Le taux des obligations françaises à son plus bas historique

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Décidément les marchés semblent se satisfaire de l’élection de François Hollande  : le taux à 10 ans de l’obligation française de référence a en effet chuté jusqu’à son plus bas historique vendredi.

… A moins qu’une telle situation ne signifie également l’ampleur des inquiétudes provoquées par des pays tels que la Grèce, l’Italie, le Portugal mais également l’Espagne, cette dernière étant en bien mauvaise posture face à la débâcle de Bankia.

A 10H45 sur la place de Paris, le rendement à 10 ans chutait à 2,471% contre 2,531% jeudi soir.

Quelques minutes auparavant, il était tombé à 2,414%, dépassant son précédent record en clôture (2,467%), lequel remontait au 31 août 2010.

Les rendements des échéances à 2 et 5 ans ont eux aussi atteint leur plus bas historique à respectivement 0,399% et 1,259%.

Ceci étant, l’écart de rendement entre l’obligation allemande et française de référence s’est amoindri, s’établissant désormais à 104 points de base (1,04 point) contre 146 points de base observés vers la mi-mai.

L’écart de confiance des investisseurs entre la France et l’Allemagne diminue ainsi peu à peu chaque jour.

La volonté de François Hollande de privilégier la croissance semble ainsi clairement plaire aux marchés.

Autre fait notable jouant en faveur de l’Hexagone : mercredi, l’agence Moody’s a annoncé maintenir e la note triple A de la France.

Grâce à la baisse des taux, le Trésor français se refinance en moyenne autour de 1,60% sur les échéances à 6-7 ans, les plus fréquemment utilisées.

Sources : AFP, AWP

(5 commentaires)

  1. La France menacée par un mur de dette en 2015

    Héritage de l’année 2010, l’Etat français va devoir refinancer plus de 140 milliards d’euros dans deux ans. Une perspective qui inquiète Bercy.

    Paris ne va pas pouvoir lever le pied de sitôt sur les marchés. Alors que la note de la France vient d’être dégradée , le budget de 2014 prévoit encore un montant d’émission de dette de moyen et long terme de 174 milliards d’euros (net des rachats), ce qui place l’Etat français en deuxième position dans la zone euro, derrière l’Italie. Car si le déficit budgétaire se réduit, les montants à «?refinancer?», c’est à dire les sommes à emprunter pour rembourser la «?vieille?» dette, restent très impressionnantes. Plus de 100 milliards l’an prochain et…plus de 140 milliards en 2015 ! Ce mur de la dette à l’horizon de deux ans donne des sueurs froides, à Bercy.

    La France va emprunter des sommes toujours élevées

    «?Le niveau d’emprunt sur les marchés va forcément demeurer à un niveau élevé ces prochaines années?», confirme Cyril Regnat, chez Natixis. L’Etat solde l’héritage, ou plutôt le fardeau, des années de crise. En 2010, l’Hexagone avait ainsi emprunté un montant record de 188 milliards d’euros sur les marchés…c’est cette montagne qui va peser sur les finances de 2015.

    Pour faire face, l’Etat a deux leviers : la réduction du déficit et les rachats de dette. L’Agence France Trésor (AFT), qui opère sur les marchés financiers pour le compte de l’Etat, a pris l’habitude de racheter environ 20 milliards d’euros de titres en circulation chaque année. L’idée ? Réduire le «?papier?» qui arrive à échéance dans les deux années qui viennent pour limiter les sommes à refinancer. A la fin du mois de septembre, l’AFT avait déjà acquis 19,4 milliards d’euros d’obligations françaises sur les marchés, dont deux tiers environ de titres expirant en 2014 et un peu plus d’un tiers de titres arrivant à maturité en 2015, selon Natixis. Il va désormais falloir redoubler d’efforts.

    L’année prochaine va exiger une grande habileté de la part de l’AFT. Car, en plus de devoir réduire le mur de 2015, elle devra affronter des conditions de marché sans doute un peu plus difficile. «?La France est maintenant plus vulnérable si la Réserve fédérale américaine décide de freiner sa politique ultra-accommodante?», prévient l’économiste Norbert Gaillard. De fait, cette année, cette perspective avait provoqué une remontée des taux français d’environ 90 points de base, avant que la Fed ne renonce à changer de cap.

    La dette française détenue à 61,9 % par des investisseurs étrangers

    L’AFT ne ménage pas ses efforts pour convaincre les investisseurs d’acheter la dette française. Un certain nombre d’entre eux reconnaissent qu’Ambroise Fayolle, le patron de l’agence, prend le temps de les rencontrer et de les écouter. La campagne de l’AFT ne se limite pas à la France, loin s’en faut. Les équipes de l’AFT se rendent aussi fréquemment en Asie. Elles viennent d’ailleurs d’achever une tournée là-bas. «?Les Japonais ont été de très gros acheteurs de titres français ces dernières années?», rappelle un analyste d’ING «?Mais ces investisseurs se retireront dès qu’ils percevront un risque de voir la note de la France dégradée sous AA. Paris ne doit donc pas décevoir les agences de notation.?» Certains s’inquiètent d’ailleurs de la réaction prochaine de Moody’s, qui a placé la note française (Aa1) sous «?perspective négative?».
    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0203115992121-la-france-menacee-par-un-mur-de-dette-en-2015-627517.php

  2. « La dette française détenue à 61,9 % par des investisseurs étrangers »
    Ce qui n’est pas le problème de l’Italie, Che fare? Mama mia !
    Personnellement je pense que c’est mieux d’avoir une dette détenue domestiquement comme en Italie, sauf si …
    Alors ça c’est pas possible faire le coup des « emprunts Russe avec la dette française !!

  3. L’un des rares économistes à avoir prévu la crise de 2008, François Morin, débat avec François Ruffin, auteur de « Vive la banqueroute ! », des alternatives politiques possibles. Tandis que le premier pense que l’issue ne pourra se trouver qu’au niveau international, l’autre croit à des solutions nationales.

    La ruée vers l’or, de Charlie Chaplin (1925) – Un repas réduit à une vieille semelle pour Charlot
    La ruée vers l’or, de Charlie Chaplin (1925) – Un repas réduit à une vieille semelle pour Charlot

    Marianne : Vos points de vue partent de la même constatation. Nous venons de vivre une crise exceptionnelle, comparable à celle de 1929, et vous vous attendez à une accélération de celle-ci. Maintenez-vous que, dans quelques mois, au plus quelques années, les Etats seront incapables de faire face au paiement de la dette ?

    François Morin : Exactement, la dette est devenue insoutenable dans tous les grands pays développés. On est en situation de précrise, et je pense que nous pouvons tous les deux être d’accord sur ce constat initial. Mais la crise qui va survenir sera encore plus violente que la précédente. L’effet domino risque de jouer plus rapidement à cause des CDS [credit default swaps], la contagion va être en effet presque instantanée. Ces CDS sont des assurances titrisées qui garantissent les dettes des banques ou des Etats. Dès qu’un pays va avoir un incident de paiement, leurs titulaires vont demander aux banques qui les ont émises de les honorer.

    Evidement, ces assureurs-banquiers ne vont pas pouvoir faire face et les faillites vont alors se succéder. Lorsque Lehman Brothers a fait faillite, les détenteurs de CDS qui garantissaient la dette de la banque les ont fait jouer. Ces sommes étaient importantes. Ils se sont entre autres tournés vers AIG [American International Group, un des leaders mondiaux de l’assurance] et ont exigé 175 milliards de dollars à l’assureur, le contraignant quasiment à la faillite. Ce dernier n’a dû son salut qu’à l’intervention de l’Etat américain. Aujourd’hui, les Etats sont exsangues : en cas de crise, ils ne pourront plus agir de même.

    Cela nous laisse assez peu d’espoir !

    François Morin : Il faut à tout prix supprimer ce genre de produits financiers, et cela ne peut se faire qu’à travers une réforme profonde du système monétaire international. Il faut revenir à un système de type Bretton Woods, de parités fixes, où les Etats maîtrisent les taux de change et les taux d’intérêt. C’est la fin de ce système, en 1971, et la libération qui a suivi, synonyme d’abandon de souveraineté des Etats sur ces taux, qui a entraîné l’explosion des produits dérivés dont les CDS sont une des composantes les plus toxiques. Ces titres alimentent l’activité spéculative des banques au détriment de l’activité de crédit.

    Il faudrait un sursaut, que des responsables politiques, idéalement appuyés par un mouvement social, se dressent contre cette situation pour exiger une régulation qui ne peut être que mondiale. Où sont les Churchill, Roosevelt ou de Gaulle aujourd’hui ? Le vrai problème est que les Etats-Unis refusent d’aborder la question monétaire, on l’a bien vu dans les dernières réunions du G20.

    Donc il n’y a pas d’alternative, pour reprendre un mot tristement célèbre ?

    François Ruffin : Je ne suis pas un économiste, donc je ne suis pas prophète. [Rires.] Avant de deviser sur l’avenir, je regarderai donc l’histoire récente, non comme technicien mais comme citoyen. Que s’est-il passé ? En 2008, nous avons connu une crise financière majeure. Les banquiers, les libéraux venaient eux-mêmes battre leur coulpe sur la place publique : « Ce système est fou… C’est notre faute… On ne recommencera pas… »

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