Victoire de Hollande : la Turquie s’attend à de nouvelles relations avec la France

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Alors que la question d’une éventuelle entrée de la Turquie  dans l’Union européenne fait partie des épineux sujets que devra traiter le nouveau Président François Hollande, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé s’attendre à des changements dans les relations turco-françaises à la suite de la victoire du candidat socialiste.

 Le dossier concernant la reconnaissance par Ankara du génocide arménien n’étant toutefois pas des plus simples à traiter.

« Nous espérons que la nouvelle période en France sera très différente de la précédente dans les rapports turco-français », a ainsi déclaré Erdogan dimanche soir aux journalistes.

Souhaitant toutefois que « les messages populistes exprimés lors de la campagne présidentielle française ne se reflètent pas dans la pratique, en politique ». Ajoutant que dans un tel cas de figure, « cela aura(it) un impact défavorable sur les relations Turquie-France. »

Rappelons que le président sortant, Nicolas Sarkozy est très impopulaire en Turquie au sein même du gouvernement et de l’opinion publique, ces derniers lui reprochant son opposition à une adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Erdogan a par ailleurs fait remarquer qu’Ankara  avait toujours eu de meilleurs rapports avec les socialistes français qu’avec les conservateurs.

« Nous avons toujours eu une meilleure communication avec les partis sociaux-démocrates (en France) et ils nous ont toujours soutenu sur cette question de l’adhésion turque à l’UE », a ainsi déclaré M. Erdogan lundi lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue slovène Janez Jansa.

« J’espère que l’attitude de la France sera bien plus positive, bien plus constructive, c’est notre attente 

», a-t-il ajouté.

S’agissant de l’épineux dossier du génocide arménien, la Turquie a d’ores et déjà tenu à réaffirmer qu’elle n’accepterait pas que la France tente de lier son adhésion à l’UE à une reconnaissance par Ankara.

« Si une telle politique doit être poursuivie, nous devrons réévaluer notre perspective 

», a-t-il ajouté.

« Quels que soient les résultats, je crois que la politique de la France changera une fois la campagne électorale terminée » avait déclaré fin avril Egemen Bagis, le ministre turc des affaires européennes. Estimant par ailleurs que « la rhétorique dure » employée jusque là par Paris au sujet du processus européen de la Turquie était « contraire aux intérêts nationaux de la France ».

« L’intérêt de la France est que cela se passe bien avec la Turquie. Le peuple français et le monde du travail le savent. Les hommes politiques  le verront aussi » avait ajouté le ministre.

« L’Europe a réalisé 92% des investissements directs étrangers en Turquie en 2011. Elle est consciente du potentiel économique de la Turquie   » avait par ailleurs tenu à rappeler Egemen Bagis, alors que son pays a connu une croissance  de 8,5% en 2011.

Début avril, le candidat socialiste à l’Elysée avait affirmé qu’il n’y aurait « pas d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne » lors de son quinquennat, s’il est élu.

« Aujourd’hui, il y a un processus de négociation qui est en cours depuis d’ailleurs des années » mais « aucune condition majeure n’est réunie, et donc, dans le prochain quinquennat, il n’y aura pas d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne », avait ainsi déclaré François Hollande lors de l’émission « Des paroles et des actes » sur France 2.

« Le principe c’est Jacques Chirac qui l’a accepté, il avait un ministre qui s’appelait Nicolas Sarkozy », avait également rappelé à cette occasion le candidat PS.

Auparavant, lors d’une visite à Bucarest, le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, avait lancé un avertissement aux adversaires de l’adhésion de son pays à l’UE, affirmant que « les hommes politiques en Europe qui pensent qu’ils vont décourager la Turquie en créant ces difficultés se trompent complètement ».

Le processus de négociations entre Ankara et l’UE piétine, avec seulement 13 des 35 chapitres ouverts actuellement dans le cadre des négociations. De nombreux chapitres s’avèrent bloqués du fait du refus d’Ankara d’appliquer l’union douanière à la partie grecque de l’île de Chypre, membre de l’UE depuis 2004, mais non reconnue par la Turquie.

En décembre dernier, François Hollande s’était prononcé pour l’adoption d’une proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien de 1915. Le vote de cette loi, finalement censurée par le Conseil constitutionnel, a provoqué une vive tension diplomatique entre Paris et Ankara.

Sources : AFP, Reuters

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