En mémoire aux journalistes de Charlie-hebdo /Visa pour l’Image : la finance pourrait sonner le glas du photo-journalisme

« Les financiers sont en train d’enterrer ce métier. » C’est le cri d’alarme que lance en préambule Jean-Paul Griolet, Président de l’Association Visa pour l’Image qui présente, du 30 août au 14 septembre 2014, le 26ème festival international du photo journalisme à Perpignan.
Tout est dit : la finance tente de maîtriser – voire maîtrise d’ores et déjà – le monde des médias et tout particulièrement le secteur de la photo. Le danger pouvant être – si nous n’y prenons garde – d’aboutir à une information absente de tout pluralisme … voire à une dictature de l’information ?

Car petit à petit, la pieuvre financière a mis son dévolu sur un média qui permet de façonner une image du monde qui sert ses intérêts
Le froid glace d’autant plus le sang si l’on rappelle qu’en septembre 2009, se passait un événement information passement totalement inaperçue ou presque … et pourtant, d’une importance majeure.

A l’heure ou photos et vidéos peuvent changer tant la face du monde que la conception que nous en avons … « on pourrait même s’effrayer de savoir que la très célèbre agence Getty Images est désormais tombée dans le giron de Carlyle », le trop célèbre fonds d’investissement lié notamment à Ben Laden Grouet à Oliver Jean Sarkozy, m’étais-je alarmée à cette date ….

Quand on sait que Carlyle détient aussi une part non négligeable dans l’opérateur télécoms historique français mais également planétaire … à savoir Orange – France Telecom … on peut imaginer avec effroi ce que l’alliance – plus ou moins volontaire – des trois pourrait engendrer … avais-je alors ajouté.

Le spécialiste de l’image photo et vidéo Getty Images venait alors d’être racheté à la société d’investissement Hellman & Friedman pour 3,3 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros) par ses fondateurs et dirigeants, lesquels sont associés au fonds Carlyle pour l’opération. La nouvelle a été officialisée le 15 août 2009 par un communiqué commun … en plein congés d’été, ce n’est pas un hasard

L’accord prévoyait notamment la participation du président et cofondateur de Getty, Mark Getty, ainsi que de la famille Getty et d’autres membres de l’encadrement du groupe, dont le directeur général et cofondateur Jonathan Klein.

« Nous exploiterons les ressources financières de Carlyle et son réseau mondial pour aider Getty Images à franchir une nouvelle étape dans l’innovation en termes de produits et à croître au niveau mondial », promet Eliot Merrill, directeur de Carlyle, cité dans le communiqué. De quoi glacer le dos …
« Nous sommes ravis de collaborer avec Carlyle (…) et d’amener notre entreprise vers une nouvelle étape de développement et de croissance », s’était félicité de son côté Jonathan Klein. « En 17 ans, nous avons bâti une entreprise qui a révolutionné son secteur, avec l’innovation comme moteur. J’ai confiance dans le fait que le partenariat entre Getty Images et le groupe Carlyle permettra à l’entreprise de continuer à être couronnée de succès », avait quant lui déclaré Mark Getty.

En mai 2009, le Financial Times avait laissé entendre pour sa part que Hellman & Friedman avait fait appel à différentes banques en vue de piloter une éventuelle vente ou introduction en Bourse du fonds photographique Getty Images.

Désormais, la part du fonds Carlyle dans la société dépasse légèrement les 50%, ce qui lui donne le contrôle de Getty Images.…

Un revirement de stratégie, alors qu’en 2008, la société d’investissement avait payé 2,4 milliards de dollars pour cette fois-ci retirer de la cote le spécialiste de l’image photo et vidéo.
Depuis sa fondation en 1995 à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest des Etats-Unis), Getty Images s’est imposé comme la première agence photographique ciblant prioritairement des clients non-médias. Mais elle a acquis ces dernières années ses lettres de noblesse sur le marché de l’information de presse. La société compte l’Agence France-Presse parmi ses partenaires.
« George Bush père et fils, Frank Carlucci, l’ex-directeur adjoint de la CIA, John Major, l’ex-premier ministre britannique, George Soros, Olivier Sarkozy et tous leurs semblables se frottent les mains : le fonds d’investissement américain Carlyle, connu comme étant lié au complexe militaro-industriel américain, continue à étendre son empire » s’alarmait quant à lui le SNJ-CGT (Acrimed).

Ce dernier rappelant que depuis 2002, Getty et l’AFP étaient alors partenaires suite à un accord de délégation de couverture dans le cadre d’un contrat signé « sous l’ère Eveno.
De son côté, Carlyle gère les placements de 1400 investisseurs par le biais de 99 fonds d’investissement et de 63 fonds dites « véhicules » : fondé en 1987 avec 5 milliards de dollars, il avoue en gérer aujourd’hui 156 ; et il investit dans tous les secteurs, notamment celui de la défense.

Le SNJ-CGT (Acrimed) rappelait par ailleurs qu’en juin 1999, le groupe Carlyle avait injecté 26,5 millions dans le Figaro. Il s’était également fait connaitre du grand public en en 2002 avec le scandale de l’Imprimerie nationale, achetée 85 millions en 2003 à l’Etat et revendue quatre ans plus tard 376,5 millions (après des travaux pour un montant de 120 millions). Autre belle opération pour Carlyle souligne encore le SNJ-CGT : « le rachat de la presse professionnelle de Vivendi en 2002 et la revente à la découpe (le groupe Moniteur à Sagard en 2004, La France agricole en 2005, le groupe GISI à ETAI ainsi que le groupe Tests à Nextradio en 2007) ».

Toujours selon le syndicat des journalistes, Getty Images a « réussi à complètement déréguler le marché de la photographie de presse, notamment en commercialisant des photos libres de droits (photos d’amateurs), se spécialisant dans la photo dite d’illustration et de magazine et en cassant les statuts sociaux ».
Au final, souligne le SNJ-CGT, les « salariés de Getty et les reporters-photographes ont raison d’avoir toutes les craintes pour leur avenir et celui de leur profession ».

Pour le SNJ-CGT, « il serait temps pour l’AFP de rompre son accord avec Getty Images et son nouveau propriétaire à l’éthique et aux principes peu scrupuleux ».
Prévenant que sans cela, les « les dérives déontologiques » et de choix de « couverture », dénoncés régulièrement par les photojournalistes, « risquent de s’accentuer ». « Au détriment d’une information complète et sourcée auquel a droit chaque citoyen » prévenait au final le syndicat.

Aujourd’hui c’est Jean-Paul Griolet qui lui emboîte le pas …. et qui enfonce le clou … Estimant qu’ « à travers ses reportages, le photojournaliste doit éveiller notre conscience ; promouvoir la tolérance, le respect d’autrui, les beautés du monde ; condamner les barbaries, tous les racismes, les fanatismes, les dégradations de cette planète que nous allons léguer à nos enfants… » Ajoutant avoir besoin des photojournalistes, qui ont « fait le choix de cet idéal » et ont en fait leur métier , en y ajoutant leur vision et leur talent.

Mais pour lui, il « devient crucial que tous les acteurs de la presse, qui vivent grâce à leur talent et leur courage, cessent de les sacrifier sur l’autel du seul profit financier.

Adressant au final une véritable « supplique » aux gouvernants et politiques : « il faut agir vite pour sauver le photojournalisme. ».

Elisabeth Studer www.leblogfinance.com – 05 septembre 2014

A lire également :

Quand Getty Images passe au main de la pieuvre Carlyle

Visa pour l’Image / Grèce : jusqu’où nous mène la folie financière de Goldman Sachs

SFR : le gouvernement s’inquiète d’actionnaires peu scrupuleux … comme Carlyle ?

(35 commentaires)

  1. Carlyle Group’s Getty Images Ratings on Review for Cut by Moody’s
    By Kristen Haunss Sep 4, 2013 9:46 PM

    Ratings on Getty Images Inc.’s debt were placed on review for a possible cut by Moody’s Investors Service because of weaker-than-expected results from the photo archive controlled by Carlyle Group LP.

    The company’s rising debt compared with earnings before interest, taxes, depreciation and amortization, as well as reduced income from its division that sells photographs to websites led to the review, according to a statement yesterday from the ratings company. Second-quarter revenue is estimated to have fallen to $226 million from $234 million a year earlier, Moody’s said.

    Moody’s review comes less than a year after Getty Images took on almost $2.6 billion in debt to finance Carlyle Group’s $3.3 billion buyout of the company from Hellman & Friedman LLC. The company’s midstock business, which sells photographs to websites and smaller businesses, has been challenged by competitors like Shutterstock Inc. (SSTK) and Fotolia LLC, according to Moody’s analyst Carl Salas.

    “The company is falling short of expectations laid out for 2013,” Salas, who is based in New York, said in a telephone interview. “Moody’s view is that it will be challenged to make the expected revenue and Ebitda levels.”

    Revenue for the 12 months ended in June dropped to $897 million at Getty, which is about 51 percent owned by Carlyle and the remainder by a trust representing Getty family members, according to Moody’s. Revenue was about $907 million for the 12 months ending March 31, according to a May 14 Moody’s report.

    Loan Prices

    Getty’s approximately $1.9 billion term loan, used to finance its buyout, fell 4 percent last month to as low as 95.06 cents on the dollar on Aug. 22, according to data compiled by Bloomberg. It started the month of August at 100.38 cents. The debt was quoted today at 96.63 cents.

    The company’s $550 million of 7 percent notes due October 2020 were quoted today at 89.19 cents, up from 87.06 cents on Aug. 20, Bloomberg data show. Getty also got a $150 million revolving credit line for the purchase.

    Randall Whitestone, a Carlyle spokesman, declined to comment and referred questions to the company. Jodi Einhorn, a Getty spokeswoman, didn’t return a telephone call seeking comment on the Moody’s action.

    One third of Getty’s revenue comes from its midstock business and another third from its premium stills group, where it sells high-resolution photos to larger companies and advertising firms for $300 or more per picture, according to Salas. About 25 percent of the business is editorial stills, including images sold to newspapers or magazines.

    Midstock Business

    Revenue for Getty’s midstock business was down 9 percent for the three months ended in June, compared with the same time period ended June 2012, according to Moody’s. Its high-end and editorial businesses were unchanged to growing.

    Contributing to the decline in the midstock business has been increased competition from Shutterstock, which completed an initial public offering in 2012, and from Fotolia, which KKR & Co. (KKR) invested in last year.

    “Getty is a leader in the field and these other companies are newer to the business, but are going through high growth because they are focusing on the microstock segment,” Salas said.

    Shutterstock sold 4.5 million shares at $17 apiece in its initial 2012 offering, the New York-based company said in an Oct. 10 news release. The stock has more than doubled as of yesterday.

    KKR announced a $150 million growth equity investment in New York-based Fotolia in May 2012. In addition, KKR and TA Associates worked with management to put in place a $150 million financing, according to a May 16, 2012 news release.

    Revised Forecast

    Moody’s revised forecasts for the next 12 months indicate Getty will need more time than initially anticipated to stabilize revenues and restore operating margins, and bring financial performance in line with plans the company presented when the debt was rated for the October 2012 Carlyle buyout.

    “The plan they discussed at the beginning of the year, indicated a decline but by the end of the year, the beginning of 2014, there would be a restoration of margin and the declines would decelerate,” Salas said. “Now Moody’s believes the potential is greater that the trend line will continue and you will still see a decline, and it’s going to take longer to be fixed.”

    Leverage at Getty was about six times when Carlyle bought the company in 2012 and rose to about 7.1 times as of June 30, according to Moody’s. Leverage increased to 3.2 times in 2008 from less than 1.5 times when Hellman & Friedman purchased the company, according to Moody’s. Leverage increased during Hellman & Friedman’s ownership after a 2010 dividend.

    “We believe long-term leverage will be high because of Getty’s private-equity ownership, history of special dividends and aggressive financial policy,” Standard & Poor’s analysts wrote in a March 26 news release.

  2. je ne crois pas malheureusement que le systeme de propagande US soit à bout de souffle; bien au contraire
    même les journalistes US s’en inquietent …

  3. l’arroseur arrose ….
    Getty Images Sues to Block Microsoft’s Bing Image Widget
    By Bob Van Voris and Joel Rosenblatt September 04, 2014

    Getty Images Inc. sued Microsoft Corp. (MSFT:US) over claims its Bing Image Widget, an application that allows Web designers to add collages and slideshows, violates Getty’s copyrights.

    Getty, the Carlyle Group LP-controlled photo archive, said in a complaint filed in Manhattan federal court today that the Bing tool displays images without permission from copyright owners including, in many instances, Getty.

    Rather than draw from a licensed collection of images, Microsoft “gathers these images by crawling as much of the Internet as it can, copying and indexing every image it finds, without regard to the copyright status of the images and without permission from copyright owners,” according to the complaint.

  4. Comment Israël « forme » des journalistes étrangers
    L’OBJECTIVITÉ VUE PAR TEL-AVIV

    ORIENT XXI > MAGAZINE > REPORTAGE > VINCIANE JACQUET > 17 SEPTEMBRE
    Du 30 août au 4 septembre s’est déroulée à Tel-Aviv une formation tous frais payés par le gouvernement israélien pour « apprendre à parler d’un conflit de manière neutre et professionnelle ». Au programme, des conférences sur le terrorisme et les sujets militaires et politiques, un « tour stratégique » de Jérusalem et des zones de conflit, et des rencontres et échanges avec des leaders politiques, des universitaires et des journalistes israéliens. Trente journalistes du monde entier, triés sur le volet, y ont participé.

    Les jeunes journalistes participants du MICS 2014.
    Media in Conflicts Seminar, septembre 2014.
    « Les conflits sont partout. Notre vrai défi est d’en parler » : c’est sous ce slogan attrayant qu’une formation de cinq jours tous frais payés à Tel-Aviv, le Media In Conflicts Seminar (MICS), est proposée à de jeunes journalistes du monde entier pour les inviter à adopter une vision plus « objective » des agissements d’Israël. Une action de la hasbara1 très discrètement financée par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

    LES SAUVEURS DE LA PALESTINE

    « Je préfère que la Palestine devienne terre d’Israël, plutôt que de la voir tomber aux mains du Hamas », les organisateurs du séminaire « médias en conflit » préviennent que l’interview est « off ». Ce Palestinien ne donnera pas son nom. Il craint pour sa vie. Il explique que si « certaines personnes » venaient à apprendre ce qu’il pense, il serait menacé de mort. Il travaille dans le bâtiment, « avec des Arabes et des juifs, et tout va bien », assure-t-il. Selon lui, cette situation et les morts qui s’accumulent depuis des années sont la faute du Hamas qui utilise les gens de Gaza comme boucliers humains. La résonance avec le discours entretenu par l’armée israélienne laisse perplexe.

    Parmi les seize intervenants du MICS, trois sont des Palestiniens, et les trois soutiennent la politique d’Israël. Là est toute l’étendue de l’« impartialité » proposée par la formation. Le message est asséné tous les jours : Israël nous sauvera tous. Barak Raz est un ancien porte-parole de l’armée israélienne et un ancien chef d’opérations militaires. Il est présenté dans le séminaire comme « un fier sioniste qui aime à l’occasion partager ses pensées et ses impressions sur la situation en Israël et dans le monde ». Il assure que « Mahmoud Abbas et le Fatah savent très bien que seul Israël peut maintenir l’ordre et la sécurité en Cisjordanie. C’est pour cette raison qu’ils nous laissent intervenir ». La perspective israélienne est défensive et protectrice, et leur armée est une « force de défense »2. Miri Eisin, colonel à la retraite et aujourd’hui professeure de géopolitique, explique qu’Israël a besoin de diffuser ce message car les médias étrangers, en choisissant de ne montrer qu’une face du conflit, désignent les Israéliens comme les envahisseurs. « Si vous choisissez, sur une photographie, de montrer des soldats et des chars, vous choisissez de montrer l’occupation. Vous émettez donc l’hypothèse qu’il y a de la violence à cause de cette occupation. En revanche, si vous choisissez de montrer les bombes du Hamas, vous montrez la violence et supposez que l’occupation est nécessaire pour combattre cette violence. Malheureusement, les médias occidentaux ont décidé de montrer seulement l’occupation ».

    Pourtant Israël est là pour Gaza. Sharon Banyan, ancien officier de l’armée qui a démissionné en octobre 2013 a toujours d’étroites relations avec le corps militaire et aime mettre en avant les efforts qui sont faits pour soutenir les Palestiniens. « Nous leur avons laissé la plus belle partie de la côte », dit-elle. « Nous leur avons permis de construire des hôtels de luxe en bord de plage, et vous pourrez les voir si vous y allez ». Elle insiste ensuite sur la façon dont le Hamas détruit tous ces efforts et transforme la vie des habitants en cauchemar : « La centrale d’Ashkelon fournit à Gaza toute l’électricité dont elle a besoin. Et pourtant les combattants du Hamas en ont fait une cible légitime et ont essayé d’y envoyer des missiles plusieurs fois ». Schlomi Fogel est un homme d’affaires influent qui affirme qu’Israël assure également son soutien à l’ensemble des pays arabes grâce à des relations commerciales qui représentent plus de cinq milliards de dollars. « En tant que journalistes, vous devez faire attention à ce qui se passe sous la table », conseille-t-il.

    CET ENFANT QUI DOIT MOURIR

    Les journalistes occidentaux en prennent pour leur grade. Paul Hirschson, porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, assène que « ce qui s’est passé à Gaza n’était pas du journalisme. Des questions élémentaires n’ont pas été posées, ils [les journalistes] savaient qu’ils ne faisaient pas leur travail correctement ». Hirschson fait notamment référence aux enfants de Gaza. « Personne, parmi l’IDF, ne veut tuer des innocents », déclare Arie Sharuz Shalicar, porte-parole auprès de l’Union européenne. « Mais nous y sommes forcés. Quel autre choix avons-nous lorsque nous les voyons courir vers nous avec une ceinture d’explosifs à la taille ? », continue-t-il. Photographies à l’appui, les conférenciers mettent en cause le Hamas et l’utilisation indigne de leurs propres familles comme boucliers humains. Les missiles se trouvent sur la terrasse d’un bâtiment avoisinant une école, un hôpital, un centre des Nations-Unies…

    Boaz Ganor, fondateur et directeur de l’Institut international pour le contre-terrorisme, ajoute qu’« il ne connait pas une seule armée au monde qui ait dû faire face à une situation de cette complexité ». Bien triste, mais légitime et inévitable selon tous les porte-paroles de l’armée. Le but de chaque opération militaire israélienne n’est pas d’assassiner les têtes blondes de leurs voisins, mais de protéger les leurs. Banyan, lors de la visite des participants au séminaire à Sderot, insiste : « Lorsque la sirène retentit, vous n’avez qu’une poignée de secondes pour choisir quel enfant vous voulez sauver. Si vous avez trois enfants, jouant à trois endroits différents, vous n’aurez pas le temps d’aller tous les chercher ; c’est une situation insupportable à vivre. » Discours rôdé répété mot pour mot par plusieurs intervenants et saupoudré du témoignage poignant de parents ayant perdu leur fils ou leur fille. Nulle mention des abris anti-missiles construits dans chaque maison de Sderot. Nulle présence des parents palestiniens ayant perdu un ou plusieurs enfants. La compassion et l’empathie deviennent des armes au service de la légitimation de l’action militaire.

    La « formation » devient digne des plus grandes campagnes politiques. Les organisateurs se disent étudiants ou anciens étudiants intéressés par les relations internationales. Mais qui paie les cinq jours tous frais payés (à l’exception du billet d’avion pour se rendre à Tel-Aviv), avec bus privé affrété tous les jours et séjour dans un hôtel à 150 dollars par jour ? Sans compter que devant le micro, ce sont pour la plupart des militaires haut-gradés, des porte-paroles ou d’anciens porte-paroles de l’armée qui se relaient.

    Ce séminaire dit « professionnel » a en fait débuté en 2009, à l’initiative d’anciens membres de StandWithUs Israel, un groupe anti-palestinien basé aux Etats-Unis et généreusement soutenu par Israël à coups de plusieurs millions de dollars. Le projet est approuvé et reçoit la collaboration financière du ministère de la diplomatie (aujourd’hui englobé dans les services du premier ministre). En 2012, un rapport du Molad notait, se référant au MICS, que « le ministère de la diplomatie organise un séminaire annuel […] pour des membres des médias et des journalistes européens en vue de développer des liens plus intimes et personnels qui encouragent une attitude plus positive à l’égard de la politique intérieure et étrangère d’Israël ». Dans un article de 2010, « Conflict Reporting 2010 : Lessons from Israel », Howard Hudson, ancien éditeur au Centre européen de journalisme, mentionnait que les diplômes reçus à la fin de la formation portaient le sceau du ministère de la diplomatie. La « cérémonie » de remise des diplômes a toujours lieu, autour d’un buffet-traiteur accompagné de verres de vin rouge et blanc. Mais le sceau du ministère a disparu. Tout comme les communiqués de presse officiels qui approuvaient le programme du MICS. Restent l’ambiance estudiantine et le sentiment formidable d’appartenance à une même communauté, cultivés avec enthousiasme et loyauté par les étudiants d’Herzliyya.

    UNE GENTILLE COMMUNICATION

    Et à force de bons sentiments, le séminaire se transforme en camp d’été. Les 18 journalistes venus du monde entier, sélectionnés parmi plus de 300 candidats, ont entre 20 et 30 ans. La plupart sont à peine sortis de l’école, d’autres en sont au début de leur carrière. Ils arrivent frais et pleins d’enthousiasme devant des organisateurs du même âge. L’ensemble fait un peu colonie de vacances ; les « monos » rappellent à l’ordre ces jeunes « pioupious » excités qui ne savent pas se tenir.

    Israël, vers laquelle tous les yeux sont braqués depuis des décennies, est la terre promise pour le reporter en herbe qui n’a jamais mis un pied en zone de guerre. Quelle fierté d’y être ! Et pourtant. Les heures de conférences s’enchaînent, mais très peu parmi les auditeurs prennent des notes. Très peu de mains se lèvent pour protester contre les discours assénés. L’oreille semble attentive, c’est déjà bien assez. Tout le monde garde ses forces pour les sorties du soir. Selfies, tournée des pubs et dîner-pizzas initiés par les jeunes cadres dynamiques de la capitale israélienne font oublier les bombes qui pleuvaient sur Gaza il y a à peine quelques semaines.

    Parce qu’au fond, ils ont l’air gentil ces Israéliens. Fi de violence dans les paroles, ils sont prévenants, attentifs, aux petits soins. Respectueux de tous. D’ailleurs « Israël n’a jamais violé les droits civils des Palestiniens en 60 ans », clame l’avocat Elyakim Haetzni. Là, quand même, les pioupious se réveillent. Murmure dans la salle. Mais pas plus, il ne faudrait pas casser la bonne ambiance entre nous. Cela aura été l’unique véhémence journalistique de la semaine. Le séminaire se termine. Seuls deux participants sur 18 y attachent une tentative claire de propagande sioniste. Parmi les 16 autres, on arbore fièrement l’attestation de réussite reçue lors de la cérémonie de clôture. Aucun esprit critique, aucune réflexion personnelle de la part de ceux qui sont présentés comme les « plumes » de demain. Israël et sa stratégie de « communication gentille » peuvent se féliciter de leur succès. Et nous, nous inquiéter de cette trop facile manipulation des jeunes cerveaux du monde des médias.

    VINCIANE JACQUET

  5. Getty Images dépose une plainte contre Google

    Bruxelles – L’agence de photos Getty a déposé plainte mercredi contre Google auprès de la Commission européenne pour pratiques anticoncurrentielles, reprochant notamment au moteur de recherche de promouvoir le piratage.

    Getty se joint ainsi aux poursuites engagées en 2015 par Bruxelles contre le moteur de recherche américain pour abus de position dominante dans la recherche sur l’internet. La Commission européenne a lancé récemment une nouvelle offensive contre le géant américain, avec cette fois dans son viseur le système d’exploitation Android.

    Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé mercredi avoir reçu la plainte de Getty, qu’elle va examiner. Sollicité par l’AFP, Google n’a pas souhaité faire de commentaires dans l’immédiat.

    La plainte de Getty Image se concentre particulièrement sur les changement effectués en 2013 sur Google Images, le moteur de recherche pour images de Google, qui ont non seulement affecté l’activité de licences d’images de Getty Images mais aussi les créateurs de contenus dans le monde entier, en créant des galeries (…) de contenus de haute résolution sous droit d’auteurs, affirme l’agence dans un communiqué.

    Dans la mesure où la consommation d’image est immédiate, une fois que l’image est diffusée en haute résolution, en grand format, il y a peu d’incitation à aller voir l’image sur le site dont il provient à l’origine, ajoute l’agence.

    Les changements effectués en 2013 ont notamment promu le piratage, conduisant à une large infraction des droits d’auteurs en transformant les utilisateurs en pirates accidentels, regrette l’agence qui affirme représenter plus de 200.000 photojournalistes, créateurs de contenus et artistes.

    Les artistes ont besoin de gagner leur vie afin de maintenir leur créativité et les droits de licence sont essentiels à cet égard, a commenté le responsable juridique de Getty Images Yoko Miyashita. Cela n’est pas possible si Google siphonne le trafic et crée un environnement dans lequel il peut revendiquer les profits générés par les créations de particuliers, a-t-il ajouté.

    Getty critique la réponse que lui aurait faite Google: accepter sa présentation des images en haute résolution ou sortir de la recherche (…) ce qui reviendrait à devenir invisible sur Internet.

    Le service Google Images avait déjà fait l’objet d’une plainte en 2013 déposée par le Cepic (Centre of the Picture Industry), un groupe d’intérêt qui fédère des centaines d’agences de photographie et de banques d’images en Europe, comme Getty Images et Corbis.

    Cette plainte survient alors qu’aux Etats-Unis, selon le Wall Street Journal, l’autorité de la concurrence, la FTC, s’intéresse tout comme la Commission à Google pour savoir si le groupe de Mountain View abuse de la position dominante de son système d’exploitation mobile Android pour tenter de privilégier ses propres services.

    La semaine dernière, l’autorité canadienne de la concurrence a classé sans suite son enquête sur la publicité en ligne de Google, indiquant que le géant de l’Internet avait modifié ses pratiques suite à ses demandes.
    AFP / 27 avril 2016

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