Les 27 pays membres de l’Union européenne vont-ils « y passer » ?
L’agence de notation financière Moody’s vient d’abaisser la note de la Slovénie.
Jeudi, Moody’s a en effet abaissé d’un cran, à « A1 », la note attribuée à la dette à long terme de la Slovénie, n’écartant pas de l’abaisser à nouveau à plus ou moins long terme.
Raisons invoquées par l’agence pour justifier sa position : « les risques accrus que constituent la détérioration durable des conditions de financement pour le gouvernement », ces dernières étant la résultante de la crise de la dette publique dans la zone euro.
Autres arguments : les risques liés à la croissance du pays et la situation des banques slovènes.
D’après Moody’s, ces établissements dont les actifs représentent 136% du produit intérieur brut, souffrent d’une conjoncture difficile sur les marchés financiers de la zone euro.
« Moody’s pense qu’un soutien public supplémentaire et potentiellement important sera nécessaire puisque la détérioration de la qualité des actifs, du rendement et du financement des banques devrait selon nos prévisions se poursuivre » indique un communiqué.
Par ailleurs, l’agence pointe du doigt « l’accroissement considérable des risques à moyen terme pour la croissance, au-delà de tout ajustement cyclique normal, pour l’économie slovène, petite et très ouverte », le mot « récession » est même lâché.
Enfin, « la conjoncture très fluctuante sur les marchés obligataires de la zone euro représente des risques supplémentaires même pour un petit émetteur comme la Slovénie dans l’hypothèse où les besoins de financement dépasseraient les estimations initiales à cause de dérapages budgétaires » poursuit Moody’s.
Rappelons que début novembre, le taux d’intérêt exigé par les investisseurs pour acquérir des obligations d’Etat à 10 ans arrivant à maturité en 2020 avait franchi la barre des 7%, soit bien au delà de la limite considérée comme zone à risques.
Il avait ainsi atteint un nouveau record historique depuis l’adoption de l’euro par la Slovénie, en 2007.
Rappelons que la Grèce, le Portugal et l’Irlande ont été obligés de demander l’aide quand les taux des obligations d’Etat de ces pays ont atteint le niveau de 6%.
Réagissant à une telle flambée, le ministre des Finances, Franc Krizanic, avait alors affirmé que la Slovénie avait assez de ressources pour rembourser ces emprunts jusqu’en 2014. Mais au delà ?
Raisons par ailleurs invoquées par le gouvernement slovène pour expliquer une telle envolée : le rejet en juin dernier de la réforme des retraites, suite à l’échec du référendum associé.
Malgré les exhortations du gouvernement social-démocrate et du gouverneur de la Banque centrale, les Slovènes ont rejeté le 5 juin dernier, à plus de 70% le projet de réforme relevant de 63 à 65 ans l’âge légal de la retraite.
Le projet de réforme des retraites, exigé par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), avait été adopté en décembre 2010 par le Parlement avant de provoquer la colère des syndicats et de l’opposition, lesquels avaient obtenu l’organisation de ce référendum.
« Jusqu’à dimanche, nous sommes encore maîtres de notre destin. Mais, si nous ne soutenons pas cette réforme, les finances publiques peuvent s’effondrer et alors les maîtres de notre destinée seront les Etats qui nous prêterons de l’argent », avait insisté préalablement au scrutin le premier ministre social-démocrate, Borut Pahor.
« Nous appelons les électeurs à réfléchir très sérieusement aux perspectives sur le long terme », avait déclaré de son côté le gouverneur de la Banque centrale slovène Marko Kranjec, mettant par ailleurs en garde contre le risque d’une dégradation de la notation de la Slovénie et des conséquences d’une telle situation sur la croissance du pays.
Zadravec Capriolo, un des gouverneurs de la Banque centrale slovène, rejette quant à lui en partie l’origine du problème sur l’Italie, le pays voisin. Reconnaissant toutefois l’incapacité de la Slovénie à effectuer la moindre réforme structurelle.
Le 10 novembre, le président de la Banque centrale slovène, également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), avait quant à lui exprimé son inquiétude face à la montée des taux.
Rappelons enfin que la Slovénie a été fortement impactée par la crise économique et financière mondiale survenue en 2008. Tandis que le chômage doublait quasiment en trois ans, sa dette publique est passée de 22,5% à 50% du Produit intérieur brut (PIB) entre 2008 et 2011.
Sources : AFP, Reuters
La Slovénie, handicapée par ses banques, entend s’en sortir « toute seule »
C’était son premier grand discours en tant que chef du gouvernement slovène. Devant le Parlement de son pays, mercredi 27 mars, Alenka Bratusek a donc voulu mettre les points sur les « i » : « La Slovénie est capable de s’en sortir toute seule ! »
En clair, ce petit pays de l’ex-Yougoslavie espère ne pas passer à son tour sous les fourches caudines de l’Europe et du Fonds monétaire international (FMI). Car la rumeur se fait de plus en plus insistante : après Chypre, la Slovénie serait le prochain Etat sur la liste des membres de la zone euro nécessitant un sauvetage financier.
A raison ? Les maux de ce pays de 2 millions d’habitants, lové entre l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie, sont connus. Et d’abord, son secteur bancaire gorgé d’actifs toxiques. Le montant des créances douteuses détenues par les établissements slovènes atteint 7 milliards d’euros, soit 20 % du produit intérieur brut (PIB).
Désignée premier ministre fin février, pour remplacer le conservateur Janez Jansa, emporté par un scandale de corruption, Mme Bratusek n’élude d’ailleurs pas la complexité du chantier qui l’attend. « Le redressement de notre système bancaire est notre priorité. Le ministre des finances y travaille jour et nuit », a-t-elle assuré.
Qu’elle semble loin l’époque où la Slovénie passait pour l’élève modèle des ex-pays communistes ! Première d’entre eux à adopter la monnaie unique, en 2007, elle a connu une croissance plus dynamique que la moyenne de la zone euro pendant la plus grande partie des années 2000.
Mais ce temps est révolu. Avec une économie basée sur les exportations, la Slovénie est tombée en récession en 2012 (recul de 2,2 % du PIB) et devrait s’y maintenir en 2013. Le gouvernement manque de marges de manœuvre pour renflouer son secteur bancaire.
DÉCONFITURE
Celui-ci, dominé par trois établissements, détenus directement ou indirectement par l’Etat, doit pourtant être recapitalisé d’urgence : ses besoins ont été évalués par le FMI à 1 milliard d’euros en 2013. Et l’addition pourrait vite devenir beaucoup plus salée si la situation économique continuait de se détériorer.
Cette déconfiture est le résultat des années de crédit facile, quand les banques distribuaient des prêts à tour de bras. Un phénomène renforcé par « le syndrome de la petite vallée alpine », raille un analyste : la Slovénie a fait, moins que ses voisins, le pari de l’investissement étranger.
Cette tradition de « l’entre-soi », avec une économie dominée par l’Etat, a laissé un système peu transparent se développer. Les entreprises ont abusé des crédits bancaires pour des investissements qui apparaissent démesurés. « Le climat économique maussade a fait exploser le taux des prêts douteux », conclut Alexandre Vincent, économiste chez BNP Paribas.
Tout comme le gouvernement slovène, les spécialistes du pays récusent le parallèle chypriote. La Slovénie n’est pas une place « off shore », encore moins une lessiveuse d’argent sale. Et son secteur bancaire n’est pas aussi disproportionné : il représente quelque 150 % du PIB, contre 800 % à Chypre.
« Mais, pour l’instant, les responsables politiques n’ont quasiment rien fait pour régler les problèmes », se désole Igor Masten, économiste à l’université de Ljubljana.
Les affaires de corruption qui ont fait tomber le dernier gouvernement ont mis un coup d’arrêt aux projets de consolidation de la sphère financière. Entre autres, la mise en place, en 2012, d’une structure de défaisance pour cantonner les actifs toxiques.
Mme Bratusek a promis, mercredi, de s’y atteler, tout comme à la consolidation des finances publiques. Mais « la nervosité des marchés financiers et l’épisode chypriote lui laissent peu de temps « , met en garde M. Masten.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/28/la-slovenie-handicapee-par-ses-banques-entend-s-en-sortir-toute-seule_3149283_3234.html
Le pays, en proie à un scandale politique, n’a plus fait appel au marché obligataire depuis octobre 2012.
Les besoins du pays s’élèvent à 3 milliards pour 2013. Le gouvernement prévoit de mettre sur pied dès septembre 2013 une banque chargée de liquider plus de 7 milliards d’euros d’actifs risqués, actuellement portés par les trois principales banques slovènes. Celles-ci devraient nécessiter une recapitalisation d’un milliard d’euros cette année, somme que le pays compte toujours refinancer sur le marché.
Slovénie : la première banque du pays s’enfonce dans la crise
La NLB, qui croule sous les mauvaises créances, est contrainte d’appeler de nouveau ses actionnaires à l’aide. Après Chypre, certains craignent que la Slovénie soit la prochaine bénéficiaire d’un soutien financier de la zone euro.
Confrontée à une grave crise bancaire, la Slovénie voit sa plus grande banque publique, NLB, s’enfoncer dans les difficultés. Elle a en effet annoncé qu’elle allait de nouveau appeler ses actionnaires à l’aide, via une augmentation de capital de 367 millions d’euros pour renflouer ses caisses. «?Cette augmentation de capital, en plus d’autres mesures déjà lancées par la banque, doit permettre à la NLB de remplir les critères exigés par la banque centrale en matière de capital (…)?», a indiqué la banque dans un communiqué diffusé sur son site internet. L’an passé, elle avait déjà demandé et obtenu une injection de 380 millions d’euros.
NLB (Nova Ljubljanska Banka), détenue désormais à 86% par l’Etat après le retrait en décembre dernier du bancassureur belge KBC, a vu ses pertes nettes se creuser à 273,5 millions d’euros en 2012, essentiellement en raison de ses mauvaises créances. En 2011, son déficit avait atteint 239 millions. La banque s’attend à rester dans le rouge cette année, alors que le petits pays de la zone euro devrait enchaîner sa deuxième année de récession consécutive.
Une montagne de mauvaises créances
L’ancien gouvernement conservateur de Janez Jansa avait indiqué fin 2012 vouloir prendre en main la banque afin de l’assainir et trouver un acquéreur ou partenaire stratégique. Mais ce projet ne s’est pas concrétisé. La banque a vu récemment sa notation à long terme, déjà dans la catégorie des valeurs spéculatives, de nouveau abaissé par l’agence Fitch, de BBB- à BB-.
Le secteur bancaire slovène , essentiellement public, est confronté à une montagne de mauvaises créances qui met en péril la capacité du pays à lever des capitaux à des taux raisonnables sur les marchés, et par ricochet fragilise les finances publiques. Selon Bruxelles, 23,7 % des prêts accordés aux entreprises sont maintenant litigieux et les banques n’ont pas suffisamment de fonds propres pour y faire face. Le FMI estime à 1 milliard d’euros le seul besoin de recapitalisation des trois principaux établissements.
La Slovénie pourrait avoir besoin de 4 milliards
Le récent sauvetage de Chypre a alimenté les spéculations selon lesquelles la Slovénie pourrait être le prochain pays à avoir besoin d’une aide internationale . Le déficit public devrait nettement se dégrader pour atteindre 5,1 % du PIB cette année, contre 3,7 % en 2012. Au total, la Slovénie pourrait avoir besoin de 4 milliards d’euros. Récemment, l’OCDE publiait une étude sur le pays dans laquelle elle jugeait indispensable que la Slovénie mette en place des «?réformes de grande envergure?» afin d’éviter «?les risques de récession prolongée et de restrictions d’accès aux marchés de capitaux.
Le nouveau gouvernement de centre-gauche d’Alenka Bratusek, mis en place en mars après l’ adoption d’une motion de défiance contre Janez Jansa , va présenter d’ici le 9 mai à Bruxelles un programme de réformes centré sur la restructuration des banques.
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202733437962-slovenie-la-premiere-banque-du-pays-s-enfonce-dans-la-crise-562513.php
La Slovénie peut se passer d’un plan d’aide, selon Berlin
VILNIUS – La Slovénie peut se passer d’un programme d’assistance financière, a estimé vendredi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, alors que les spéculations vont bon train sur les besoins d’aide financière de ce pays, affaibli par son secteur bancaire.
La Slovénie a elle-même dit qu’elle n’a pas besoin d’aide, elle peut faire sans, a déclaré M. Schäuble, à son arrivée à une réunion informelle avec ses homologues de la zone euro qui se tient à Vilnius, en Lituanie.
Si le pays respecte ses engagements, il pourra faire sans. Tant qu’il agit ainsi, nous le soutiendrons, a poursuivi le ministre.
Son homologue slovène Uros Cüfer a été dans son sens, en affirmant que son pays avait de l’argent sur (ses) comptes. Nous sommes en mesure de nous en sortir par nous-mêmes, a-t-il affirmé à son arrivée à la réunion de l’Eurogroupe.
Nous allons travailler sur ce problèmes avec les autorités slovènes dans les mois qui viennent, a renchéri le chef de file de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. C’est la priorité numéro un, a-t-il assuré, alors que la Slovénie a dû venir en aide à deux petites banques privées, Factor Banka et Probanka, en leur fournissant des garanties publiques temporaires. Un geste qui a fait monter les spéculations, notamment dans la presse allemande, sur un éventuel besoin d’aide financière pour le pays.
La Commission européenne a donné son feu vert il y a tout juste une semaine à ces aides d’Etat temporaires, les jugeant nécessaires pour préserver la stabilité financière en Slovénie. Elle prendra une décision définitive au sujet de ces mesures lors de l’exercice d’évaluation des plans de restructuration ou de liquidation des deux banques qui doivent être présentées dans les deux mois.
Il y a des défis importants mais la situation reste gérable à condition que les autorités slovènes agissent rapidement. Nous sommes en contact étroit avec elles et ferons part des progrès (du pays) à l’automne, avait affirmé jeudi Simon O’Connor, un porte-parole de la Commission européenne.
La Slovénie a souvent été citée au printemps comme potentiel candidat à une aide financière internationale après Chypre, en raison de son système bancaire qui croule sous une montagne de mauvaises créances, 7 milliards d’euros selon le Fonds monétaire international (FMI).
Le pays a donc demandé des tests de résistance pour dix banques, dont les trois principales, détenues par l’État. Ces exercices sont supervisés par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et l’Autorité bancaire européenne (EBA).
(©AFP / 13 septembre 2013 11h56)