Tunisie : une manifestation de chômeurs violemment réprimée par la police

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Comme quoi on ne peut décidément pas comparer  la Tunisie au  Maroc, le climat politique ambiant des deux pays étant loin d’être semblable. 

Alors que j’ai moi-même assisté durant la semaine écoulée à des manifestations d’étudiants diplômés chômeurs à Rabat (capitale politique marocaine), sans que l’on ne puisse faire état  de tensions entre police et manifestants, tel n’est pas le cas en Tunisie.

En effet, selon des journalistes de l’AFP, plusieurs personnes ont été blessées samedi lors d’une manifestation de diplômés chômeurs dispersée par la police dans le centre de Tunis, la capitale tunisienne.

Plusieurs milliers de manifestants rassemblés pour réclamer des emplois se sont ainsi vus brutalement interdire l’accès à l’avenue centrale Habib Bourguiba, désormais interdite aux manifestations.

La police a en effet tiré des gaz lacrymogènes et donné des coups de matraques en vue de stopper leur avancée.

Des ambulances ont évacué les blessés, alors que les protestataires se repliaient devant les locaux de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, centrale syndicale historique).

Selon Belgacem Ben Abdallah, dirigeant de l’Union des diplômés chômeurs qui a appelé au rassemblement, une vingtaine de manifestants ont été blessés lorsque la police « déchaînée » a chargé.

« Nous sommes venus manifester pacifiquement pour l’emploi, la liberté et la dignité car rien n’a changé depuis la révolution. La police s’est comportée sauvagement comme au temps de Ben Ali », le président renversé en janvier 2011, a-t-il par ailleurs déclaré.

Le ministère de l’Intérieur a fait état de son côté de six agents de police blessés par des jets de pierre , accusant parallèlement les manifestants d’agir contrairement à la loi. Justifiant en effet le refus de l’autorisation de cette marche en application de la décision du 28 mars dernier interdisant les marches à l’avenue Habib-Bourguiba pour des «considérations relatives à la protection des biens publics et privés notamment les commerces et les établissements touristiques et la fluidité de la circulation».

Précisons que depuis le 28 mars dernier, l’avenue centrale de Tunis a été interdite aux rassemblements après des incidents lors d’une manifestation de salafistes réclamant la charia, la loi islamique.

« Ils ont été avertis mais ont délibérément ignoré l’interdiction pour envahir les lieux par la force, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour les en empêcher, ce qui a provoqué des heurts », a par ailleurs tenter d’argumenter le porte-parole du ministère Khaled Tarrouche.

«Les manifestants ont été enjoints de faire marche arrière. Mais devant leur insistance accompagnée de violence, la police est intervenue pour les disperser», tente également d’expliquer le ministère.

« Nous ne laisserons pas installer le chaos et ne permettrons pas que la loi soit piétinée », a ajouté M. Tarrouche.

Les manifestants revendiquent des emplois ou à défaut des allocations de chômage équivalant au salaire minimum tunisien (environ 150 euros). Le taux de chômage est officiellement de 19% en Tunisie, dont près d’un quart de diplômés.

Ben Abdallah a par ailleurs accusé le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda de ne pas tenir ses promesses et de reprendre à son compte la politique de Ben Ali en matière d’emploi.

« Un an et demi après la révolution nous voilà toujours chômeurs, au même point et sans perspectives », a lancé un autre dirigeant de l’Union des diplômés chômeurs.

La Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a quant à elle dénoncé la brutalité des forces de l’ordre et insisté sur le droit des citoyens à manifester pacifiquement.

Dans un communiqué, la Ltdh indique que «des agents de l’ordre en civil et aussi en uniformes ont agressé violemment les organisateurs de ce mouvement alors qu’ils tentaient de manifester sur l’avenue Habib Bourguiba causant de nombreuses blessures parmi les manifestants en plus de l’arrestation de plusieurs citoyens».

La Ltdh souligne par ailleurs l’impératif de respecter le droit des citoyens à manifester pacifiquement, conformément à ce qui est garanti dans les lois et les chartes internationales ratifiées par la Tunisie, précisant que ce droit «ne peut être limité suite à une décision ministérielle».

La Ltdh affirme par ailleurs son soutien aux revendications légitimes des chômeurs, précisant que «les autorités auraient dû traiter la question du chômage et lui trouver des solutions urgentes au lieu de réprimer ses victimes».

Le bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a quant à elle dénoncé les agressions contre les chômeurs qui manifestaient pour revendiquer leur droit à l’emploi, recommandant l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités.

Dans un communiqué rendu public, samedi, l’Ugtt a appelé le ministère de l’Intérieur à «mettre fin à l’usage de la force contre les manifestants», précisant que «le droit de manifester et de protester constitue un acquis et que la poursuite de l’interdiction ne peut qu’engendrer des tensions et des atteintes aux libertés».


(6 commentaires)

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