonds des organismes publics et autorités locales à la Banque centrale du pays. Une mesure qui a pour but premier de permettre à l’Etat grec de faire face aux graves difficultés financières auxquelles il est confronté.
Le texte a été adopté vendredi soir par la majorité gouvernementale des députés de la coalition de la gauche Syriza et du petit parti nationaliste Anel. La mesure vise à couvrir « les besoins d’urgence de l’Etat, qui s’élèvent à trois milliards d’euros pour les 15 prochains jours », précise le décret. Mais quelle autre recette miracle sera trouvée à cette échéance pour pouvoir affronter de nouveaux problèmes, serait-on tenté de dire ?
L’opposition qualifie ce décret « d’anticonstitutionnel », il est vrai qu’une telle mesure pourrait s’apparenter à une sorte de racket des banques sur établissements publics grecs … Il s’agit ni plus ni moins en effet d’un transfert obligatoire des réserves financières de quelque 1400 organismes publics (hôpitaux, universités …) et collectivités locales pour un montant avoisinant 1,5 milliard d’euros, selon les estimations du gouvernement.
Au delà des partis d’opposition, les représentants des organismes concernés, et en tout premier lieu, ceux des autorités locales accusent le gouvernement d’intervenir dans la gestion de leurs fonds alors que la constitution garantit leur indépendance.
Georges Patoulis, président de l’Union des maires de Grèce et maire de Maroussi, banlieue nord d’Athènes, a quant lui demandé au gouvernement de l’éclairer sur la durée de ce transfert et sur le mécanisme qui sera mis en place en vue d’assurer le financement des administrations publiques . Car au final, priorité a été donnée aux banques, au détriment du fonctionnement du pays lui-même …
« Le placement de cet argent est absolument sûr et il n’y a aucune raison que les maires, les conseillers régionaux ou les universités n’effectuent pas ces transferts vers la Banque de Grèce », a quant à lui répliqué en suivant le ministre adjoint des finances Dimitris Mardas. Kostas Agorastos, président de l’Union grecque des régions.
En milieu de semaine, le parti Nouvelle Démocratie avait fait part de sa crainte que cette mesure puisse « stopper la construction en cours de routes, d’hôpitaux et d’écoles ».
Le syndicat des médecins d’Athènes a également dénoncé également cette décision, estimant que cette dernière « arrive à un moment où les finances des hôpitaux ont touché le fond ».
En janvier dernier, le JDD indiquait que plus d’un quart de la population grecque ne bénéficiait plus de couverture sociale, les hôpitaux publics étant quant à eux débordés et exsangues. « La rigueur budgétaire a désorganisé le système de santé publique et entraîné une crise humanitaire » résumait ainsi le journal.
En guise de promesse électorale, Syriza avait promis de réembaucher les 3.000 médecins licenciés sur les 6.000 qui pratiquaient dans les centres de santé publics.
« On assiste à une privatisation progressive du système dans lequel la santé est devenue un produit qu’on achète, précisait en début d’année Odysseas Boudouris, député indépendant proche de Syriza. Ce chirurgien, ancien président de Médecins sans frontières en Grèce, n’hésitait plus à utiliser alors l’expression de « crise humanitaire » en parlant de son pays.
Sources : ats, AFP, JDD
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 26 avril 2015
Les régions acceptent de prêter de l’argent au gouvernement
Les gouverneurs des régions grecques ont accepté samedi de prêter de l’argent au gouvernement d’Athènes au bord de la banqueroute. Ils ont auparavant reçu l’assurance du Premier ministre Alexis Tsipras qu’il ne s’agissait que d’une mesure temporaire.
Les députés grecs ont voté vendredi soir par 156 voix sur 300 un décret qui contraint les institutions publiques à fournir des liquidités au gouvernement central, malgré l’opposition des municipalités et des syndicats à cette mesure.
Alexis Tsipras a reçu samedi les gouverneurs de régions et d’autres représentants locaux pour les rassurer. « Nous avons obtenu la garantie qu’il s’agit d’une mesure d’urgence temporaire, qui deviendra optionnelle dans peu de temps », a déclaré le chef de la délégation, Kostas Agorastos, en sortant de la réunion.
« Comme il (Tsipras) nous a parlé avec franchise, et comme notre pays a besoin de cet outil de négociation pour que les négociations soient menées à bien, nous allons lui donner cet outil », a-t-il ajouté.
Caisses bientôt vides
La Grèce ne parvient toujours pas à se mettre d’accord avec ses partenaires européens sur les réformes à entreprendre pour obtenir le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide. Pourtant, les caisses de l’Etat seront bientôt vides, avec de grosses échéances de remboursement de dette à venir avant et pendant l’été.
Réunis vendredi à Riga, en Lettonie, les ministres des Finances de la zone euro n’ont pas caché leur impatience face aux tergiversations d’Athènes. Ils ont exigé un plan de réformes détaillé et complet.
Alexis Tsipras dit de son côté souhaiter un compromis « honorable » et a appelé ses partenaires à ne pas abuser de la position de faiblesse dans laquelle se trouve la Grèce faute de liquidités, d’où sa volonté de se redonner un peu de marge de manoeuvre avant l’été.
Meilleurs taux d’intérêt
« L’Etat s’est engagé à payer les salaires et les pensions de retraite », a rappelé Nikos Filis, chef de file de la majorité au parlement, en défendant le décret devant les députés. « L’argent (prêté par les régions) bénéficiera de meilleurs taux d’intérêt (que ceux accordés par les banques) », a-t-il ajouté.
Le temps presse pour le chef de la gauche radicale. Outre les échéances de dette à venir, le soutien de la population à sa politique est en net recul. Un sondage de l’Université de Macédoine publié cette semaine montre que 45,5% des Grecs approuvent sa stratégie de négociation, soit près de 30 points de moins qu’en février.
(ats / 25.04.2015 21h32)
Mais que veulent le peuple grec!:
Rester dans l’Union ou pas?
Payer leur dettes pharaoniques ou pas?
30 points de moins pour Tsipras auprès d’eux c’est incompréhensible.
Ils s’attendaient a quoi de sa part? Un miracle?
Je ne les comprends absolument pas.
oui, ils croient encore en la politique , alors que cela rime avec corruption …
La frontière entre finance et corruption est souvent fine…
Pareil quant au droit civil comme on peut le voir ici http://finance-droit-civil.com/
Très bon article en tout cas, très intéressant et je partage l’avis de Cana et ES
merci Martin ! 😉