Urgence pour les urgences : mort d’un nourrisson par désert médical

Il y  aurait-il urgence pour  les urgences ? Cela y ressemble …

Alors que la récente démission  de  Pierre Taboulet – chef des urgences  de l’hôpital Saint-Louis (Paris) –   est passée complètement à la trappe dans  de nombreux media – ce dernier  agissant  pour protester contre  le manque de moyens de son service –  il aura  fallu qu’un bébé meure à  la suite de l’accouchement    de sa mère  sur l’autoroute  pour relancer le débat.

Rappelons  les faits : faute de maternité dans le nord du département où elle réside, une femme de 35 ans a accouché alors qu’elle se rendait en urgence par ses propres moyens à la maternité de Brive. Le  nourrisson  n’aura  pas survécu à cet effroyable désert médical et meurtre  – jusque là virtuel  – des services d’urgences.

Certains  auraient pu croire  que cela se passe en Afrique  mais   les faits se sont bien déroulés  en France  ….  au 21ème siècle … certes  à des kilomètres de Paris et des décideurs  de Bercy ….

Le décès d’un nourrisson suite à l’accouchement au milieu de l’autoroute A-20 dans le Lot vendredi dernier pourrait  en effrayer  plus d’un sur l’état des  services médicaux d’urgences  et des  conséquences  humaines  des  politiques salariales  et financières – voire de la main-mise  du libéralisme à outrance – menées ces dernières années.

Certes, samedi, François Hollande a demandé une enquête administrative afin de « tout connaître » des circonstances de ce drame. Le président de la République reprenant  l’engagement   « déjà énoncé avant l’élection présidentielle » qu’aucun Français ne se trouve à plus de 30 minutes de soins d’urgence ».

Précisons  que le Lot  ne compte désormais plus qu’une maternité à Cahors pour 170.000 habitants, après la fermeture en 2009 de celle de Figeac et de celle de Gourdon quelques années plus tôt.

S’exprimant samedi sur Europe 1, samedi, Patrick Pelloux, le président de la fédération des médecins urgentistes (SAMU) s’est insurgé contre ce manque de maternités. « Au début des années 200, il y avait 700 maternités en France, et il n’en reste que 535. 535 pour 65 millions d’habitants et pour un pays qui a la plus forte fécondité en Europe », a-t-il souligné.

« Aujourd’hui, les regroupements sont néfastes de part l’éloignement et les difficultés d’accès », a pour sa part déploré Michel Antony, président de la Coordination nationale pour la défense des hôpitaux et maternités de proximité.

Mais au final   c’est  tout le  secteur  public  de la  santé qu’il est nécessaire de traiter d’urgence ….

Rappelons  ainsi  que pour protester contre  le manque de moyens de son service le chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis, Pierre Taboulet  a  adressé en septembre dernier sa lettre de démission à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

« Je quitte la ‘chefferie’ car je me sens devenir impuissant pour diriger le service. Nos moyens sont trop insuffisants/inadaptés en regard de l’activité qui ne cesse de croître et de se compliquer », indique le Dr Taboulet dans un courrier daté du 17 septembre, adressé au directeur de l’hôpital et aux dirigeants de l’AP-HP.

« Nous manquons surtout, comme partout, de lits dans l’hôpital ou à l’extérieur« , précise par ailleurs le médecin, qui indiquait par ailleurs ne pas être en « conflit au sein du pôle urgence ».

Pointant du doigt l’organisation et par dessus tout un nombre d’urgentistes et d’infirmiers « insuffisant », « des gardes de 14-15 heures […] épuisantes et mal payées » et un nombre d’internes qui « décroît ».

Tout devenant de plus en plus business de jour en jour dans ce bas monde, le médecin déplore également un « ratio de productivité inflationniste » alors qu’un manque d’investissements notable est à déplorer sur des dossiers aussi importantes que conditions et moyens de travail et soins des patients .

« En conséquence, les temps d’attente aux urgences s’allongent » et « la prise en charge des malades n’est plus satisfaisante », affirmait au final encore le Dr Taboulet.

Son but final ? tenter de provoque « une prise de conscience » de l’AP-HP.

Début septembre, c’est le personnel hospitalier de l’Hotel Dieu, à Paris qui a manifesté son opposition au projet de fermeture des urgences et aux restructurations menées par ?l’AP-HP.

Les raisons de la colère ? la volonté de la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) de transférer son siège de l’avenue Victoria à l’Hôtel-Dieu, mais avant tout la disparition programmée des services de soins de l’hôpital et des urgences, dont le sort devrait être fixé durant le mois de septembre.

Pour Dina Vernant, présidente de l’association L’Hôpital pour tous, c’est le principe même de l’hôpital public qui est visé à travers le symbole de l’Hôtel-Dieu. «?On nous fait croire qu’il est devenu obsolète alors que de nombreux investissements y ont été faits. La vérité, c’est que la direction ne réfléchit qu’à travers un objectif budgétaire annuel. »

« La direction poursuit la politique de Nicolas Sarkozy. On attend le changement », prévenait  alors  Gérald Kierzek, médecin urgentiste.

 

Elisabeth STUDER

20 octobre 2012.

(25 commentaires)

  1. Les urgentistes ne veulent plus gérer les lits des malades

    Mots clés : urgences, médecins, hopitaux

    Par figaro iconlefigaro.fr – le 15/10/2013

    Les urgentistes sont appelés à partir d’aujourd’hui à ne plus s’occuper de chercher des places aux patients qu’ils ont soignés, ce qui occupe 30% de leur temps. Ils espèrent ainsi accélérer la réorganisation des hôpitaux.

    C’est la grève de la recherche de lits aux urgences. Ces services hospitaliers resteront ouverts mardi, mais à l’appel des syndicats Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et Samu-Urgences de France, les médecins urgentistes ne vont pas gérér le transfert des malades vers d’autres services. Actuellement, si un patient doit être hospitalisé dans une autre unité, c’est aux médecins de démarcher les services à la recherche d’une place. Trouver un «lit aval», c’est à dire un lit d’hospitalisation, occupe 30 % du temps d’un urgentiste.

    Ces difficultés provoquent l’engorgement des urgences, selon les syndicats, qui appellent leurs collègues à ne plus perdre de temps à trouver une place à leur patient mais à se concentrer sur les malades. Si une solution pour hospitaliser le patient n’est pas trouvée immédiatement, «les urgentistes cesseront d’appeler au téléphone tous les services, l’un après l’autre (…) la fonction de recherche sera assurée par le directeur [de l’hôpital] ou les personnes qu’il aura désignées», écrit Samu-Urgences de France dans un communiqué.«Au lieu de rester pendu au téléphone comme aujourd’hui, l’urgentiste retournera à ses autres malades», a expliqué Marc Giroud, président du syndicat.

    Une nouvelle organisation demandée

    Les syndicats réclament la création d’une cellule qui gère les flux d’hospitalisation «24 heures sur 24 et sept jours sur sept», a indiqué Patrick Pelloux. Fin septembre, un rapport sur la gestion des lits d’hospitalisation avait été remis à la ministre de la Santé Marisol Touraine. Elle avait alors indiqué que 162 établissements étaient concernés par un projet de déploiement sur trois ans de services chargés exclusivement de gérer les lits.

    Marc Giroud se dit satisfait de l’écoute du gouvernement, mais maintient la pression afin d’accélérer des changements concrets au sein des hôpitaux. «Nous ne sommes pas dans un bras de fer, mais dans une incitation forte» à adopter de nouvelles pratiques, dit-il. «On essaie de forcer un peu la porte», ajoute de son côté Patrick Pelloux.

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